Le harcèlement des juntes militaires du Sahel par les djihadistes d’Iyad Ag Ghali

Rebelle touareg du nord Mali devenu le chef du GSIM, le principal mouvement djihadiste au Mali, Iyad Ag Ghali est devenu une figure centrale de l’avenir de la région susceptible de créer un Califat au coeur du Sahel dans les mois qui viennent. Ce leader incontesté dont l’habileté tactique n’a d’égal que son opportunisme est passé par l’armée de Kadhafi avant de se rapprocher d’une partie des services de renseignements algériens (DRS). Celui que l’on surnomme « le lion du désert » a construit une organisation populaire en privilégiant le contact avec les populations locales sur toute stratégie terroriste à l’étranger. À la façon des Talibans en Afghanistan et sur un mode opposé à la brutalité des organisations sahéliennes fidèles à Daech.

Une chronique de « Veille sahélienne »

https://t.me/veillesah/428

Le Mali menacé par un blocus général

22 octobre 2025

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) vise, en soirée, un convoi des Forces armées maliennes (Fama) et de leurs supplétifs russes d’Africa corps, à l’aide d’un engin explosif improvisé (eei) en travers du tronçon de la Rn6, entre Kona Fatoma (région de Mopti). Pas d’image ni de bilan humain.

21 octobre 2025

Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a reçu en audience ce mardi 21 octobre 2025 une délégation du Groupement malien des professionnels du pétrole (GMPP). Au cœur des échanges, les préoccupations des acteurs et des propositions concrètes. Parmi celles-ci figurent le renforcement de la sécurité des véhicules et des chauffeurs, la prise en charge des dommages causés et la continuité des activités. Le Président du Groupement, Ibrahim Touré, a également invité ses confrères à la résilience et à rester derrière les autorités.

Les Fama mènent une action « offensive » au village de Diakoro Wer, à l’ouest de Dogabougou (région de Ségou) aux dépens d’éléments présumés du Gsim, impliqués dans la perception forcée de la zakat. Selon le document des Fama, le raid a permis de neutraliser plusieurs combattants et de saisir une importante quantité de matériel, dont des vecteurs balistiques, des munitions, des vivres et des équipements de militaires et de communication, c’est à dire quelques téléphones portables. Les images de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) témoignent, d’ailleurs, d’un butin modeste, en comparaison de ceux généralement exposés sur les plateformes de propagande jihadiste.

– Le Forum de réflexion stratégique de l’Azawad (Fars) officialise sa création à l’issue de son Assemblée constitutive, à Tinzaouaten, du 15 au 18 octobre, en présence de cadres, d’intellectuels, de jeunes et acteurs de l’intérieur et de la diaspora. Le texte, sous la signature de Inawelane Ag Hamed Ahmed, souligne que la plateforme constitue un cadre indépendant et unitaire de réflexion, visant à renforcer la cohésion interne, encourager la réflexion collective et produire des analyses et propositions concrètes, au service de la cause.

– Le Gsim affiche un acte de guerre spectaculaire, le long d’un convoi des Fama qui protégeait le parcours d’une file de citernes de carburant. L’exploit de témérité se déroulait, en plein jour, au milieu de la route reliant Sikasso à Zégoua (sud). Le tract ne précise le nombre de victimes, parmi les chauffeurs et les soldats. Les images disponibles montrent, d’abord, le survol d’un hélicoptère, durant l’embuscade telle que filmée par les insurgés puis, le lendemain, le décompte des dizaines de véhicules calcinés.

– Lors d’une réunion avec les représentants des entreprises du secteur pétrolier, le Premier ministre (Pm), le général Abdoulaye Maïga, qualifie le « changement de mode opératoire » du Gsim de tentative manifeste de « déstabilisation du pays », une évidence dont l’énoncé tardif peut surprendre. Passant du déni à l’atténuation puis à l’aveu d’un problème, les autorités continuent, cependant, à « rassurer » et prévoient une « amélioration rapide ». A la différence de certains partisans du pouvoir de transition qui doutent du patriotisme des transporteurs et vendeurs de produits pétroliers, le Premier ministre sacrifie davantage à la diplomatie : « Il n’y a pas de divergence entre nous, vos problèmes sont nos problèmes ».

Le chef du gouvernement s’engage également au renforcement des « comités de gestion des crises et des catastrophes », en vertu de mesures « fortes et urgentes » afin de réussir un meilleur approvisionnement, grâce à la poursuite de l’escorte militaire des camions-citernes. Un système coordonné de distribution par zones devrait aussi s’étendre aux autres grandes villes et couvrir, à terme, la totalité des stations-service.

Les forces du Burkina Faso harcelées

22-21 octobre

Le Gsim revendique, avec retard, deux opérations contre les Forces armées burkinabè (Fab) :

– L’explosion d’un eei au passage d’un blindé de fabrication chinoise entre Ouahigouya et Gomboro, au nord du pays, le 19 octobre. L’espace subit des frappes récurrentes, depuis plus d’un an mais, malgré le volume élevé des pertes, les loyalistes continuent à tenir leurs positions.

– Le 21 octobre, un assaut frontal sur un poste des Fab dans la zone de Founzan (centre-ouest). il se solde par le décès de 3 miliciens Volontaires pour la défense de la Patrie (Vdp) et permet la saisie de 2 mitrailleuses Bkc, 17 kalachnikovs, 2 pistolets, 5 motos et d’une quantité de munitions.

– Le Gsim attaque la localité de Pensa, près de Kaya, au centre-nord du Burkina Faso. Le film des combats confirme la mort d’au moins 2 soldats.

20 octobre

L’ancien procureur de Ouagadougou, Jean-Jacques Wédragogo, aurait été arrêté et détenu par l’Agence nationale du renseignement (Anr), le bras répressif du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (Mpsr2), l’organe politique de la junte. Des sources de fiabilité moyenne lient le kidnapping à une décision du magistrat en 2023, quand il ordonnait l’emprisonnement de la guérisseuse Larissa Nikiéma, personnage de la localité de Komsilga, réputé proche du leader de la Révolution progressiste populaire (Rpp), le capitaine Ibrahim Traoré (Ib).

Les Américains menacés au Niger

Pendant la nuit du 21 au 22 octobre, Kévin Rideout, « un pilote missionnaire travaillant pour l’Ong confessionnelle SIM International est enlevé par des inconnus. L’otage se consacrait à la « formation de pilotes d’aviation », si l’on s’en tient aux précisions du compte X de Pagoui @ighazer, l’un des plus informés sur le pays. Depuis le 15 mai 2025, l’ambassade des États-Unis émet une nouvelle alerte de sécurité, au sujet d’un risque accru d’atteinte à la liberté de déplacement des ressortissants américains sur l’intégralité du territoire, y compris la capitale.

Observations

L’ensemble des incidents précités à la faveur de la présente synthèse appelle trois constats :

  1. La perte, par l’Etat, des périmètres de la ruralité poursuit son cours inexorable au Mali où les entités jihadistes misent, à présent, sur la multiplication des cas de reddition individuelles ou de groupe, avec la promesse de l’Aman, immunité inviolable en droit musulman. Beaucoup de militaires cessent de combattre et préfèrent déposer les armes, notamment autour de Toumbouctou et de Ségou.
  2. Au Burkina Faso, des centaines de militaires auraient rallié les katibas, dès le début de l’année et combattraient à leurs côtés. Il s’agirait d’opposants au gouvernement central, excédés par la répétition des purges au sein du commandement. L’hypothèse, jusqu’ici non étayée, expliquerait le succès et le degré de coordination des assauts jihadistes.
  3. Au Niger, le phénomène de démobilisation produit plutôt la désertion, sans ralliement à l’insurrection islamiste. A l’intérieur des rangs de la Garde nationale, beaucoup se qualifient de « chair à canon », face à un ennemi résolu au sacrifice. Pire, le bombardement aérien du 22 septembre provoquait le trépas de 40 civils, à Filingué, région de Tillabéri, à cause d’une erreur de ciblage. L’incident avait porté un coup décisif à la confiance, de la population, dans la gestion sécuritaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) que préside le Général Abdourahmane Tiani.

 

Références

Mali :

Carte: https://t.me/veillesah/433

1 Communiqué Gsim, région Mopti : https://t.me/veillesah/434

1 Communiqué Fama région de Ségou : https://t.me/veillesah/435

1 Vidéo Fama, région de Ségou : https://t.me/veillesah/436

1 Communiqué Forum azwadien de réflexions stratégiques : https://t.me/veillesah/437

1 Communiqué Gsim, Zégoua-Sikasso : https://t.me/veillesah/438

1 Vidéo Gsim Zégoua-Sikasso : https://t.me/veillesah/439

1 Journal télévisé Ortm1, 21 octobre 2025 : https://t.me/veillesah/440

Burkina Faso

Carte: https://t.me/veillesah/441

1 Communiqué Gsim Ouahigouya : https://t.me/veillesah/442

1 Photo Gsim butin Founza : https://t.me/veillesah/443

1 Photo Gsim attaque Ouahigouya : https://t.me/veillesah/444

1 Article Rfi, arrestation magistrat : https://t.me/veillesah/445

Niger

1 Alerte ambassade américaine Niger 15 mai 2025 : https://ne.usembassy.gov/security-alert-u-s-embassy-niamey-may-15-2025/