L’Espagne envisage d’embaucher les migrants sénégalais dans leur pays

Le Premier ministre espagnol, Hugo Sanchez, a été reçu à Dakar dans l’après-midi du 28 juillet pour parler de l’immigration irrégulière avec les autorités du pays. Et comme en Mauritanie et en Gambie, l’espagnol a proposé de lutter contre ce phénomène en embauchant les immigrés légaux dans leur pays d’origine.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Après la Mauritanie et la Gambie, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez s’est rendu au Sénégal, le 28 juillet, pour renforcer la coopération avec ses hôtes contre la migration clandestine vers l’Europe et expliquer le choix d’une immigration choisie qu’il tente d’implémenter. Pour ce faire, il s’est rendu à l’institut Cervantes de Dakar pour assister à la présentation de projets de collaboration traduisant cette nouvelle stratégie.

Débuté en Mauritanie, le petit périple du premier ministre espagnol s’est achevé au Sénégal après un passage en Gambie où Pedro Sánchez s’est également montré favorable à l’augmentation des canaux de migration légale, mais aussi au renvoi des migrants. Mais pour Sara Prestianni d’Euromed Rights, les côtes européennes sont envahies parce que la commission européenne a signé de nombreux accords avec les pays méditerranéens qui leur permettent d’intercepter les migrants clandestins.

« Pour des raisons politiques, les milices libyennes et le gouvernement tunisien se sont engagés à intercepter et à renvoyer les migrants en violation des droits de l’homme. Si nous considérons la région méditerranéenne dans son ensemble, nous pouvons voir que l’augmentation dans les îles Canaries signifie également une augmentation des interceptions à d’autres points d’entrée en Europe », accuse-t-il.

Pour enrayer la vague des arrivées, le premier ministre espagnol envisage de promouvoir ce qu’il appelle la migration circulaire, c’est-à-dire l’embauche de travailleurs étrangers dans leur pays d’origine, où ils retourneront par la suite.

Le Maroc et le Sénégal ont déjà conclu un accord similaire avec l’Espagne. Ce type d’accord a également été étendu à la Gambie et à la Mauritanie. Mais les ONG s’en méfient. Selon elles, cela va favoriser le travail saisonnier qui rime forcément avec exploitation. « Nous les connaissons bien quand nous pensons à Huelva, mais aussi aux Pouilles ou à la Calabre dans le sud de l’Europe qui sont souvent synonymes d’exploitation », souligne M. Prestianni.

Les îles Canaries constituent une destination prisée des migrants irréguliers. Cette route a en effet vu 154 % de nouvelles arrivées supplémentaires de migrants irréguliers durant les premiers mois de l’année 2024, selon les données de Frontex. Cette route est pourtant réputée très dangereuse. La traversée dure des jours et est soumise aux forts courants de l’Atlantique.

L’autre aspect de la migration circulaire consiste en la répartition des migrants mineurs entre les différentes régions d’Espagne selon le prisme du système de solidarité européen.