L’ex patron de la Sonatrach Ould Kaddour aurait dérobé 54 millions $

Abdelmoumen Ould Kaddour, ancien président-directeur de la société générale algérienne Sonatrach, a-t-il planqué 54,4 millions de dollars via des comptes bancaires et des sociétés en Suisse ? Berne rappelle que la Confédération et l’Algérie ont signé un accord d’entraide judiciaire en matière pénale en juin 1966. Il est donc bien fini le temps où les banques helvétiques ne répondaient pas aux commissions rogatoires.    

Par Ian Hamel, à Genève

Abdelmoumen Ould Kaddour, aujourd’hui âgé de 73 ans, a été le patron de la Sonatrach de mars 2017 à avril 2019, date où il a été démis de ses fonctions. La justice algérienne reproche à ce brillant ingénieur, formé aux États-Unis, quelques broutilles : dilapidation de fonds publics, abus de fonction, conflit d’intérêts, privilège d’un tiers dans un marché public. Pour échapper à la justice, Abdelmoumen Ould Kaddour se réfugie aux Émirats arabes unis. Manque de chance, Abou Dhabi a signé avec Alger une convention d’entraide judiciaire. L’ancien PDG est extradé en août 2021 et condamné à dix ans de prison en appel en décembre 2022.  

Son fils, Nassim Ould Kaddour a, lui, écopé à dix ans de prison par contumace. Résident en France, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Mais comme pour son père avec les Émirats, la Suisse, via le Tribunal pénal fédéral, l’a débouté de tous ses recours le 6 juin 2025.

La justice algérienne lui reproche d’avoir dissimulé les commissions illégales reçues par son père via des comptes en Suisse, aux Émirats arabes unis, et des sociétés fictives au Liban. L’arrêt du 6 juin évoque « l’origine délictueuse de la somme de 54,390 434 millions de dollars.

Le fiston, débouté sur toute la ligne

Pour faire simple, le 9 août 2022, le juge d’instruction du Pôle pénal économique et financier de la Cour d’Alger a sollicité l’entraide des autorités helvétiques. Le motifs : dilapidation de fonds publics, abus de fonction, conflit d’intérêts dans le but d’obtenir un avantage indu à autrui dans le cadre de la passation d’un marché public et blanchiment de capitaux. Bien évidemment, Nassim Ould Kaddour s’oppose à la transmission des documents bancaires aux autorités algériennes. « Il a notamment invoqué le caractère politique de la procédure, affirmant être poursuivi uniquement en raison des fonctions occupées par son père », précise le site suisse Gotham City, toujours très informé, qui a révélé l’arrêt de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral (*). 

Nassim Ould Kaddour est débouté par le Ministère public de la Confédération (MPC) en décembre 2024. Un mois plus tard, il interjette recours auprès de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral. Il se prétend menacé « du fait d’une situation politico-juridique spéciale ». La justice helvétique n’est guère convaincue : le fils de l’ancien PDG de la Sonatrach ne réside-t-il pas actuellement en France ? Il ne peut donc pas prouver qu’il serait exposé « au risque de mauvais traitement ou de violation de ses droits de procédure ». Le Tribunal rappelle que « le recourant a été condamné par défaut, notamment, à une peine privative de liberté de dix ans pour des actes qui, transposés en droit suisse, correspondent à l’infraction de blanchiment d’argent ». Finalement, dans cet arrêt de 16 pages, Nassim Ould Kaddour est débouté sur toute la ligne.

Il faut encore se demander si son avocat, le Genevois Christian Lüscher, peut encore sortir une carte de sa main afin de s’opposer une nouvelle fois à la transmission des documents bancaires à l’Algérie, et gagner encore quelques mois.

(*) « L’Algérie traque les comptes suisses du clan Ould Kaddour », 23 juillet 2025