Les succès diplomatiques des services marocains au Burkina et au Niger

Après plusieurs tentatives de médiation menées par des acteurs régionaux, les services secrets marocains (DGED) dirigés par l’incontournable Yassine Mansouri en fonctions depuis 2005 et fidèle entre les fidèles du Palais, ont réussi à obtenir la libération, mardi dernier, de quatre agents français de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), arrêtés depuis décembre 2023 au Burkina Faso.
 
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita (au centre), entouré de ses homologues (de g. à dr.) : le Burkinabè Karamoko Jean-Marie Traoré, le Malien Abdoulaye Diop, le Nigérien Bakary Yaou Sangaré et l’ambassadeur du Tchad à Rabat, Hassan Adoum Bakhit Haggar, le 23 décembre 2023, à Marrakech. © MAP
 
Profitant du réchauffement des relations entre Paris et Rabat, le président français Emmanuel Macron a demandé il y a quelques semaines à  Mohamed VI d’intercéder auprès du régime burkinabé de transition dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré pour obtenir la libération des quatre agents des services secrets français. Aussitôt sollicité, aussitôt engagé, Mohamed VI a demandé, pour sa part, aux renseignement extérieur marocain (DGED) de se mobiliser pour négocier avec les Burkinabés. En s’appuyant sur leur parfaite connaissance du Sahel, les renseignements marocains ont vite avancé dans le dossier pour décrocher la libération des quatre Français.La DGED signe avec cette libération, qui n’était pas forcément acquise au regard de l’intransigeance des Burkinabé, un joli succès diplomatique au Sahel
 
 
L’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum
 
 
Le sort du président Bazoum
 
Outre le dossier de la libération des agents français, le renseignement extérieur marocain, est actuellement très mobilisé pour la libération de Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet 2023. Le patron de la DGES, Yassine Mansouri, peut compter dans cette tentative sur l’aide de l’ancien ministre français Dominique Strauss Kahn, qui réside le plus souvent à Marrakech. L’ancien patron du FMI été consulté avant le coup d’État au Niger par les autorités de ce pays et était resté, depuis, très fidèle à l’ex-président nigérien, Mohamed Bazoum. 
 
Selon plusieurs sources, les premiers pourparlers entre les négociateurs marocains et les militaires au pouvoir à Niamey donnent des raisons d’espérer. Alors que la plupart des pays occidentaux sont confrontés à une réelle hostilité au Sahel, le Maroc bénéficie pour sa part d’une oreille attentive des juntes militaires qui ont pris le poouvoir au Mali, au Niger et au Burkina. Lors d’une deuxiéme mission cet été, souligne la lettre confidentielle « Africa Intelligence », généralement bien informée, « l’équipe de la DGED a pu s’entretenir avec le président de la transition, le général Abdourahamane Tchiani. Rabat a présenté à la junte un plan qui verrait Mohamed Bazoum s’établir au Maroc une fois libéré. En amont de sa proposition, Rabat a pris soin de consulter le fils du président déchu, Salem Bazoum. Discrètement convié dans le royaume, le jeune homme, étudiant aux Émirats arabes unis, avait été emprisonné avec son père avant d’être libéré en janvier, grâce à une médiation du Togo ».
 
Ces initiatives de la DGED s’inscrivent dans une politique de rapprochement avec les juntes militaitres qui ont pris le pouvoir au Sahel ces dernières années. Plusieurs réunions ont déjà eu lieu à Rabat entre le ministre marocain des Affaires étrangères et ses homologues des trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel : Burkina Faso, Mali et Niger.