Malgré le soutien massif des stars hollywoodiennes, Kamala Harris s’incline face à Donald Trump, porté par des appuis masculinistes. Un revers cinglant pour les démocrates, qui interroge le pouvoir réel des célébrités dans le jeu politique américain.
Elles ont beau être adorées par des millions de fans, les stars démocrates n’auront pas réussi l’exploit de propulser Kamala Harris vers la Maison Blanche. Beyoncé, Taylor Swift, George Clooney…, toute cette brochette de célébrités n’a pas fait le poids face à la stratégie trumpiste, matinée de testostérone et de soutiens aussi musclés qu’efficaces. Résultat : Donald Trump rempile pour un second mandat, laissant Hollywood pantelant et dépité.
Ah, le doux rêve démocrate d’une élection présidentielle gagnée à coups de paillettes et de glamour ! Hélas, cette année, la magie n’a pas opéré. Malgré une avalanche de stars acquises à sa cause, Kamala Harris a mordu la poussière face à un Donald Trump plus offensif que jamais. Un camouflet pour ces artistes engagés, persuadés que leur aura suffirait à convaincre l’Amérique profonde de voter comme eux. Raté.
« Les gens se rendent probablement bien compte que George Clooney n’a pas à s’inquiéter du prix de l’essence ou du coût des œufs », persifle Laurence Maslon, professeur d’art à l’université de New York. Un constat cruel mais lucide, qui vient rappeler aux stars leur déconnexion avec le quotidien du commun des mortels. Pendant qu’elles paradaient dans des galas à 10 000 dollars le couvert, Donald Trump, lui, serrait des mains calleuses dans des États-clés.
Le soir de sa victoire, il a ainsi convié sur scène Dana White, patron de l’UFC et parangon de masculinité, qu’il a qualifié d’« homme dur » et de « sacré numéro ». Un compliment qui vaut de l’or dans la bouche de celui qui, à 78 ans, se vante encore de taper des balles de golf « légèrement plus loin » que les professionnels. Dana White n’était d’ailleurs pas le seul soutien musclé de Donald Trump : le golfeur Bryson DeChambeau, capable de driver à des kilomètres, a lui aussi eu droit à sa dose de louanges présidentielles.
Mais la star incontestée de cette campagne fut sans nul doute Elon Musk. Le milliardaire fantasque, adulé par une partie de l’Amérique qui rêve de conquérir Mars en slip, a pesé de tout son poids dans la balance électorale. Ses tweets pro-Trump, likés par des millions de followers, ont donné un coup de fouet à la campagne républicaine. Tout comme les prises de position de Joe Rogan, animateur de podcast influent et gourou des jeunes mâles en quête de modèles testostéronés.
Résultat : dans cette élection dominée par la question de la masculinité, le positionnement « mâle alpha » de Donald Trump a fait un malheur. Selon Mark Harvey, auteur d’un livre sur l’engagement politique des stars, le trumpisme a su jouer à merveille sur les questions culturelles, notamment « l’idée d’être un vrai bonhomme, un dur à cuire ». Un atout considérable face à une Kamala Harris certes entourée de stars, mais perçue comme plus « froide » et « distante ».
Car si les célébrités ont indéniablement un pouvoir de mobilisation, leur influence électorale réelle reste à démontrer. « L’idée selon laquelle les stars peuvent orienter le vote des gens n’est pas vraiment étayée par des données scientifiques », rappelle perfidement Mark Harvey. Un constat implacable, qui n’a pas empêché une certaine Taylor Swift de pousser 400 000 personnes à s’inscrire sur les listes électorales en 2020. Mais visiblement, ils n’ont pas tous voté comme prévu…
Depuis la défaite, Hollywood oscille entre déni et colère. L’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit les pires heures sombres de l’histoire américaine. Quant à la rappeuse Cardi B, elle a tweeté rageusement son dégoût dans un langage fleuri dont elle a le secret.
Les démocrates, eux, se retrouvent face à un miroir peu flatteur. Vont-ils enfin comprendre que l’Amérique ne se résume pas aux soirées sushi de Malibu ? Qu’il faudra plus que des selfies avec Beyoncé pour reconquérir un électorat déboussolé ? La gifle est rude, mais salutaire. Pour espérer revenir dans le jeu en 2028, les démocrates vont devoir renouveler leur logiciel en profondeur. Et peut-être troquer leurs mocassins italiens contre une paire de bonnes vieilles bottes de cowboy. Histoire de se reconnecter avec cette Amérique « réelle » qui, décidément, n’en finit pas de leur échapper.