La guerre au Mali connaît une évolution notable après une série de revers subis par les miliciens d’autodéfense « Donzo », longtemps considérés comme l’un des bras supplétifs de l’armée.
Une analyse du site partenaire de Mondafrique, « Veille sahélienne »
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Groupes traditionnels de chasseurs, souvent accusés de bavures à caractère ethnique, à l’encontre de populations Peulhe, Tamachek et Arabe, leur mobilisation en appoint de la lutte antiterroriste les exposait, également, à des représailles brutales. Beaucoup ont payé le lourd tribut d’un engagement, à l’origine fécondé par le lyrisme patriotique. Or, depuis quelques semaines, ils perdent du terrain et l’assurance de naguère.
Le dernier épisode en date relève de la débâcle. Il met en scène la capture de plusieurs combattants Donzo, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim) dans la région de Niono (centre-sud). Les images de propagande montrent des hommes sous entraves, contraints à livrer des témoignages sur leurs crimes commis, en collaboration avec l’armée et ses alliés russes. La séquence vidéo vise à démolir l’efficacité des « Donzo » et la pertinence de leur apport aux mesures contre-insurrectionnelles.
Selon des sources de la société civile, la diffusion des témoignages a entraîné des répercussions directes sur le terrain, notamment un début de désorganisation des structures locales de résistance et, parmi les civils exposés à la menace, la perte de confiance dans les capacités, de l’Etat, à garantir leur survie.
Le recours, de Bamako, à des acteurs périphériques de substitution, ne permet plus d’offrir le même effet de dissuasion qu’auparavant, dans un contexte de recrudescence des attaques, à la fois des katibas jihadistes et de la rébellion du Front de libération de l’Azawad (Fla).
Au-delà du Mali, la précarité qui s’installe interpelle l’ensemble de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) et son projet de mutualisation opérationnelle. Au Niger voisin, les autorités, à cause de la pression constante du terrorisme, envisagent le recrutement massif de milices mais l’expérience sanglante du Mali et du Burkina Faso comporte une mise en garde tacite. Selon la plupart des analystes, la tentation d’armer les civils en soutien aux forces conventionnelles affaiblit, à terme, la cohésion de la troupe et multiplie les ferments de la discorde communautaire, libérant, alors, les démons de l’ethnicité et de la vengeance. La vulnérabilité collective atteint, ainsi, un paroxysme de violence, d’où l’entropie et le chaos.