Qui l’eut cru? Le « New York Times » révèle que la République islamique est en train de profiter d’un fort lucratif business de transition de genre au point que les chirurgiens iraniens ont opéré, depuis une quarantaine d’années, plus de personnes désireuses de changer de sexe que bien d’autres pays spécialisés dans ce tourisme médical d’un type particulier
En république Islamique d’Iran, un pays aux mœurs strictes et aux valeurs traditionnelles, les opérations pour changer de sexe sont en effet légales. Cependant, l’homosexualité reste punissable de peine de mort. Perçue comme efféminée, attirée par des Iraniens de même sexe mais obligée de vivre en secret leur désir par peur de représailles, toute une génération de jeunes hommes iraniens est contrainte de choisir la seule identité qui leur soit reconnue légalement, celle de transsexuel.
Un article de Bruno Philip
Le docteur urologue Gohanzad Shahryar,
3000 opérations de changement de sexe
En partie paralysée par les sanctions économiques, l’Iran s’efforce de continuer à promouvoir son expertise médicale à destination des transgenres, proposant reconstruction vaginale, greffe de pénis, ablations des seins et autres services du même ordre pour hommes et femmes désireux de changer de sexe. A Téhéran, des agences spécialisées offrent ainsi des « package » aux futurs patients à des tarifs défiant toute concurrence, qui comprennent, outre les frais chirurgicaux, des prestations hôtelières, des billets d’avion et même des excursions touristiques!
Sept milliards de dollars par an
Voici donc l’étonnante information que vient de révéler le New York Times dans son édition du 10 octobre : « Le gouvernement théocratique iranien s’est fixé à ce sujet comme objectif , pour 2025, des revenus de l’ordre de 7 milliards de dollars chaque année, soit un montant sept fois plus élevé que les revenus engrangés » par cette « industrie » l’année précédente », écrit le « NYT » sous la plume de leur envoyé spécial Pranav Bhaskar.
Certes ce tourisme médical ne comprend pas que les opérations de transition de genre mais aussi toute forme de chirurgie esthétique ( rhinoplastie – réfection du nez) ou greffe de cheveux. Mais si l’on en croit le grand quotidien new yorkais, les opérations de changement de sexe constituent le fer de lance de ce tourisme d’un genre particulier. D’autant que les hôpitaux de ce secteur excellent dans leur rapport « qualité prix » face à leurs concurrents directs, comme les Etats- Unis et la Thaïlande où le coût de telles opérations est évaluée à, respectivement, 45 000 et 30 000 dollars : A Téhéran, on peut ainsi se faire greffer un pénis ou une reconstruction vaginale pour la somme de 12 000 dollars.
« On s’occupe de tout, du début à la fin, nous promettons un service médical de premier ordre pour assurer à nos patients une expérience optimale et dépourvue de stress », affirme la manager d’une compagnie de tourisme médical, Farideh Najafi ; « Tout est inclus dans nos prix, y compris les frais d’hôtels, d’hospitalisation, de transports et le reste ». Le quotidien cite un patient satisfait : « Sam, 32 ans, un homme du comté d’Orange, en Californie, se trouve actuellement à Téhéran pour une hystérectomie et une métoidioplastie, une chirurgie de reconstruction pelvienne. Ayant requis l’anonymat pour discuter d’une intervention médicale sensible, il a expliqué avoir été attiré par l’Iran car il estimait que les médecins iraniens ‘lui inspiraient plus confiance’ que ceux des Etats-Unis' ».
On peine à croire que de telles pratiques puissent exister dans cette république islamique, où encore récemment les femmes étaient lourdement sanctionnées pour ne pas porter le voile en public. Les injonctions morales du régime peuvent néanmoins expliquer les raisons de la promotion par le gouvernement d’opérations de transgenres : gays et lesbiennes n’étant pas en Iran considérés comme des homosexuels, où ce statut est puni par la loi, si un homme se conduit comme une femme, il est obligé de changer de sexe et devenir femme ; même chose pour les femmes…
«
4000 changements de sexe par an
L’expérience iranienne en matière de chirurgie de transition découle d’une fatwa émise dans les années 1980 par l’ayatollah Ruhollah Khomeini, chef suprême fondateur de la République islamique, qui a déclaré que les personnes transgenres peuvent obtenir la reconnaissance juridique du genre auquel elles s’identifient, à la seule condition de subir une chirurgie de transition », rappelle le New York Times. Qui ajoute : « Bien que les chiffres précis ne soient pas connus, un rapport du ministère de l’Intérieur britannique de 2022 a révélé qu’environ 4 000 personnes subissent une chirurgie de transition chaque année en Iran, un chiffre supérieur aux totaux annuels combinés de la Grande-Bretagne et de la France. Les experts affirment qu’une grande majorité des patients viennent d’Iran.
Même si la pratique de telles chirurgies apparaît donc en décalage complet avec ce que l’on peut percevoir de la République islamique d’Iran, aux plans idéologiques et religieux, il ne faut donc pas oublier, écrit encore le « NYT », que tout cela ne correspond donc en aucun cas à une quelconque approbation du régime pour les personnes trans : « Les Iraniens qui n’adhèrent pas aux normes traditionnelles de masculinité et de féminité sont sujets à des violences et restent sous pression constante de se faire opérer pour changer de sexe. »