Les États-Unis savaient depuis un an que les forces de sécurité saoudiennes tiraient, bombardaient et maltraitaient des groupes de migrants. Mais ils ont pris le parti de se taire.
En aout 2023, l’ONG Human Rights Watch a rendu public un dossier accusant les forces de sécurité saoudiennes d’utiliser des balles et des explosifs pour rejeter des centaines – voire des milliers – de migrants éthiopiens qui tentaient de gagner illégalement le Royaume des Saoud.
Ce dossier était étayé par des témoignages, des photos et des vidéos ainsi que des photos satellites de la zone frontalière. Certains migrants ont fait état du sadisme des gardes saoudiens qui laissaient les migrants libres de décider du membre dont ils allaient être amputés. Un garçon de 17 ans a déclaré que les gardes l’avaient forcé, lui et un autre migrant, à violer deux filles sous le regard des gardes.
Le rapport suggère que si telle est la politique officielle saoudienne, alors cette politique pourrait constituer un crime contre l’humanité.
Mais une péripétie nouvelle est venue compliquer le dossier. Le 26 août, un article du New York Times, a accusé les diplomates américains d’avoir eu connaissance depuis un an, des exactions saoudiennes à la frontière et d’avoir … gardé le silence.
Les diplomates américains semblent avoir été informés par des responsables des Nations Unies. Toutes les personnes qui ont été invitées à témoigner semblent s’être vu promettre l’anonymat.
En janvier, Richard Mills, le représentant adjoint des États-Unis aux Nations Unies, a fait une référence indirecte à la question, déclarant lors d’un briefing du Conseil de sécurité sur le Yémen que « nous restons préoccupés par les abus présumés contre les migrants à la frontière avec l’Arabie saoudite ».
« Nous exhortons toutes les parties à permettre aux enquêteurs de l’ONU d’accéder des deux côtés de la frontière pour enquêter de manière approfondie sur ces allégations », a ajouté M. Mills, sans mentionner que les responsables américains, européens et de l’ONU avaient récemment appris le meurtre de nombreux Africains par les forces frontalières saoudiennes.
Sitôt le silence de l’administration américaine révélé, le département d’État a affirmé que les Etats Unis n’étaient pas restés inactifs et qu’ils avaient écrit à plusieurs reprises aux responsables saoudiens pour leur demander des explications.
Le New York Times affirme que c’est la volonté de l’administration Biden de négocier une reconnaissance mutuelle entre l’Arabie Saoudite et Israël qui est à l’origine de ce silence. Les Etats ne voulaient pas tendre à nouveau leurs relations avec les Saoudiens sur une question liée aux droits de l’homme.
Certains membres du Congrès, principalement démocrates, ont vivement critiqué l’Arabie saoudite pour son bilan en matière de droits de l’homme, y compris ses années de guerre au Yémen.
Au Yémen même, il semble que les massacres soient tout sauf secrets. La télévision yéménite aborde le sujet et des images de blessés tournées dans les hôpitaux sont diffusées sur les chaînes et les bulletins d’information.
Nombre de blessés sont retrouvés inconscients au bord de la route et conduits s à l’hôpital avec des blessures qui nécessitent des interventions chirurgicales ou des amputations.
Le rapport sur les migrants disparus de l’Organisation internationale pour les migrations a révélé qu’en 2022, au moins 788 migrants avaient été assassinés près de la frontière saoudienne.
En octobre 2022, un groupe d’experts des Nations Unies a cité des dossiers similaires à ceux de Human Rights Watch qui affirment que 430 personnes ont été assassinées au cours des quatre premiers mois de 2022, et que de nombreuses femmes et jeunes filles ont été violées. Certaines auraient été renvoyées nues au Yémen.
Le royaume saoudien a nié les accusations et a déclaré qu’il avait besoin de plus de détails pour enquêter.
@amirou @felly : tout à fait d’accord
Mr amirou a totalement raison en disant que ce silence est acheté par le pétrole parce que si c’était un pays africain, les sanctions seraient déjà tombées et ces massacres seraient déjà publié dans un rapport des nations unies. Antonio le SG de l’ONU tu es où ?
Ces exactions barbares dignes d’un État sauvage ont une seule appellation, crimes contre l’humanité. Mais comme ils ont le dollar et le pétrole, le boucher de Riad et sbires ne craignent rien