Enlèvements et embuscades se multiplient au Mali

Le 3 octobre, une équipe de 8 humanitaires et ses 2 chauffeurs, tous de nationalité malienne, ont été interceptés et détenus, durant quelques heures, par une patrouille du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), de Ségou à Fana, non loin de Konobougou, un point névralgique de l’insécurité, comme le démontre une série d’incidents récents (https://t.me/veillesah/286 et https://t.me/veillesah/278 ). Le même jour, Siaka Dembélé, président du Conseil régional de Ségou (voir sa photo ci dessus) , ainsi que son chauffeur, ont été enlevés le long de l’axe reliant son siège, à la capitale. Le rapt, probablement l’œuvre du Gsim, n’a pas été revendiqué

Un article de « Veille sahélienne », un site partenaire de Mondafrique

https://t.me/veillesah/298

 

Iyad ag Ghali

En raison des assassinats ciblés, des embuscades, des engins explosifs improvisés (eei) et du rançonnement des voyageurs, emprunter les routes du Mali relève, désormais, de l’intrépidité, voire de « l’inconscience suicidaire », précisent certains correspondants de Veille sahélienne. Le régime militaire n’a plus de choix autre que la négociation avec ces détracteurs en armes. D’un jour au suivant, sa marge de manœuvre se rétrécit.

1. Le 3 octobre, entre Sikasso et la frontière de la Côte d’Ivoire, un engin explosif improvisé (eei) sautait au passage d’une unité des Fama. Aucune des 5 soldats du véhicule, de tête, n’a survécu. Le reste du convoi a rebroussé chemin. Le Gsim a assumé l’attaque.
 
 
 
2. Le 4 octobre 2025, un drone TB2 de fabrication turque, sans doute actionné par les Forces armées maliennes (Fama), opérait deux frappes, contre des voitures 4X4, qui stationnaient à Inagozmi (voir la carte ci dessus). Les images montrent l’une des cibles, un instant après l’impact. Les habitants décrivent une bavure contre des civils Touarègues, au cœur de l’aire de rayonnement du Front de libération de l’Azawad (Fla) qui recourt, lui, à des vecteurs aériens soit kamikazes (Fpv), soit de largage. Le bilan du jour, en pertes humaines, n’est pas connu.

3. Mondafrique a publié, le 4 octobre, une relation détaillée du kidnapping, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), de 2 Emiratis et d’1 iranien (https://t.me/veillesah/256 ). L’un des trois est un général à la retraite, membre de la famille princière de Dubaï. Fermier, amateur de chasse et bienfaiteur des populations alentour, il ne serait pas mêlé aux contradictions politiques du Sahel. Le document de Mondafrique suggère que l’opération implique des intermédiaires liés aux services de sécurité du Mali et des chefs jihadistes de la zone, pour extorquer une grosse rançon: https://mondafrique.com/a-la-une/lenlevement-dun-general-emirati-au-mali-tourne-a-une-farce-dramatique/

4. Face à la pénurie qu’occasionne le blocus de carburant à l’intérieur du pays, les autorités de « transition » veulent sévir, notamment aux dépens du Syndicat national malien des acteurs du pétrole et des stations-service (Synapess), accusé d’encourager la fermeture des points de vente agréés. A la faveur d’une communication (non daté) disponible sur les réseaux sociaux dès le 2 octobre, la principale corporation des convoyeurs et distributeurs d’hydrocarbures constate l’échec de l’Etat à briser l’encerclement des villes.
L’effet médiatique de l’annonce a fortement indisposé le gouvernement d’où un contre-communiqué, du Maire de Ségou, publié le 3 octobre. L’élu tente de juguler la spéculation. Les grossistes du secteur reçoivent, de lui, injonction de regagner les lieux de stockage en vue de procéder, sous la supervision de la force publique, au recensement des réserves disponibles. Les propriétaires des stations, fermées au moment de l’inspection, s’exposent à la menace de sanctions. Or, l’ultimatum semble bien moins respecté que celui du Gsim-Alqaïda.
 
5. Le bras de fer se poursuit entre le pouvoir central et diverses corporations des produits pétroliers. Le premier veut maintenir, à tout prix, la filière d’approvisionnement afin de satisfaire, en priorité, aux besoins de défense, de sécurité et du trafic aérien. Les secondes ne font plus confiance aux escortes militaires et dénient, aux Fama, la capacité de dissuader les assauts jihadistes. De surcroît, plusieurs compagnies qui transgressent l’embargo du Gsim ont vu leurs citernes brûlées et le personnel de transport -chauffeurs, apprentis – massacré.
 
Malgré des primes de risque de plus en plus élevées, dont le coût se répercute sur le tarif du litre de gas-oil et d’essence, conduire des camions et bus devient une aventure. Peu de volontaires se pressent à braver le danger.


Références
 
Carte 1 Inagozmi :

image.png  
Vidéos et photo 04 octobre, Inagozmi :

 
Carte 2 Konobougou:
 
 
Communiqué Gsim 03 octobre : https://t.me/veillesah/306

Communiqué maire Ségou, 03 octobre : https://t.me/veillesah/307