Les élections présidentielles iraniennes à la loupe

FILE - In this photo released by the official website of the office of the Iranian supreme leader, Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei speaks during a meeting with a group of Basij paramilitary force in Tehran, Iran, on Nov. 26, 2022. Iran summoned the French ambassador on Wednesday, Jan. 4, 2023, to condemn the publication of offensive caricatures of Supreme Leader Khamenei in the French satirical magazine Charlie Hebdo. (Office of the Iranian Supreme Leader via AP, File)

On attend dans la journée du samedi 29 juin les résultats du premier tour de la Présidentielle en Iran où quatre candidats sont en lice dont un réformateur

Le véritable enjeu des élections est la résolution de la question de la succession du Guide suprême, et non la présidence elle-même. Khamenei souhaite placer son fils Mojtaba à sa propre succession. Ainsi, Khamenei doit se tourner vers quelqu’un capable de résoudre avec lui cette question de succession. Cette possibilité n’existe que de son vivant. À sa mort, en raison de la guerre des clans qui sacrifient tout pour leurs propres intérêts, cela deviendrait impossible. Le dictateur religieux doit donc sortir des urnes quelqu’un avec qui il peut avancer sur cette question importante. Sans doute, les élections auront droit à un second tour où les candidats conservateurs se désisteront les uns en faveur de l’autre, et à ce moment-là, Khamenei sortira le candidat de son choix.

                                                               Hamid Enayat, membre de l’opposition iranienne à Paris

Une élection présidentielle marquée par la candidature d’un réformiste, Masoud Pezeshkian
  • Le QG social de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI / MEK) en Iran a surveillé plus de 14 000 bureaux de vote à travers le pays, y compris dans les grandes villes, les petites villes et les zones rurales, de 8h00 à minuit. Ils ont rapporté qu’en dépit de nombreuses fraudes et manipulations, moins de 7 400 000 personnes au total, soit seulement 12 % des électeurs éligibles, ont participé à l’élection présidentielle des mollahs, que ce soit volontairement ou sous la contrainte. En conséquence, 88 % du peuple iranien a brandi le « marteau écrasant du boycott » contre la comédie électorale mise en scène par Ali Khamenei, le dictateur religieux iranien. Ils déclarent ainsi que leur vote définitif était en faveur d’un changement pour établir une république démocratique et laïque. 
  • Les Iraniens se rendent aux urnes vendredi pour une élection présidentielle marquée par la candidature d’un réformiste, Masoud Pezeshkian, qui s’est lancé seul dans la course électorale, face à un camp conservateur divisé, et qui espère bien percer. Né en 1954 dans l’Azerbaïdjan occidental, Masoud Pezeshkian a fait des études de médecine, à la suite desquelles il s’est employé à soigner les blessés sur les lignes de front pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988). En 1994, un accident de circulation coûte la vie à sa femme et à l’un de ses enfants. Il élèvera seul sa fille et ses fils.

    M. Pezeshkian occupe le poste de ministre de la Santé entre 2001 et 2005, sous la présidence du réformiste Mohammad Khatami. Il remporte à cinq reprises un siège au Parlement iranien, devenant vice-président de la Chambre entre 2016 et 2020.Il présente sa candidature à la présidence de la République en 2021, mais le Conseil des Gardiens de la révolution – qui conserve un droit de veto sur les candidats – fait obstacle à démarche.

    Très éloquent, il bénéficiera probablement des voix des électeurs des régions azéries. Toutefois, il n’est pas certain qu’il puisse convaincre un nombre suffisant de partisans modérés de se rendre aux urnes après des années de faible participation.

  • Dans un clip viral sur les réseaux sociaux, un journaliste d’un média d’État demande à une femme de 35 à 40 ans faisant ses courses dans un grand magasin ce qui la ferait voter. Elle répond qu’elle ne votera pas, quoi qu’il arrive.
  • Dans un autre clip, un jeune étudiant répond à Massoud Pezeshkian, candidat concurrentiel, qui tentait de s’adresser aux étudiants, que les jeunes ne voteront pour aucun candidat car ils sont convaincus que rien ne changera. Il semblerait que l’on n’ait plus de nouvelles de ce jeune depuis.
  • Lors de son dernier discours le mardi 25 juin, Khamenei a déclaré : « J’espère que, si Dieu le veut, les élections rendront la nation iranienne fière. La fierté réside dans deux choses : d’abord, une « participation maximale », et ensuite, « choisir le meilleur candidat » ; les deux sont importants. Nous insistons beaucoup sur une forte participation car l’impact le plus important de cette participation est la fierté de la République islamique. … La République islamique a des ennemis. Un des éléments qui donne l’avantage à la République islamique sur ses ennemis, ce sont les élections. Si une bonne participation est observée lors de ces élections, cela sera source de fierté pour la République islamique. ‘La participation du peuple’ signifie que la République islamique est véritablement une république, cela réduit à néant les arguments des ennemis. Dans toutes les élections où la participation a été faible, les ennemis de la République islamique ont eu beau jeu de critiquer. »
  • Selon les statistiques fournies par le régime iranien, seulement 7 % des électeurs de la grande Téhéran ont participé au second tour des récentes élections législatives le 10 mai 2024. Ce chiffre est considérablement plus bas dans les petites villes et les villages. Lors du premier tour, les unités de résistance à travers l’Iran ont surveillé avec précision le nombre de participants aux élections et ont déterminé que, en comptant des personnes comme les prisonniers et les militaires qui sont obligés de voter, seulement 8 % ont participé.
  • Croire que la société iranienne pourrait changer d’avis sur le régime du jour au lendemain et passer de 7 % à 50 % de participation relève purement de l’illusion. Après le soulèvement de 2022 et les tortures très violentes perpétrées par le régime, incluant les meurtres et les tortures de milliers de personnes, il serait naïf, voire stupide, de penser que la société ait pu changer d’avis du jour au lendemain.
  • En vérité, une participation au-delà de 10% de la population éligible ne semble pas réelle.
  • En Iran, le président est une figure largement cérémoniale. Le véritable dirigeant du pays est le Guide suprême, qui a le contrôle direct sur les Gardiens de la révolution ainsi que sur une armée de civils en uniforme, diverses organisations de renseignements et paramilitaires, et qui dirige également le projet nucléaire et la politique étrangère… Si un changement de président devait signifier un changement dans la gouvernance du pays, alors le terme de dictature religieuse n’aurait aucun sens.
  • Khameini a grandement besoin d’un taux de participation élevé pour le multiplier dans la « salle de consolidation » pour atteindre 50 % de participation. L’entrée de Pezeshkian, du camp soi-disant réformiste, l’aile qui avait été précédemment écarté par Khamenei au profit d’Ebrahim Raissi, pourrait résoudre cette question pour lui et lui procurer une certaine acceptabilité tant au niveau national qu’international. Au minimum, il pourrait récupérer les votes du camp réformiste, déjà écartés auparavant.