Le raid de l’armée israélienne révèle les divisions au sein du camp palestinien.
Mercredi 5 juillet, après l’opération de deux jours que les soldats israéliens ont mené dans le camp de Jenine dans le but de casser une « infrastructure terroriste », l’énorme étendue des dégâts est devenue clairement visible. Des dizaines de véhicules renversés gisaient sur les bords des routes et des traces de suie étaient visibles sur les fenêtres et les murs.
De nombreuses rues étaient ornées de cratères béants. Ils étaient le résultat des charges explosives que les Palestiniens avaient placé sous l’asphalte dans l’espoir d’enrayer l’avancée des troupes israéliennes. Mais ces dernières ont utilisé d’énormes bulldozers blindés pour venir à bout des engins explosifs improvisés.
Les maisons proches de la mosquée al-Ansar – où les combattants palestiniens s’étaient barricadés et où les forces israéliennes ont trouvé des tunnels et des armes – ont été beaucoup plus endommagées. De nombreux miliciens ont été arrêtés pour être interrogés.
Mais au-delà des dommages matériels, l’armée israélienne a laissé derrière elle des dommages politiques. Mardi soir, après le retrait des forces israéliennes du camp, des centaines d’habitants sont sortis et ont crié des slogans hostiles au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas que la foule a appelé « traître ». Les habitants ont accusé l’AP de ne pas avoir empêché le raid et même de coopérer avec Israël. La foule n’a pas hésité à incendier un poste de police de l’AP près de Jénine.
La passivité du Hamas
La colère des Palestiniens de Cisjordanie était également dirigée contre le Hamas qui a laissé l’armée israélienne agir sans lancer une seule roquette sur Israël. Pendant les deux jours de combat sur Jenine, le Hamas a bloqué les tirs de roquettes sur Israël. Nombre de miliciens du Hamas implantés à Jenine se sont également senti trahis par leurs dirigeants et ont démissionné sous l’effet de la colère. En effet, depuis plusieurs années, le Hamas infiltre le camp de Jenine pour déstabiliser l’Autorité Palestinienne
Mardi soir toutefois, alors que les soldats quittaient le camp, cinq roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza. Elles étaient le fait du Jihad Islamique Palestinien mais l’aviation israélienne a riposté en détruisant deux installations de fabrication d’armes du Hamas.
A Gaza, un fossé grandissant s’est également creusé au sein du Hamas et entre le Hamas et le Jihad islamique palestinien. Nombre de miliciens ont ouvertement critiqué l’inaction de leurs dirigeants face à l’opération israélienne à Jenine. Ils ont adressé un message de colère aux dirigeants de Gaza disant qu’ils ne voulaient plus être considérés comme faisant partie du Hamas.
« Ne nous utilisez pas uniquement à des fins de propagande et ne vous vantez pas des rubans verts [la couleur de l’organisation] que nous nouons sur nos fronts, car depuis des mois l’armée israélienne travaille contre nous. Mais vous, vous continuez à vous taire et à vous taire sans cesse afin de maintenir le calme et de nous faire de fausses promesses », indique la lettre.
Muhammad Jalamna, une figure éminente des Brigades Izz ad-Din al-Qassam du Hamas à Jénine, a accusé les dirigeants de Gaza de « corruption et trafic de la vie des militants ».
Tensions entre le Hamas et le Jihad islamique.
En mai, lors d’une opération militaire de cinq jours (« Opération Bouclier et Flèche »), les Forces de défense israéliennes ont ciblé uniquement le Jihad islamique et ont tué six cadres supérieurs du groupe terroriste. Le fait que le Hamas ne se soit pas associé au Jihad Islamique et ait laissé les cadres du Jihad Islamique être décimés sans lever le petit doigt a laissé des traces.
Le secrétaire général du Jihad islamique, Ziad al-Nakhala, exige maintenant que le Hamas accorde à son peuple la liberté d’action dans la bande de Gaza. « Le Hamas comprend qu’il ne pourra pas continuer à empêcher les tirs de roquettes depuis Gaza sur Israël pendant longtemps », a déclaré un responsable palestinien.
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