L’Alliance internationale des Brics évalue le rapprochement russo-américain

Du 3 au 7 avril, l’Alliance, organisation permanente, des Brics réunit autour de sa présidente Larissa Zelenstova, ses vice-présidents. Au menu : l’impact des négociations russo-américaines et du réarmement de l’Europe sur le sud global.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

La présidente de l’Alliance des Brics, Larissa Zelenstova

Dans deux ans, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) vont prendre des décisions importantes visant à répondre aux conséquences des négociations russo-américaines sur le sud global ainsi que sur le réarmement de l’Europe.

En tout cas depuis le jeudi 3 avril, une rencontre des vice-présidents de l’Alliance se tient à Moscou, en Russie, et ce jusqu’au lundi 7, autour de la présidente Larissa Zelenstova pour examiner les négociations russo-américaines et passer au crible leurs conséquences sur le sud global. La réunion s’intéresse aussi à l’impact du réarmement de l’Europe et ses conséquences sur cette région du globe, et plus particulièrement sur l’Afrique qui n’est pas à l’abri des guerres de recolonisation.

 

Envies néocolonialistes

Le 16 avril 2024, un général français à la retraite, François Lecointre, affirmait en effet que l’Europe aura l’obligation de retourner en Afrique pour « aider à la restauration de l’Etat », faisant ainsi craindre des envies néocoloniales assumées.

Les pays de l’Union européenne mettent sur la table un ambitieux programme de réarmement de 800 milliards d’euros afin de répondre, officiellement, à la menace russe mais probablement encore plus pour se préparer à la guerre des matières premières, la plupart se trouvant sur le sol africain, et de surcroît mal protégées.

Le vice-président de l’Alliance des Brics en charge des infrastructures économiques, Ahoua Don Mello, qui représente d’ailleurs au sein de l’organisation la voix de l’Afrique, participe à cette rencontre. Pour lui, « si l’Europe continue d’avoir une vision néocoloniale du monde, alors l’Afrique ne sera pas à l’abri des guerres comme celles qui se déroulent au Soudan, en République démocratique du Congo ainsi que dans les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui se battent pour leur souveraineté. »

 

Un partenariat stratégique et pragmatique

Le réarmement de l’Europe n’aurait alors d’objectif que de « recoloniser l’Afrique » pour faire main basse sur ses richesses. « Et face à cela, il faut des réponses », a indiqué Ahoua Don Mello qui est arrivé à Moscou, la veille de la rencontre.

Mais pendant que se tenait cette réunion de l’Alliance des Brics, le ministre des Affaires étrangères de la Russie rencontrait, Sergueï Lavrov, rencontrait pour la première fois, les ministres des affaires étrangères de l’Alliance des Etats du Sahel.

Cette réunion a été sanctionnée par un communiqué final qui passe en revue tous les domaines de coopération. Ainsi, dans le domaine de la sécurité et de la défense, les parties russe et confédérale sont convenues d’établir un partenariat stratégique et pragmatique impliquant l’engagement de la Russie pour « intensifier la lutte contre le terrorisme et l’insécurité sous toutes ses formes dans l’espace AES ».

Dans ce cadre, la Russie va aider à rendre opérationnelle la force unifiée de la confédération AES pour préserver l’intégrité territoriale de l’espace. Russes et dirigeants de l’AES ont également convenu de renforcer les capacités opérationnelles de la force de l’AES à travers la facilitation d’acquisition des équipements militaires majeurs et performants », ainsi que par des formations militaires adaptées.