Les « assises nationales » annoncées ont enfin lieu au Niger

TOPSHOT - This video frame grab image obtained by AFP from ORTN - Télé Sahel on July 28, 2023 shows General Abdourahamane Tchiani, Niger’s new strongman, speaking on national television and reads a statement as "President of the National Council for the Safeguarding of the Fatherland", after the ouster of President-elect Mohamed Bazoum. The chief of the Presidential Guard justifies the coup by evoking "the continued deterioration of the security situation" in the country, as well as "poor economic and social governance". (Photo by ORTN - TéLé SAHEL / AFP)

Attendues depuis leur annonce par le Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le Général Abdourahamane Tiani, en août 2023, soit un mois après le coup d’Etat du 26 juillet 2023, les Assises nationales vont enfin pouvoir se tenir du 15 au 19 février 2025 à Niamey. Un des enjeux majeurs sera l’élaboration d’un avant-projet de Charte de la transition. 

Par Niandou  Kindo

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Tout s’est accéléré le week-end. Samedi 8 février, le président du CNSP, le Général Abdourahamane Tiani, a signé un décret portant création, missions et composition de la Commission nationale chargée de la conduite des travaux des Assises nationales qui sera présidée par Dr Mamoudou Harouna Djingarey, Chef de canton de Sinder. Les Assises nationales doivent définir les grandes orientations de la transition politique en cours au Niger commencent à prendre forme avec la création de la Commission qui aura pour charge de conduire ses travaux, sous la présidence de Dr Mamoudou Harouna Djingarey, Chef de canton de Sinder, dans la région de Tillabéry, sur la zone dite des trois frontières (Burkina Faso, Niger et Mali). Huit (08) vice-présidents, dont l’ancien Premier ministre Ibrahim Assane Mayaki, des anciens ministres, ainsi que des leaders religieux et des représentants des structures la société nigérienne assisteront le président de la Commission. Dans la foulée de la création de la Commission, le quota des participants par structure et leur qualité ont été précisés.

L’administration se taille la part du lion

 Outre les membres de la Commission nationale chargée de la conduite des travaux des Assises, 674 autres personnes viendront prendre part aux cinq jours de discussions en plénières et en commissions. Avec 98 participants sur 674, l’Administration centrale (Secrétaires généraux des ministres, directeurs généraux) s’est taillée la part du lion suivie de près par les forces de défense et de sécurité (FDS) avec 80 participants (50 hommes et 30 femmes).  La Société civile nigérienne, très divisée entre partisans et critiques du coup d’Etat militaire, arrive en troisième position avec 50 participants. Chose curieuse : les partis politiques nigériens ne sont pas représentés. A la différence du Mali, pays membre de l’Alliance du Sahel, le Niger a choisi, comme le Burkina Faso, d’interdire les activités des partis politiques depuis le coup d’Etat du 26 juillet. En amont des Assises, la Commission nationale travaillera à préparer le succès des travaux.  

 

La Commission nationale est ainsi structurée en cinq sous-commissions thématiques, à savoir la sous-commission thématique N°1 “paix et la sécurité, réconciliation nationale et cohésion sociale”, présidée par M. Idi Ango Omar, ancien ministre; la sous-commission thématique N°2 “refondation politique et institutionnelle” présidée par Nouhou Arzika, leader de la société civile; la sous-commission N°3 “économie et développement durable’’ présidée par Salha Haladou, ancien ministre, ,la sous-commission N°4 “géopolitique et environnement international” avec pour président M. Illo Adani, Conseiller diplomatique du Chef de l’Etat, et la sous-commission N°5 “justice et droit de l’homme’’ présidée par M. Dagra Mamadou, ancien ministre. 

A ces derniers s’ajoutent cinq Rapporteurs généraux. Quant aux huit régions du Niger, elles seront représentées par les présidents et les rapporteurs les assises régionales qui participeront aux travaux à titre de personnes ressources.

Un avant-projet de Charte de la transition attendu

Comme le souligne le décret, la Commission nationale chargée de conduire les Assises nationales a pour missions, entre autres, d’élaborer les documents de référence pour l’animation et l’encadrement des débats, d’élaborer et de diffuser les directives à suivre dans la conduite des Assises nationales, d’exploiter la synthèse des Assises régionales, et d’élaborer la méthodologie du déroulement des Assises Nationales. 

La Commission a aussi pour missions d’organiser et superviser les débats et toutes autres activités entrant dans le cadre de la tenue des Assises nationales, élaborer et mettre en œuvre un plan de communication avant, pendant et après les Assises nationales. 

Il incombe également à la Commission de proposer un avant-projet de la Charte de la Transition, formuler des recommandations, et élaborer le rapport provisoire et le rapport final des Assises nationales. Ce dernier document doit être déposé auprès du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie dans un délai de trois semaines.

Ce nouveau décret, qui abroge les dispositions d’octobre 2024, constitue un signal fort qui atteste de la volonté des autorités du CNSP de donner un coup d’accélérateur au processus de la transition politique au Niger, rejoignant ainsi le Mali et le Burkina Faso, pays amis de l’Alliance des États du Sahel, qui ont déjà tenu leurs consultations nationales.