Abidjan va devoir poursuivre son plan de rénovation de l’autoroute du nord sans son partenaire américain qui tient les cordons de la bourse. Washington s’agace en effet des opérations de démolition des quartiers pauvres de la ville sans plan d’indemnisation des populations concernées.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
En Côte d’Ivoire, le gouverneur du District d’Abidjan, Cissé Bacongo a finalement trouvé un adversaire à sa taille. Et ce sont les américains qui viennent de suspendre leur financement aux travaux de rénovation du boulevard de la Paix, à Attécoubé. La décision américaine fait suite aux multiples opérations de démolition de quartiers précaires orchestrées par le ministre-gouverneur qui porte aussi la casquette de secrétaire exécutif du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Washington lui reproche d’avoir lancé plusieurs opérations du même type sans tenir compte des populations touchées, en particulier d’avoir négligé l’indemnisation des propriétaires des maisons détruites par le district. Plusieurs milliers de personnes sont concernées. Elles avaient été inscrites sur des fichiers d’indemnisation qui sont à ce jour introuvables, s’agace la partie américaine. Dans la foulée des américains, le groupe français de BTP Razel-Bec, responsable du chantier de rénovation, a suspendu les travaux. L’ambassadrice US, Jessica Davis-Ba qui supervise localement le projet pour la partie américaine, a expliqué que les fonds suspendus vont être affectés à d’autres projets après négociations. Pour ne pas être gros Jean, l’État ivoirien a décidé de financer le chantier de l’autoroute du nord sur fonds propres en dépit des grosses difficultés de trésorerie qu’il rencontre.
Le boulet Bacongo
La part des Etats-Unis était particulièrement importante dans ce projet qui vise l’amélioration de la fluidité dans les transports et la mobilité urbaine dans la ville d’Abidjan, puisque c’est l’entreprise américaine Exp US Services qui en a réalisé les études. La partie ivoirienne supervisée par le secrétariat général de la présidence ivoirienne dirigé par la nièce du président Ouattara, Masséré Touré-Koné, a dû se contenter de cette mauvaise solution alors qu’il lui suffisait de montrer des gages qui montrent que les déguerpis vont être indemnisés.
Depuis sa nomination à la tête du district d’Abidjan, Cissé Bancongo a engagé de violentes opérations de déguerpissement de populations pauvres vivant dans plusieurs quartiers précaires. Celles-ci attendent les indemnisations promises par le gouvernement. En vain, puisqu’Abidjan n’a pas convaincu son partenaire américain sur la question. Au début de ce mois, la démolition du parc à bétail dans la commune de Port-bouët a tourné à l’affrontement entre les forces de l’ordre et des jeunes. Les usagers du parc protestent contre leur réinstallation sur un espace inadapté où leurs moutons ne sont pas en sécurité, protestent vivement les concernés.
Ils ont été soutenus par le maire PDCI de la Commune, Sylvestre Emmou. Mais ce soutien de l’édile provoque la colère du district d’Abidjan qui dénonce une « instrumentalisation des jeunes et de certains acteurs de la filière, à des fins politiciennes ».
