L’éditorial de Seidik Abba, Rédacteur en Chef du Mondafrique, sur cette guerre ignorée qui est celle qui a lieu au Soudan sans que la communauté internationale ne s’y intéresse vraiment
Une chronique de Seidik Abba, rédacteur en chef de Mondafrique
Personne ne pourra dire demain qu’il n’a rien su. Par la faute deux énergumènes, Abdel-Fattah Al-Bourhane et Hamdan Daglo dit Hametti, le Soudan est plongé depuis le 15 avril 2023 dans une guerre civile insensée. Que rien d’autre que les appétits de pouvoir de deux hommes n’expliquent. Le génocide, la famine, le viol : absolument rien n’aura été épargné aux populations du Soudan. Dans le huis-clos de ce vaste pays, le troisième d’Afrique par sa superficie, au moins 150.000 personnes pourraient avoir déjà perdu la vie en vingt mois de conflit.
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité
Ceux qui ont survécu à cette guerre absurde sont privés de tout, de l’eau aux soins en passant par l’électricité, la sécurité, l’éducation, la nourriture. Dans leur folie inqualifiable, Al-Bourhane le chef de des Forces armées soudanaises (FAS) et Hametti le parton des Forces de soutien rapide (FSR), privent les Soudanais de toute force d’assistance. Selon les Nations unies, près de 26 millions de Soudanais, soit plus de la moitié de la population, sont en situation de sous-nutrition aiguë ; 8,5 millions d’entre eux ont même atteint le seuil critique. Au mépris des lois de la guerre, Al-Bourhane et Hametti rejettent la mise en place des couloirs humanitaires, créant la pénurie des médicaments dans les hôpitaux et imposant la famine aux populations. Ils refusent également toute solution négociée alors que l’unanimité est faite que cette guerre civile ne se dénouera jamais par la force.
Indifférence et inaction criminelles
A bien observer la tragédie qui se joue aujourd’hui au Soudan, on aura vite compris que si les deux belligérants affichent dans leur arrogance criminelle tant d’assurance et d’impunité, c’est non qu’ils n’aient pas conscience de la gravité de leurs actes mais parce qu’ils se savent soutenus par des parrains extérieurs, parfois si puissants. Ceux qui alimentent la guerre par leur soutien financier ou militaire à Al-Bourhane et Hametti ; ceux qui profitent de la guerre et de la mort des Soudanais pour faire leur business juteux. Tous devront demain en répondre. Autant que leurs deux protégés. Mais, nous autres non plus, nous ne serons pas exempts de tout reproche. Oui, la communauté internationale n’a pas encore fait tout ce qu’elle aurait pu faire pour stopper cette guerre au Soudan. A ce jour, aucune enquête de la CPI, aucun mandat d’arrêt n’a encore été émis ni contre le chef de l’armée, ni contre le patron des paramilitaires. Dans le contexte actuel du Soudan, l’inaction et l’indifférence sont des crimes. Parce que la vie des Soudanais vaut celle des autres, la communauté internationale doit agir sans délai pour arrêter la descende aux enfers du pays.