Le soutien des héritiers d’Ali Bongo au chef de la junte gabonaise

Brice Oligui Nguema revêtu des insignes de Grand Maître de l’Ordre National de la libération.

La transition gabonaise pourrait se terminer plus tôt que prévu à la fin de l’année 2024. Brice Oligui Nguema dont la popularité chute sensiblement et dont l’autoritarisme est contesté par une opposition naissante est tenté de prendre tout le monde de vitesse en avançant la Présidentielle, de s’appuyer sur la vieille garde d’Ali Bongo et de garder le contrôle du pouvoir. 

Plusieurs rapports de renseignement au Gabon évoquent une chute spectaculaire de la cote de popularité de Brice Oligui Nguema, chute accélérée par le soutien politique que lui a récemment apporté… le Parti Démocratique Gabonais (PDG), l’ancien parti d’Ali Bongo ! Un parti politique clairement associé aux pouvoirs prédateurs ayant dirigé le Gabon de 1967 à 2023 et désigné communément comme le régime « Bongo-PDG ». Après le coup d’État qui avait renversé Ali Bongo le 30 août 2023, les putschistes avaient annoncé très vite, lors de la prestation de serment du nouveau maître du pays, le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. Peu après, on apprenait que la Présidentielle n’aurait lieu qu’au mois d’août 2025, après un dialogue politique « inclusif », l’élaboration d’une nouvelle constitution et la tenue d’un référendum. Les promesses de démocratisation, on le sait depuis le regretté Charles Pasqua, deux fois ministre de l’Intérieur et parrain avéré de la Françafrique,n’engagent que ceux qui y croient.

Bien qu’il ait pris soin de verrouiller la transition en nommant les participants au dialogue inclusif et en choisissant le comité de rédaction de la constitution, Brice Oligui Nguema, voit une opposition se reconstituer et la grogne sociale monter. Brice Oligui Nguema est-il tenté de brusquer le cours de l’Histoire? Et d’avancer la date de la Présidentielle? Le scénario semble plausible.

Une campagne électorale engagée

La nouvelle constitution a été remise officiellement à Brice Oligui Nguema , la date du référendum a été fixée au 16 novembre 2024. Le texte constitutionnel n’a pas été encore rendu public, mais la campagne pour la future Présidentielle est engagée. Les soutiens du général-président du Gabon appellent déjà à voter « oui » lors du référendum. La candidature du chef de la junte sera soutenue par tout un réseau d’associations aux moyens importants, provenant assurément de fonds publics, mais aussi par l’ancien parti-État, le Parti Démocratique Gabonais (PDG).

Vainqueur, forcément vainqueur, de la prochaine Présidentielle, Brice Oligui Nguema a verrouillé le processus électoral. L’organisation de l’élection est confiée exclusivement au ministère de l’Intérieur (dirigé actuellement par un ancien ministre d’Ali Bongo et membre du PDG), souhaite que son « élection » se déroule sans troubles post-électoraux. Des troubles qui pourraient entacher l’image de « libérateur » qu’il tente d’imposer, notamment par le biais d’un culte de la personnalité qui ne faiblit pas. Mais surtout, ces troubles pourraient raviver le ressentiment envers une armée gabonaise qui n’a jamais hésité à réprimer violemment ceux qui osaient réclamer la vérité des urnes, notamment en 1993-94, 2009, et surtout en 2016.

Soutien indéfectible de l’armée

L’armée gabonaise est sans conteste le plus fervent soutien de Brice Oligui Nguema. Grâce à Brice Oligui Nguema, les militaires gabonais qui sous Ali Bongo, ancien ministre de la Défense, étaient tenus en lisière du pouvoir présidentiel, ont découvert les « ors de la République ». On assiste à une sorte de « militarisation » du pouvoir sur fond d’attribution de portefeuilles ministériels avec leur cortège d’avantages et d’honneurs. Les moins gradés ont bénéficié également de quelques gâteries, une prime spéciale et diverses mesures sociales.

Brice Oligui Nguema sait qu’il peut compter sur la Garde Républicaine dont il est toujours le commandant en chef et dont le commandant par intérim le général Antoine Bélikidra, a «renouvelé l’attachement indéfectible » début janvier 2024 de la Garde Républicaine du Gabon qui « meurt mais ne se rend pas ». Un des chants composés par Brice Oligui Nguema lui même est un chant d’allégeance au « patron » (donc à Brice Oligui Nguema ) dans lequel les « Gardes républicains » jurent de le défendre « jusqu’au bout du sacrifice suprême »…

Au Gabon, l’apprentissage d’une vie démocratique se fait au compte goutte ..