Le soutien de l’Iran au Front Polisario via le Hezbollah

Selon le quotidien allemand Die Welt, Israël se serait fait un ennemi supplémentaire avec l’engagement du Front Polisario aux côtés de l’Iran, du Hezbollah, et du Hamas. La milice chiite libanaise se rendrait en Algérie pour former les combattants du mouvement indépendantiste du Sahara occidental.

Sur le montage photo que nous publions, nous pouvons reconnaitre Ibrahim Ghali, the chef du Polisario portant un turban représenté aux cotés d’Ali Khamenei, le Guide suprême iranien, et de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais

Le 1er mai 2018, le Maroc rompait ses relations diplomatiques avec l’Iran, accusant Téhéran d’armer le Front Polisario, via son allié, le Hezbollah. « Le Maroc dispose de preuves irréfutables de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le Polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du Royaume », dénonçait Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères (1).

Un site marocain précisait que les experts militaires du Hezbollah apprenaient au Front Polisario à creuser des tunnels sous le dispositif de défense marocain…

L’information était aussitôt « fermement » démentie par l’Iran. De son côté le Front Polisario parlait d’« accusations infondées » pour lesquelles « le Maroc n’a apporté aucune preuve », ajoutant que « le Polisario n’a jamais eu de relations militaires avec le Hezbollah et l’Iran. C’est un mensonge grotesque pour impliquer le Maghreb dans la crise du Moyen-Orient » (2).

Mais cette fois, c’est l’un des principaux quotidiens allemands, Die Welt, réputé pour son sérieux, qui a titré le 10 novembre dernier : « Comment l’Iran positionne un réseau terroriste mondial contre Israël » (3). Le journal, qui disposerait d’informations provenant des services secrets, assure qu’une milice contre Israël serait encours de formation au Sahara.

Le Polisario, « proxy de l’Iran »       

L’information est à son tour donnée le 29 novembre par i24NEWS, la chaîne de télévision basée en Israël (qui n’a pas répondu à nos questions), appartenant au groupe Altice dirigé par Patrick Drahi. Cette télévision évoque une conversation enregistrée entre l’ambassadeur du Front Polisario au Levant, Moustapha Lamine, et « un ancien agent d’un pays du Proche-Orient, spécialiste du Hezbollah, nommé ici Abed el-Latif ». Moustapha Lamine se réjouit de l’attaque commise par le Hamas le 7 octobre. « La résistance explose partout. Elle a pris feu à Gaza, elle peut éclater dans le Golan, dans le sud Liban, dans les fermes de chebaa et elle éclatera également au Sahara occidental », assure-t-il (4). Mostapha Lamine insiste sur les liens entre le Front Polisario, l’Iran et le Hezbollah.            

Toujours selon i24NEWS, les relations entre Téhéran et le Front Polisario passeraient notamment par le centre culturel iranien à Alger. Des informations aussitôt reprises par différentes publications, notamment par Le360, le journal électronique marocain proche du régime et souvent fort bien informé, qui évoque de « nouvelles preuves accablantes confirmant que le Polisario est un proxy de l’Iran ». Citant un ancien agent israélien, Le360 écrit qu’il existerait une milice africaine, « comptant potentiellement des agents du Polisario, qui opère en Syrie sous les ordres de la République d’Iran ».

Le Front Polisario a fermement démenti l’information, qualifiant de « grave déclin professionnel et moral dans lequel est tombé le journal allemand ».

De son côté, Mondafrique a demandé le 30 novembre plusieurs précisions à la chaîne francophone i24NEWS. Notamment sur Abed el-Latif, présenté comme « un ancien agent d’un pays du Proche-Orient, spécialiste du Hezbollah ». « Spécialiste du Hezbollah » ne signifierait pas pour autant qu’il travaillerait pour le Hezbollah. La chaîne I24NEWS ne nous a pas retourné nos quesions.

Par ailleurs, à Tolède, lors de la 47e conférence de l’Eucoco (la Coordination européenne pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui), qui s’est tenue les 1er et 2 décembre, les participants ont insisté sur la « nécessité d’apporter un soutien international aux peuples sahraoui et palestinien opprimés ». Les responsables sahraouis ont évoqué la détermination du Front Polisario « à user de tous les moyens en sa disposition, y compris l’intensification de la lutte armée, pour défendre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».

(1)Marie Verdier, « Le Maroc accuse l’Iran d’armer le Polisario », La Croix, 2 mai 2018.

(2) « Face aux accusations du Maroc, Téhéran nie avoir armé le Polisario », Le Monde, 1er mai 2018.

(3) Christine Kensche, « Wie der Iran ein weltumspannendes Terror-Netz gegen Israel in Stellung bringt”.

(4) Enquête sur les liens idéologiques qui unissent le Front Polisario, l’Iran et le Hezbollah ».

 

 

 

 

 

Ibrahim Ghali, the head of the polisario group, sporting an Iranian turban, accompanied by Iran’s Supreme Head Ali Khamenei, and Secretary-General of Iran’s Lebanese Hezbollah, Hassan Nasrallah