Le Sitcom du clan Sassou au Congo, l’ultime saison

La grande famille au pouvoir à Brazzaville anime en continu le monde virtuel d’une agence globale d’influence. Surnoms et diminutifs pour désigner les membres du clan Sassou ressemblent beaucoup déjà à ceux de la publicité des années 1970 : Kiki, Coco, Joujou, etc. Un triangle de choc où Denis Christel Sassou-Nguesso, dit Kiki, est le successeur présumé du président Sassou et son propre fils issu d’un premier mariage.

Un article d’Olivier Vallée

Également député, Denis Christel Sassou-Nguesso, dit Kiki, est le monsieur pétrole du Congo du XXIème siècle. Habitué des clubs de Miami, où il disposerait d’un vaste appartement, il aime aussi y louer des bateaux de luxe et se fait, par ses dépenses, une mauvaise réputation qui lui vaut des ennuis avec la justice du reste du monde.

C’est donc Claudia Sassou-Nguesso, dite Coco, qui, après avoir été la faiseuse d’image de son père, doit s’essayer à corriger les mauvaises impressions que peut laisser son frère. Mais cette experte indéniable en marketing politique peut difficilement passer elle-même pour une adepte de la transparence politique. Il lui faut jongler en sous-main avec différents professionnels du monde des People grace notamment à Frank Tapiro, publicitaire français et gérant de la société Hémisphère Droit.

A l’échelle locale, Thierry Moungalla, est chargé de chercher des relais pour améliorer la perception du fils préféré du Chef. Difficile cependant d’oublier que ce dernier est un transfuge du camp Lissouba, l’ancien chef d’état congolais et grand rival à l’époque du Président Sassou Nguesso, et à ce titre suspect chez les caciques du Parti au pouvoir. Au détriment d’un autre poids lourd de la compétition pour la Présidence, Jean-Dominique Okemba (JDO). Extrêmement riche, JDO dispose de guides et d’influenceurs qui rappellent son aura et le fait qu’il reste très près du Patron. Mais Joujou, alias Julienne Sassou Nguesso, logisticienne des campagnes électorales de son père, anime la rubrique des scandales familiaux en prenant à partie les rivales ou les beaux-frères. Ce qui détourne l’attention sur d’autres mauvais sujets, ce qui peut faire paraitre Kiki comme le gendre idéal.

Un monde impitoyable

Toutefois la grande faiblesse de ce sérail réside dans son incapacité à partager la manne financière considérable que Deenis Sassou Nguesso dispense aux gardiens de son image. Les personnes les plus compétentes comme Françoise Joly, introduite auprès du président Denis Sassou-Nguesso par Claudia Sassou-Nguesso, dite Coco, se trouvent la cible des réseaux sociaux congolais et de rumeurs suscitées par l’entourage présidentiel.

De plus, en tant qu’émissaire de Sassou dans diverses capitales comme Abu Dhabi, Ankara et Moscou, Françoise Joly intervient également dans les négociations concernant la livraison de pétrole brut et pénètre sur les plates-bandes de Denis Christel Sassou- Nguesso, dit Kiki, fils du président.

Françoise Joly conserve, dans son camp, Arlette Soudan-Nonault, l’épouse de François Soudan, le pilier de « Jeune Afrique » et grand ami du régime, autre dimension de la stratégie de communication du Congo. Françoise Joly, aux origines rwandaises, est avant tout une parisienne qui a convaincu le président Sassou de retenir l’agence Ipanema pour sa communication.

Ce qui a déclenché une guerre avec l’agence 35° Nord, proche du canal historique de la communication du régime confiée à Claudia Sassou Nguesso, dite Coco. Kiki, demeure sans doute le champion de son père pour hériter du pouvoir au Congo. Mais il n’a ni vraiment le soutien du PCT, ni une équipe congolaise et familiale de confiance. Il doit, avec l’épargne de son époque pétrolière et le concours d’un autre « fils de », Ivan Kagame, mobiliser les experts qui font les rois. On retrouve dans cette « team » Thierry Moungalla, mais à présent bien dépassé et provincial. Plus crédible, et connu du PCT sans y être asservi , Vérone Mankou anime une WebTV, nommé Vox TV. La seconde épouse de Kiki est une people agréable à travers les réseaux sociaux. De plus, Nathalie Bumba a des alliés tout près de Kiki et qui usent de la carte des églises évangéliques.

A la fin, c’est le patron qui passe en premier et qui s’adresse à un public de leaders maximaux , qu’ils soient à Moscou ou à Paris. Michel Duplessier répond présent et assure de ses entrées dans de prestigieux médias français. In extremis, Sassou a su jouer des coups gagnants. Un temps, Richard Attia organisait les fora climatisés de Brazzaville et Lucien Ebata, le trader d’or noir en dernier ressort, bénéficie d’une licence de Forbes International. Mais la bataille pour que Kiki occupe le trône est proche de son épilogue. Plus que l’aider, les spin-doctors de la famille et les aliens sont en train de s’étriper. Une super série.