Le second mandat d’Abdelmadjid Tebboune ne sera pas une sinécure

Les résultats des élections présidentielles algériennes du 7 septembre n’ont satisfait aucun candidat, même pas le vainqueur, le président sortant Abdelmadjid Tebboune (1). Les trois candidats ont attribué la seule responsabilité des irrégularités à l’autorité nationale indépendante des élections. La réaction de la Présidence traduit en fait un malaise face à ce qui serait une forme de déstabilisation. Une main invisible voudrait-elle discréditer un processus électoral déja affaibli par les chiffres de l’abstention?

À peine Abdelmadjid Tebboune réélu dans un calme relatif, l’alliance entre l’État-major et la Présidence, le gage actuel de la stabilité du régime, ne rallie pas tous les suffrages au sein du sérail militaire. Dans le même temps en effet et en contre partie de son soutien au Président réélu, le haut commandement a réussi à arracher des concessions considérables notamment le contrôle direct de certaines entreprises nationale comme Algérie Télécom et d’autres. Par ailleurs, l’entrée des hauts cadres militaires dans la gestion des collectivités territoriales est actée. Beaucoup craignent que cette militarisation du pouvoir ne soit pas sans risques pour la bonne marche des institutions algériennes. 

Depuis la disparition du président colonel Houari Boumedienne, les militaires algériens avaient toujours préféré agir en sous mains, tout en contrôlant la façade civile du pouvoir. L’actuel Chef d’état-major a remis en cause cette emprise masquée et exposé l’institution militaire à plus de visibilité. Ce qui désigne cette dernière comme responsable de tous les maux du peuple algérien en cas de troubles. La mainmise opérée par le haut commandement des appareils économiques, administratifs de l’Etat est perçue par de nombreux officiers comme un danger qui fait perdre à l’ANP son caractère populaire.

Faute de de ne pas s’éloigner suffisamment des affaires, l’armée risque d’être perçue par de larges franges de la société comme une caste prédatrice. Ce nouveau rôle attribué aux officiers supérieurs qui leur permet de naviguer entre les sphères militaires et civiles change le mode de contrôle de l’armée sur l’Etat. On passe d’un mode vertical, où les militaires détiennent une vision globale de la société à un mode horizontal où la promiscuité avec l’activité économique et finacière brouille l’image de l’armée.

Les récentes agissement pour altérer le résultat de l’élection présidentielle est un message envoyé autant au chef d’état-major qu’au président. Said Chengriha n’est pas porté au pinacle par les officiers dans les régions ni par la troupe. En dépit des performances des unités opérationnelles (terres, aérienne, navales), reconnues par les autres armées étrangères lors des manœuvres conjointes, les services de sécurité (DDGSE et DGSI), sous l’autorité de purs militaires, ont perdu la culture du renseignement qui était la leur, notamment au Sahel et  en Libye. 

Un second mandat délicat

En comparant le second mandat de Bouteflika en 2004 à celui de Tebounne vingt ans après, on constate une aversion des rôles. L’élection de Bouteflika pour un second mandat a permis la neutralisation du chef d’état-major et homme fort de l’armée le général Mohamed LAMARI qui a adoubé la candidature d’Ali Benflis qui fut directeur de campagne puis directeur de cabinet et enfin premier ministre du président sortant. Le second mandat de bouteflika était un pari gagnant gagnant avec le général Toufik. Cette opération subtile a permis l’accès du président bouteflika au ministère de la défense en nommant le général Abdelmalek GUENAIZIA ministre délégué. Or, le second mandat acquis de Tebboune a renforcé l’institution militaire au détriment de la Présidence.

Alors que les décisions importantes se prennent au sein du haut conseil de sécurité, quelles compétences régaliennes reste-t-il à la Présidence ? Le contexte sécuritaire menaçant au niveau régional et international octroie à l’armée une implication marquée au détriment de la diplomatie

Anne Claire Legendre, conseillère Maghreb d’Emmanuel Macron, s’est rendue à Algeraprès la Présidentielle

Vers des retrouvailles Tebboune/Macron

La France fut parmi le premier pays à féliciter la réélection du président sortant. Le communiqué était déjà rédigé avant l’annonce des résultats. Aucun État ne connaît les arcanes du pouvoir algérien comme la France, mais cette fois ci les salamalecs revêtent un contexte particulier. La visite prévue, pourtant annoncée par Tebboune en octobre, avant que Macron ne s’aligne sur la position Marocaine sur le dénouement du dossier du Sahara Occidental, demeure encore d’actualité ?

Ce n’est pas la préparation de la visite de Tebboune à Paris qui a motivé le président Français d‘envoyer sa conseillère Afrique du nord et moyen orient, Anne Claire Legendre, porteuse d’un message au président fraichement réélu.

Le président Français a besoin d’Alger sur le dossier Libyen. Le récent rapprochement entre la Turquie et l’Egypte augure une nouvelle donne dans le dossier Libyen. Les deux pays envisageraient volontiers un partage des ressources libyennes: l’exploitation du Gaz Offshore; la sécurisation de l’activité des champs gaziers au nord de la cyrénaïque. L’entente Egypto turque sur le dossier Libyen marginalise la position de l’Algérie, dont elle partage une large frontière avec la Libye, mais elle fragilise les intérêts de la France aussi.

 La Russie à la manœuvre

Une lettre de félicitation pour sa réélection a été envoyée, le 10 septembre, dès l’annonce des résultats par le président Russe Vladimir Poutine au président algérien. Dans le contenu de la lettre, dont des extraits ont été publiés par le service de communication de la présidence algérienne, note « l’intérêt que porte la Russie d’élever le partenariat stratégique, paraphé l’année dernière par les deux pays, à un niveau qualitatif ». Le président Russe, note le communiqué, « réaffirme son intention de développer davantage la coopération bilatérale constructive par des efforts conjoints dans toute la mesure possible pour les peuples russe et algérien, afin d’assurer la stabilité et la sécurité régionales ».

La volonté du président Russe de renforcer le partenariat stratégique avec son allié privilégié en Afrique nord s’est concrétisée avec célérité. Ainsi, le 11 septembre, le directeur général de la société russe Rosoboronexport Alexander Mikheev débarque à Alger. Il est reçu en grande pompe par le chef d’état-major Said Chengriha au siège de lu MDN (ministère de la défense nationale).

Un succinct communiqué du MDN fait état des pourparlers qui rentre « Dans le cadre de la coopération militaire et technique algéro-russe, Monsieur le Général d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’Etat-Major de l’ANP, a reçu en audience, ce mercredi 11 septembre 2024, au siège de l’Etat-Major de l’ANP, Monsieur Aleksander Mikheev, Directeur Général de la société russe Rosoboronexport 

 

 

RépondreTransférer