Le 5 décembre 2024, Amnesty International a publié un rapport historique concluant qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniennes et Palestiniens dans la bande de Gaza occupée. Ce document de près de 300 pages intitulé “‘On a l’impression d’être des sous-humains’ – Le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Gaza” rassemble des preuves accablantes sur les actes commis par Israël depuis l’offensive militaire déclenchée après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023. Il s’appuie sur des témoignages de 212 victimes et témoins, des analyses de preuves visuelles et numériques, ainsi que des déclarations officielles israéliennes.
Le rapport met en lumière les violences systématiques et la destruction continue imposées par l’État israélien à la population de Gaza. Les autorités israéliennes ont ainsi commis et continuent de commettre des actes en violation directe de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du génocide, dans l’intention manifeste de détruire physiquement le peuple palestinien de Gaza. Amnesty dénonce un “déchaînement de violence et de destruction”, marqué par des violations graves et systématiques des droits humains, menées en toute impunité. Les actes commis révèlent une intention génocidaire, alimentée par une rhétorique déshumanisante et une politique de déni des droits fondamentaux des Palestinien·nes.
Une accumulation de preuves accablantes
Le rapport établit qu’Israël a commis des actes interdits par la Convention sur le génocide. Ces actes incluent :
- des meurtres massifs,
- des atteintes graves à l’intégrité physique et mentale des Palestiniens,
- et la soumission de la population de Gaza à des conditions de vie destinées à entraîner leur destruction physique.
Selon Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, « Mois après mois, Israël a traité la population palestinienne de Gaza comme un groupe sous-humain, indigne de droits fondamentaux et de dignité, démontrant ainsi une intention claire de destruction. »
Gaza : une catastrophe humanitaire
Les chiffres donnent la mesure de l’ampleur des violences : le 7 octobre 2024, soit un an après le début des hostilités, plus de 42 000 Palestiniens avaient été tués, dont 13 300 enfants, et plus de 97 000 personnes blessées. Les bombardements incessants ont rasé des villes entières, détruisant des infrastructures essentielles, des terres agricoles et des sites culturels. Les destructions ont réduit des villes entières en ruines, annihilé des infrastructures vitales et rendu inhabitables de larges zones de Gaza.
Dans son rapport, Amnesty révèle également l’usage délibéré par Israël de restrictions humanitaires asphyxiantes, privant la population de Gaza de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux vitaux.
À cet effet, Amnesty a rassemblé de nombreux témoignages tels que celui de Mohammed, déplacé à plusieurs reprises avec sa famille, qui décrit les conditions de vie désastreuses :
« Ici, à Deir al Balah, c’est comme si c’était la fin du monde. Pas d’eau propre, pas de toilettes, seulement des bombardements constants. On a l’impression d’être des sous-humains. »
Un génocide selon le droit international
Amnesty International souligne que la jurisprudence internationale reconnaît que l’intention génocidaire ne nécessite pas la destruction effective d’un groupe, mais seulement l’engagement d’actes visant à cette fin. Le rapport met également en lumière les déclarations déshumanisantes de responsables israéliens, qui témoignent d’une volonté explicite de détruire la population palestinienne, dans un contexte de spoliation, d’apartheid et d’occupation militaire dans lequel ces actes ont été commis. L’organisation a analysé les déclarations déshumanisantes de hauts responsables israéliens, concluant que ces discours et actions s’inscrivent dans une intention claire de détruire physiquement la population palestinienne.
Pour Amnesty, l’argument d’Israël selon lequel ses actions viseraient uniquement le Hamas est totalement infondé. Le rapport conclut que considérer la destruction des Palestiniens comme nécessaire à l’élimination du Hamas ou comme une conséquence acceptable traduit une intention génocidaire. L’organisation souligne qu’Israël a violé systématiquement son obligation de protéger les civils et a agi en mépris total des décisions de la Cour internationale de justice ordonnant l’accès immédiat à l’aide humanitaire, en imposant des restrictions calculées et intentionnelles.
Appel à la communauté internationale
Face à ces preuves accablantes, Amnesty appelle la communauté internationale à agir sans délai. Les États, notamment les principaux fournisseurs d’armes comme les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni, sont sommés de cesser immédiatement leurs transferts d’armes à Israël. Agnès Callamard insiste : « Les États doivent savoir qu’ils violent leur obligation d’empêcher le crime de génocide et qu’ils risquent de devenir complices. »
Ce rapport historique doit marquer un tournant dans la reconnaissance et l’arrêt des violences infligées aux Palestiniens à Gaza. Amnesty International exhorte à la mise en œuvre de mesures concrètes pour protéger les populations civiles et restaurer leur dignité et leurs droits fondamentaux.