Le président sénégalais suspend l’orpaillage à la frontière malienne

Un décret présidentiel publié le mardi 28 août, a mis un coup d’arrêt à l’activité d’orpaillage sur la rive gauche de la rivière Falémé, dans un rayon de 500 mètres.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

 Bassirou Diomaye Faye n’a donc pas hésité. Le mardi 28 août, il a en effet pris un décret qui met fin à toute activité d’orpaillage à la frontière malienne, précisément sur la rive gauche de la rivière Falémé, située près de la frontière avec le Mali. L’objectif du décret est de préserver l’environnement ainsi que la santé des populations riveraines.

La rivière Falémé souffre d’un grand niveau de pollution aux produits chimiques. C’est une conséquence de la ruée vers l’or dont la région de Kédougou faisait l’objet depuis plusieurs années en raison de l’arrivée de ressortissants d’une vingtaine de pays africains dans la zone.

Mais le mercure, le plomb ou encore le cyanure, qui permettent d’extraire ce métal précieux, se retrouvent malheureusement dans la rivière Falémé et affectent de ce fait l’environnement. Les études scientifiques ces derniers mois ont confirmé l’infiltration de ces produits toxiques dans les puits, les nappes phréatiques, les produits agricoles, et même dans l’organisme du bétail et des humains.

Le danger dépasse donc les seuls riverains de la rivière Falémé qui est le principal affluent du fleuve Sénégal, deuxième plus important fleuve d’Afrique de l’Ouest. C’est donc une « question de sécurité nationale », a déclaré le président sénégalais Ousmane Sonko en signant ce décret. Par ailleurs, le Premier ministre sénégalais, a déclaré à l’endroit des orpailleurs qui attendent une solution rapide que celle-ci « ne relève pas seulement du Sénégal. Nous partageons (la rivière) avec notre voisin. Et c’est pourquoi, lors de notre récent déplacement au Mali, nous avions soulevé cette question auprès des autorités maliennes. Parce qu’il y a l’orpaillage de l’autre côté également, avec l’utilisation des mêmes produits, notamment le mercure », a-t-il expliqué.

 

Difficile de recenser les orpailleurs

Le Sénégal avait déjà tenté, en 2014, de réguler l’activité d’orpaillage artisanal en réduisant la zone. Dix années plus tard, le gouvernement affirme compter sur les forces de l’ordre pour faire respecter ce décret même si personne ne connaît ni le nombre, ni les emplacements exacts de ces orpailleurs artisanaux qui opèrent sans permis le long de la rivière Falémé.

En raison de ce contexte, le directeur de l’association Kédougou Alerte Environnement, Oudy Diallo, estime qu’un recensement s’avère difficile, « parce qu’on ne maîtrise pas les va-et-vient des orpailleurs qui viennent de la sous-région », prévient-il.

Sauf si la population, qui a une bien meilleure connaissance de la présence des mineurs sur le terrain, aide les autorités sénégalaises à appliquer le décret qui va permettre de lutter contre la pollution qui affecte leur santé et leurs moyens de subsistance. Mais pour ce faire, « il faut que la population, les chefs de village, s’engagent », insiste Oudy Diallo. Le directeur de l’association Kédougou Alerte environnement réclame aussi un audit indépendant des permis miniers, attribués généralement sans une étude d’impact environnemental ».