Le dirigeant rwandais rêve de voir courir un grand prix du Rwanda de Formule 1 dans son pays et exerce un lobbying serré autour de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) qui a tenu son assemblée générale le vendredi 13 décembre à Kigali.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Et pourquoi pas ? Paul Kagamé, le président rwandais a dû se poser cette question en songeant voir son pays organiser chaque année un grand prix de Formule 1. Alors, depuis plusieurs mois, il manœuvre en coulisses pour défendre son projet de Grand prix de Kigali qu’il a officialisé lors de son discours prononcé en ouverture de l’assemblée générale de la FIA qui s’est tenue le 13 décembre dans la capitale rwandaise. « Le Rwanda va tenter de ramener la fièvre de la course automobile en Afrique », a-t-il déclaré. Et, visiblement, il ne s’amuse pas.
Car outre ce premier tour de force réussi, Paul Kagamé semble aussi avoir arraché un accord de principe au patron de la Formule 1, Stefano Domenicali, qui avait déjà confirmé ces dernières semaines que des discussions étaient en cours pour l’organisation d’une course sur le continent malgré un timing incertain pour son lancement.
« Nous devons nous assurer que lorsque nous serons prêts, nous pourrons le faire de manière appropriée », a-t-il déclaré à la chaîne américaine CNN, le 8 décembre. Le projet rwandais a aussi reçu le soutien du pilote britannique Lewis Hamilton, l’une des figures les plus marquantes de ce sport qui totalise sept couronnes de champion du monde. D’ailleurs, pour Hamilton, la Formule 1 ne « pas continuer à ajouter des courses dans d’autres endroits tout en ignorant l’Afrique. »
Pas avant 2028
Le Grand prix de Kigali ne devrait pas voir le jour avant 2028, au plus tôt. N’empêche, Kigali explore depuis plusieurs mois les contours de son projet. Pour ce faire, le pays déploie des observateurs sur chaque course depuis le début de la saison 2024. Le Rwanda s’appuie également sur le pilier de sa stratégie de diplomatie sportive, le Rwanda Development Board (RDB) que dirige Francis Gatare.
Cette agence gouvernementale examine l’endroit qui pourrait accueillir le circuit. Et pour l’instant, c’est l’espace attenant au futur aéroport de Bugesera qui est envisagé. Selon un connaisseur, Kigali devrait investir quelque 200 milliards de dollars pour se doter d’infrastructures nécessaires mais, selon Jeune Afrique, les autorités rwandaises n’ont pas confirmé cette information.
En attendant, le pays dont l’image se confond avec celle de son président qui a la réputation d’un seigneur de guerre accusé de pires crimes de guerre au Congo voisin, trouve ainsi dans la promotion du sport un outil de soft power à la rwandaise. Le Rwanda accueillera ainsi les premiers mondiaux de cyclisme sur le continent africain en septembre prochain, et sponsorise déjà depuis plusieurs années l’organisation d’évènements sportifs.
Soutiens majestueux
Pour ce championnat du monde de cyclisme, le Rwanda va bénéficier du soutien de sponsors de marque tels que TotalEnergies qui n’exclut pas également de contribuer au financement du projet de Grand prix de Formule 1.
Cela dit, le Rwanda n’est pas le seul à vouloir d’un grand prix de Formule 1 pour son pays. Dernier pays d’Afrique à avoir accueilli une course de Formule 1 en 1993, sur le circuit de Kyalami, au nord de Johannesburg, l’Afrique du Sud apparaît comme son principal concurrent. D’autant que Gayton McKenzie, le ministre des Sports avait déclaré le 21 juillet 2024 sur le réseau social X que « mon mandat sera un échec si je ne ramène pas l’un des plus gros événements sportif et touristique, la Formule 1, en Afrique du Sud ». Depuis, le dossier sud-africain aurait connu un regain d’intérêt avec l’entrée de McKenzie au gouvernement d’union nationale, en juin dernier.