Face à la menace terroriste qui vise son pays, Alassane Ouattara se voit obligé de faire attention à sa frontière avec le Burkina Faso, pays avec lequel son armée a multiplié, ces derniers mois, des actions de représailles.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Des rires, des poignées de main et une belle ambiance… Après l’escalade et les multiples actions de représailles de part et d’autre, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso se sont rencontrés, le vendredi 19 avril, via leur ministre de la défense respectif, à Niangoloko, dans une ville de l’ouest du Burkina Faso, pour envisager une stratégie commune de lutte contre le terrorisme qui menace les deux pays.
Les deux délégations se sont parlé durant plusieurs heures et leurs chefs respectifs se sont montré satisfaits à l’issue de la rencontre. « Nous avons eu une séance de travail avec mon collègue de la défense du Burkina Faso pour faire le point des relations avec nos deux pays. Je puis vous assurer que nous quittons Niangoloko le cœur rempli de joie. Nous avons passé en revue tous les points des relations entre nos deux pays », a assuré Téné Ibrahima, le ministre de la défense de Côte d’Ivoire qui est aussi le petit frère du président ivoirien. Même tonalité chez son collègue burkinabè Kassoum Coulibaly qui a espéré un nouveau départ entre les deux pays.
Cordiale détestation
Abidjan et Ouagadougou avaient plutôt l’habitude, ces derniers mois, de multiplier les accrochages à leur frontière respective. Des militaires burkinabé et ivoiriens sont d’ailleurs détenus de part et d’autre, tandis que le 27 mars, un incident majeur mettant aux prises les deux armées avait failli dégénérer lorsque deux militaires burkinabé sont entrés dans le marché de Dantou, dans le département de Téhini, en Côte d’Ivoire, à trois kilomètres du Burkina Faso, munis de fusils d’assaut AK-47. Ils ont alors été arrêtés et détenus en Côte d’Ivoire en réaction à l’arrestation, le 19 septembre, de deux gendarmes ivoiriens qui sont toujours détenus au Burkina Faso.
A cela, il faut ajouter les multiples amabilités auxquelles se livrent régulièrement Alassane Ouattara et le capitaine Ibrahim Traoré pour comprendre la nature des relations qu’entretiennent les deux hommes et les deux pays. Mais depuis ce vendredi, d’énormes progrès semblent avoir été faits d’un seul coup, et les images d’un Téné Birahima Ouattara apparaissant tout sourire, aux côtés de son homologue burkinabè, le général Kassoum Coulibaly, sont rapidement devenues virales sur les différentes plateformes d’informations au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire.
Les deux pays font en effet face à la même menace terroriste. Si Ouagadougou est dans cet engrenage depuis plus d’une décennie, Abidjan fait de plus en plus l’objet d’alertes au terrorisme émanant dernières semaines des renseignements américains. Les Ambassades occidentales installées à Abidjan ne s’y trompent d’ailleurs plus puisqu’elles alertent régulièrement leurs ressortissants sur le risque terroriste sur l’ensemble du territoire ivoirien et, particulièrement dans les régions du nord qui longent les frontières avec le Mali et le Burkina Faso.
Pour contrer le terrorisme, Anthony Bliken a annoncé en février dernier, lors d’un voyage en Côte d’Ivoire, une enveloppe de 45 millions de dollars visant à renforcer la coopération américano-ivoirienne en plus de l’aide fournie par les États-Unis en matière de renseignement. Mais le président ivoirien ne veut pas en rester là puisque la Côte d’Ivoire attend de réceptionner, d’ici la fin de l’année, 4 hélicoptères de combat de fabrication chinoise pour faire face aux menaces terroristes qui se multiplient aux frontières malienne et burkinabè.
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