Plus de quatre jours après l’effusion de sang à Barsalogho, localité située à 45 km de Kaya, on en sait davantage sur les circonstances de l’hécatombe qui a eu lieu le 24 août contre les populations civiles. Les vidéos diffusées par les assaillants montrent l’ampleur du drame, des centaines de victimes.
Samira Moussa
Tout est parti d’une initiative saugrenue du capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire, qui a instruit les populations de creuser des tranchées, comme pendant la Première Guerre mondiale pour se protéger de la menace terroriste. C’est à la suite du diktat du pouvoir consistant à construire des tranchées, manu militari, que les populations de Barsalogho se sont mobilisées comme un seul homme afin d’exécuter ces travaux forcés.
Des témoignages concordants attestent que des soldats burkinabè ont sillonné la commune afin de réquisitionner de force, à l’aide de fouets et par le biais de bastonnades, tous les bras valides pour la réalisation des funestes tranchées. D’autres personnes s’étaient déjà mises à l’œuvre. Ce 24 aout à 9heures, les terroristes, ont débarqué, en force, et dès les premiers tirs de sommation, les militaires et les volontaires pour la défense de la patrie ( VDP) en place, se sont enfuis sans demander leurs restes, abandonnant des populations aux mains nues, à la vindicte terroriste .
Des heures durant, les hordes terroristes ont pourchassé et abattu les civils sans qu’aucun renfort ne vienne de Kaya, qui est pourtant la première région militaire du Burkina et située à 45 km seulement. Au même moment, des drones du pays étaient en vadrouille dans le ciel du Mali, dans la région de Tinzawatene, pour y mener, encore des frappes qui n’ont pas atteint bien sûr les cibles visées, comme d’habitude mais, ont été fatales à des enfants, dans un attroupement. Avant ces nouvelles victimes innocentes, des orpailleurs burkinabè et nigeriens, avaient été contraints de quitter précipitamment la région afin de ne pas succomber dans des bombardements indistincts et absurdes.
Des centaines de morts
Les centaines de morts, autant de blessés de Barsalogho viennent alourdir la liste déjà très longue et loin d’être exhaustive, des tueries de masse de civils, de soldats et des VDP répertoriés, à ce jour. C’est comme si le capitaine Ibrahim Traore, faisait sienne la réflexion, pleine de cynisme de Staline avant lui “la mort d’un million d’hommes est une statistique” -Mansila: 137 militaires -Boungou: 150 militaires -Napadé: 46 gendarmes -Toeni: 15 gendarmes -Noaka: 30 VDP -Kossi: 20 VDP -Koro: 30 VDP. Face à tous ces drames, le gouvernement burkinabè reste sourd et muet. Il n’a produit jusque-là ni communiqué officiel pour faire part du bilan macabre ni n’a diffusé de message de compassion à l’endroit des victimes et de leurs familles.
C’est à croire qu’il y un vide au sommet de l’Etat et que plus personne n’est aux commandes d’un pays qui, il n’y a pas si longtemps que ça, était dans des mains expertes d’hommes d’Etat et de dirigeants éclairés et scrupuleux. Tout est aujourd’hui, suspendu aux sautes d’humeur du capitaine Ibrahim Traoré et dépend de son unique volonté alors qu’il a la tête ailleurs, au Mali où il fait tout pour que son mentor Assimi Goita ne tombe pas pour ne pas l’entraîner dans sa chute.
Qu’attendre d’autre, et de mieux duprésident de la transition Burkinabé qui vit, calfeutré dans la forteresse qu’il s’est aménagé à Ouagadougou, sous la haute protection de mercenaires russes? (…) Trop, c’est trop, pour emprunter un slogan cher aux Burkinabè et qui leur rappellera de grands moments de lutte contre les injustices et les crimes pendant lesquels ils n’ont manqué ni de courage ni d’engagement.
Barsalogho pourrait être la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase, l’incurie du régime militaire.
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