Le Forum de Davos se débarrasse de son fondateur, Klaus Schwab 

Klaus Schwab, 87 ans, le fondateur du célèbre World Economic Forum de Davos (WEF), s’est vu interdire l’accès à son bureau. En juin 2024, Mondafrique évoquait déjà des accusations de harcèlement sexuel et de discrimination à l’égard des femmes et des Noirs.

Ian Hamel, à Genève  

Depuis 1987, à l’initiative de l’Allemand Klaus Schwab, professeur d’économie, les grands de ce monde se retrouvent en janvier à Davos, station de ski dans le canton des Grisons, en Suisse. Des chefs d’État, des patrons de multinationales, des banquiers, des milliardaires. Sur les 3 000 participants, la moitié arrive à bord de jets privés. En 2024, le Forum de Davos avait mis en avant les innovateurs sociaux africains.

Mais depuis cette semaine, rien ne va plus pour son fondateur Klaus Schwab, 87 ans. Il a donné sa démission avec effet immédiat, renonçant à sa prime de départ de 5 millions de francs suisses (5,35 millions d’euros). En fait, le fondateur du WEF n’a pas eu le choix. Il s’est vu interdire l’accès à son bureau, à ses documents, avec défense de contacter ses anciens collaborateurs. La décision a été prise par le conseil de la Fondation qui comprend des personnalités comme Al Gore, l’ancien vice-président américain, la reine de Jordanie, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, ou encore Ngozi Okonjo-Iweala, la directrice de l’OMC. Les raisons de cette expulsion dans la douleur ? Une lettre anonyme envoyée au Wall Street Journal par un lanceur d’alerte. « World Economic Forum opens new probe into founder Klaus Schwab », titrait sobrement le media américain le 22 avril (*).  

Discriminer les femmes et les Noirs

Il faut croire que ce courrier contenait suffisamment de preuves accablantes contre l’une des personnalités majeures de l’économie mondiale. Klaus Schwab et son épouse sont accusés d’avoir pioché dans la caisse. Il aurait demandé à des employés subalternes de faire des retraits en cash dans des distributeurs automatiques de plusieurs milliers de francs suisses à son profit. Pour l’anecdote, il aurait aussi utilisé l’argent du Forum pour s’offrir des massages privés dans des hôtels. Quant à Hilde, son épouse, elle se serait fat offrir des voyages de luxe sans rapport avec le WEF. Le couple aurait également utilisé à des fins personnelles le centre de conférence du WEF, à Cologny, dans le canton de Genève. La Villa Mundi, construite par l’architecte Georges Breta, a été achetée en 2018 pour 30 millions de francs suisses, et rénovée pour 20 millions de francs supplémentaires.  

Les autres accusations portées contre le fondateur du Forum de Davos remontent à l’année dernière. Mondafrique en avait notamment parlé le 7 juillet 2024. Selon de multiples témoignages tout ne serait pas forcément très rose dans les bureaux de cette grande entreprise. On y parle de harcèlement sexuel, de femmes qui ont vu leur carrière bloquée après un retour de congé de maternité. Cheryl Martin, ancienne haut fonctionnaire dans l’administration de Barak Obama, devenue membre du conseil d’administration du WEF, qui avait voulu changer certains comportements, aurait été marginalisée, privée de ressources budgétaires. Elle a préféré démissionner en 2018.  On évoquait des centaines d’anciens employés « traumatisés ». Non seulement des femmes, mais aussi des personnes de couleur affirment avoir été écartées du rendez-vous annuel de janvier dans les Alpes suisses.

Dans le quotidien suisse Le Temps, le WEF précise que la décision a été prise à l’unanimité. Toutefois, les accusations « prises au sérieux ne sont pas prouvées ». Quant à Klaus Schwab, il réfute toutes les dénonciations à son encontre et annonce qu’il compte porter plainte pour diffamation. Peter Brabeck, l’ancien patron de Nestlé, a été désigné président par intérim pour remplacer le fondateur du WEF.  

(*) « Le Forum économique mondial ouvre une nouvelle enquête sur son fondateur, Klaus Schwab ».