Hervé Bopda, fils d’un milliardaire camerounais patron d’Afrique construction, décédé il y a trois ans, est accusé sur les réseaux sociaux d’avoir abusé d’une centaine de mineures qui auraient été souvent séquestrées sous la menace d’une arme. L’affaire fait grand bruit au Cameroun où de nombreux témoignages sont enregistrés chaque jour sans briser l’omerta des autorités judiciaires et politiques.
Bati Abouè
L’affaire Hervé Bopda, du nom d’un homme d’affaires influent de Douala, secoue profondément le Cameroun et suscite l’indignation à travers l’Afrique. Les révélations émergent principalement de témoignages partagés par l’influenceur des réseaux sociaux, Nzui Manto, faisant état de vi0ls, de violences, de séquestrations et de proxénétisme à grande échelle, qui impliqueraient Hervé Bopda et d’autres personnalités influentes.
Ce fils de milliardaire que des officiers de la garde républicaine camerounaise saluent avec respect dans des vidéos devenues virales depuis plusieurs jours, aurait été mêlé à un incroyable trafic sexuel à Bonaprizo, un quartier chic de Douala, au Cameroun. Pour sa propre « consommation » et pour des hommes hauts placés dans la société camerounaise amateurs de luxure. Les récits de personnes témoignant à visages découverts sont enregistrés chaque jour sur des médias sociaux locaux appelant les autorités publiques à se saisir de l’affaire sans parvenir au moindre résultat pour l’instant.
Selon ces témoins, de célèbres influenceuses bien connues, sustentées par l’homme d’affaires, serviraient d’appât en lui envoyant de jeunes filles dont l’âge varie entre 15 et 19 ans. Recrutées sur des plateformes internet pour devenir des mannequins de lingerie fine ou des égéries de grands couturiers à la mode, elles se retrouveraient piégées dès qu’elles arrivent au Picking money, une luxueuse demeure appartenant à M. Bopda. Les victimes sont d’abord mises en confiance au cours d’agapes bien arrosées, puis elles seraient invitées à poursuivre la soirée dans la luxueuse maison où des orgies immondes seraient organisées.
Un « Porta potty » camerounais
Cette histoire qui a tout du mode opératoire du scandale du porta potty qui a défrayé la chronique en 2022 à Dubaï, en Arabie-saoudite, a éclaté lorsqu’un jour, l’homme d’affaires aborde en plein jour une jeune fille attendant son taxi aux abords de la route. Son véhicule, une limousine de grande marque, barre d’abord la route au taxi qui tente de stationner à hauteur de la jeune fille, avant de s’immobiliser. Hervé Bopda baisse alors la vitre pour demander le numéro de téléphone de la jeune fille qui se plaint du ton méprisant du demandeur. Mais sa remarque moralisatrice ne plaît guère à l’hommes d’affaires qui la couvre d’insultes en lui vociférant qu’elle n’est rien avant de lui asséner plusieurs gifles. La jeune fille réagit alors en appelant à l’aide et en empoignant une pierre qu’elle menace de balancer sur le pare-brise du véhicule de l’homme d’affaire qui n’a pas encore démarré. Celui-ci dégaine alors son pistolet, menaçant de « tuer comme une chienne » celle qui tente de lui résister. La scène attire alors des passants tout comme des taxis motos qui accourent prestement. Des vigiles postés devant un immeuble, à quelques mètres de là, eux, croient reconnaître l’agresseur qui serait l’homme d’affaires Hervé Bopda, coutumier du fait selon eux, et montre sa photo qu’ils ont dans la mémoire de leur téléphone portable.
Lorsque la victime raconte son récit à un lanceur d’alertes avec cette photo en guise d’illustration, des dizaines de témoignages de victimes se succèdent sur la plateforme de celui-ci. De jeunes filles mais aussi de jeunes hommes détaillent les sévices qu’ils ont subis de la part de l’homme d’affaires. Certaines assurent avoir été séquestrées et violées, d’autres sodomisées. D’autres encore affirment avoir été contaminées par le virus de sida au sortir de ces orgies dont les traumatismes psychologiques restent pour toujours. Une des victimes indiquent même que ses parties génitales auraient enflé après des ébats avec l’homme d’affaires avant de sécréter des asticots.
L’absence de preuves formelles
Mais les influenceuses citées nient tout en bloc. Il est vrai, les victimes ne détiennent pas de preuves formelles. Car avant de franchir les portes du Picking money ou des luxueuses résidences essaimées dans tous les endroits chics de Yaoundé et de Douala par la famille Pobda, les « invitées » sont toujours priées de laisser leur téléphone au comptoir. Les orgies se passent en présence de personnes connues, des stars de musique locaux, des footballeurs professionnels… De fait, Bopda les tient en laisse puisqu’il prend toujours soin d’enregistrer tous ses ébats sexuels en couple ou en groupe qu’il s’agisse des hommes ou des femmes et qu’ils soient haut placés ou non.
En 2018, les premières enquêtes portant sur l’assassinat d’une jeune dame auraient directement mené à l’homme d’affaires avant qu’elles ne soient classées sans autre forme de procès. Hervé Pobda est en effet un homme très puissant lié à l’entourage direct du président Paul Biya, au pouvoir depuis une quarantaine d’années.
L’une des victimes raconte en effet qu’il aurait accompagné Hervé Pobda au Palais présidentiel puis à la résidence privée du chef de l’Etat Biya. Bref, il y a comme une espèce de clameur publique qui ne s’arrête pas au sujet de l’affaire Pobda. Ni la police, ni le procureur de la République n’ont jusqu’ici levé le plus petit doigt pour enquêter sur ces allégations de trafic sexuel, de proxénétisme et de pédophilie qui aurait pour unique tête de pont Hervé Pobda, un homme qui serait gardé par des dizaines d’hommes parmi lesquels les forces de l’ordre légales.