L’armée algérienne est sous le choc de l’évasion de l’ancien patron du contre espionnage, le général el Djinn. La ville d’Alger est quadrillée par les forces sécuritaires, plusieurs wilayas (préfectures) sont placées en état d’urgence. Selon plusieurs sources concordantes, un signalement de la fuite du général Abdelkader Haddad, alias Nacer el Djinn, a été transmis aux autorités espagnoles.
Dans le sillage de l’évasion du haut gradé, plusieurs arrestations et sanctions sont intervenues au sein de la DCSA, ce renseignement militaire qui est le bras armé de l’État major. Le chef de ce service prestigieux, le général chargé de l’arrestation et de la surveillance du général el Djinn, le général Mahrez Djeribi, aurait été écarté de ses fonctions d’après plusieurs sources crédibles. Or il s’agit d’un des gradés les plus proches du général Chengriha qui l’avait désigné voici quelques mois en mettant fin à sa retraite puis promu au grade de général en juillet dernier.
« Si la DCSA a vraiment joué un double jeu face à l’État-Major, alors que ce service est placé directement sous ses ordres et dispose des pouvoirs du piuissant DRS du général Toufik en fonctions jusqu’en 2015, note un bon connaisseur du sérail algérien, c’est que l’institution militaire est devenue un bateau ivre ».
Une vague d’arrestations
Le Lieutenant-colonel Hichem, officier du CPMI de Ben Aknoun (caserne Antar) au coeur de l’appareil sécuritaire, a été arrêté, tout comme Yahia Necib, procureur auprès du tribunal militaire de Blida et le fils du général Necib, ancien commandant des forces navales. Le colonel Fouad Boukhari, Procureur de la République adjoint près le tribunal militaire de Blida, démis de ses fonctions alors qu’il se trouvait en déplacement en Égypte. (Fils de l’ex directeur central de la justice militaire et actuel sénateur du tiers présidentiel le colonel Belkacem Boukhari)
Plus d’une quarantaine de personnes appartenant à l’entourage familial ou professionnel de Nacer el Djinn auraient été arrêtées.
Cette affaire révèle l’intensité d’un conflit interne majeur au sein des services de renseignement, de la justice militaire et de l’armée. Elle pourrait marquer une rupture nette dans le jeu d’alliances et de rivalités au sommet de l’État.
En attendant un communiqué officiel, une seule certitude demeure : la disparition de Nacer el Djinn plonge le cœur du régime algérien dans une nouvelle zone de turbulence, où la guerre des clans atteint un niveau explosif.