L’Arabie Saoudite aurait infiltré Wikipédia

 La guerre pour le contrôle de l’information fait rage entre les services secrets.

Les T »witter Files » ont révélé la collusion de la famille Biden – Joe Biden étant l’actuel président des Etats Unis – avec les anciens dirigeants de Twitter, ainsi que la censure exercée par le FBI au profit de la famille Biden. On apprend aujourd’hui que l’’Arabie saoudite a infiltré Wikipédia et placé des administrateurs au sein de l’encyclopédie en ligne en Arabie Saoudite.

Contrôler le contenu de Wikipedia.

Selon deux groupes d’activistes, Democracy for the Arab World Now (DAWN) et SMEX, basés à Beyrouth, Wikimedia, société mère de Wikipédia, a licencié, après enquête interne, tous ses administrateurs saoudiens en décembre. « L’enquête de Wikimedia a révélé que le gouvernement saoudien avait infiltré les plus hauts gradés de l’équipe de Wikipédia dans la région », ont déclaré jeudi Democracy for the Arab World Now (DAWN) et SMEX, basé respectivement à Washington et à Beyrouth, dans un communiqué commun.

« L’infiltration de Wikipédia par le gouvernement saoudien avec des agents du gouvernement agissant en tant qu’éditeurs indépendants et l’emprisonnement d’éditeurs indépendants démontrent l’utilisation persistante d’espions au sein d’organisations internationales, ainsi que les dangers de tenter de produire du contenu indépendant dans le pays (Arabie Saoudite », a déclaré Sarah. Leah Whitson, directrice exécutive de DAWN.

Précisions que Dawn est une ONG fondée par feu Jamal Kashoggi, le « journaliste » proche des Frères Musulmans, assassiné en 2018, par les services saoudiens.

L’absence de preuves

La Fondation Wikimedia, l’hébergeur de Wikipédia, qui a reconnu avoir mené une enquête interne, a déclaré jeudi 5 janvier que le communiqué de SMEX et DAWN comportait des « inexactitudes « . Les preuves d’une  « infiltration » de la plateforme par les autorités saoudiennes dans le but d’en influencer le contenu n’existeraient pas . Elle s’est bornée à reconnaître du bout des lèvres que certains utilisateurs désormais chassés de leurs postes « étaient peut-être saoudiens ». 

La fondation basée aux Etats-Unis a toutefois annoncé le bannissement de 16 bénévoles « qui présentaient des conflits d’intérêts lors de l’édition de projets (de pages) sur Wikipédia dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ». De manière un peu elliptique et sans porter d’accusations envers un pays en particulier, Wikimédia a affirmé que :

« Un certain nombre d’utilisateurs proches d’acteurs externes modifiaient la plateforme de manière coordonnée pour faire avancer l’agenda de ces acteurs.

« Bien que nous ne sachions pas vraiment où ils résident, les mesures visant les bénévoles, qui auraient pu être saoudiens, faisaient partie d’une action beaucoup plus large (…) à travers la région », a précisé vendredi Wikimedia.

Le gouvernement saoudien semble ne pas s’être borné à placer des proches au sein de Wikipedia-Saoudi Arabia. En septembre 2020, ce même gouvernement saoudien a arrêté Oussama Khalid et Ziyad al-Sofiani, deux administrateurs bénévoles de Wikipédia et les a condamnés à des peines de prison de 32 ans et huit ans, respectivement.

Selon DAWN et SMEX, les hommes ainsi poursuivis et emprisonnés ont été reconnus coupables d’avoir fourni des informations jugées critiques sur la persécution des militants politiques à l’intérieur de l’Arabie Saoudite. Le gouvernement saoudien n’a ni confirmé, ni infirmé ces informations.

S’il fallait une preuve supplémentaire que les grands réseaux d’information en ligne subissent la pression des services secrets de plusieurs grands pays, un tribunal de San Francisco a condamné Ahmad Abouammo, un double citoyen américano-libanais qui supervisait les partenariats médiatiques de Twitter dans la région MENA, à trois ans et demi de prison. Il a été reconnu coupable d’espionnage pour le compte de l’Arabie saoudite.