L’abandon humanitaire de la Syrie par l’Occident

Civilians and fighters sift through the rubble of a collapsed building looking for victims and survivors following an earthquake in the town of Jandaris, in the countryside of Syria's northwestern city of Afrin in the rebel-held part of Aleppo province, early on February 6, 2023. - At least 42 have been reportedly killed in north Syria after a 7.8-magnitude earthquake that originated in Turkey and was felt across neighbouring countries. (Photo by Rami al SAYED / AFP)

L’Organisation mondiale de la santé évalue le bilan du séisme en Turquie et en Syrie  à 30000 et 2,6 millions de sinistrés dont « environ cinq millions de personnes vulnérables ». Elle a lancé, samedi, un appel urgent pour collecter 42,8 millions de dollars. 

Si le ciel de la Turquie, membre de l’OTAN; est saturé d’avions en provenance du monde entier, il n’en est pas de même pour les cieux syriens. Seule une vingtaine d’Etats, dont entre autres la Russie, l’Iran, l’Algérie et le Liban,  a osé braver les sanctions pour venir au secours des populations sinistrées en Syrie, soit 3600 morts sur les 30000.

La planète reste divisée même face à une tragédie humanitaire qui pourrait voir le nombre total de morts atteindre le chiffre de 60000 dans les deux pays touchés. 

Ce tremblement de terre montre que même devant une telle urgence humanitaire une politique des doubles standards occidentaux persiste.

Un cri de désespoir

Sur les réseaux sociaux, une jeune syrienne crie son désespoir « Nous sommes des humains. Depuis le début de la guerre nous manquons de tout, de tout ce qu’un être humain à besoin, d’eau, d’électricité, de nourriture et maintenant nous sommes victimes d’un tremblement de terre. Des enfants ont perdu toute leur famille, des gens sont sans-abri…».  La jeune femme conclu en demandant de l’aide et en montrant une carte des survols au-dessus de la Turquie et de la Syrie.

En visite à Alep le 10 février, La nouvelle présidente de la Croix rouge internationale, Mirjana Spoljaric a constaté la catastrophe  et a exhorté les Etats à ne pas « politiser l’aide ». Visiblement le compte n’y est pas.

Les premiers à s’affranchir des sanctions occidentales mises en place depuis 2011 et à débarquer sur l’aéroport d’Alep ont été les Algériens.

Une vingtaine de pays au rendez-vous

Peu de pays se sont précipités pour apporter leur aide en Syrie. Les premiers à s’affranchir des sanctions occidentales mises en place depuis 2011 et à débarquer sur l’aéroport d’Alep ont été les Algériens. Leurs équipes de secours sont arrivées à bord de deux avions, et Alger a octroyé une aide de 15 millions de dollars à Damas.

Les Emirats arabes unis ont suivi avec un avion-cargo et une enveloppe de 59,7 millions de dollars. Dans la foulée, un autre aéronef a atterri sur le sol syrien en provenance d’un autre pays que l’on n’attendait pas forcément au rendez-vous de la solidarité compte tenu des crises qu’il connaît, il s’agit de la Libye. Sans oublier le Liban, qui malgré sa situation économique catastrophique n’a pas lésiné sur les moyens.

Bien entendu, l’Iran et la Russie, les alliés de Damas, présents sur place ont apporté leur secours dès les premières heures. La Chine, l’Inde, Cuba et le Venezuela ont également envoyé des équipes de sauveteurs et/ou mis la main au portefeuille.

Au total, seule une vingtaine de pays ont été solidaires des victimes du séisme qu’elles soient turques ou syriennes, car presque tous les pays précités ont porté secours aux deux pays.

Les occidentaux n’accepteraient d’intevenir que dans la région d’Idlib qui n’est pas sous le contrôle de Damas

Les doubles standards occidentaux

Quant aux Occidentaux, à l’exception de l’Italie qui a envoyé une équipe de 4 chirurgiens et une cargaison d’aide humanitaire via le Croissant rouge syrien, ils ont concentré leurs moyens sur la seule Turquie. La France, l’Allemagne et les Etats-Unis auraient souhaité n’intervenir que dans la région d’Idlib qui n’est pas sous le contrôle de Damas, mais le théâtre de la lutte entre des groupes armés, certains djihadistes, d’autres kurdes et d’autres enfin gouvernementaux.

Cependant, en vertu des derniers accords passés aux Nations Unies, il n’existe qu’un seul point de passage, celui de Bab el Hawa, entre la Turquie et la Syrie, ce qui suppose de négocier avec les autorités syriennes. Les Occidentaux refusent de traiter avec le régime de Bachar Al-Assad l’aide dans la zone tenue par les rebelles se fait attendre. Martin Griffiths, chef de l’humanitaire à l’ONU a déclaré le 12 février : « Jusqu’à présent, nous avons laissé tomber les habitants du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés. »

Dans ce pays déjà ravagé par douze ans de guerre, tous se sentent donc abandonnés. Les sanctions économiques ont fini de laminer le pays, même si des secours réussissent à arriver, il manque des engins de chantier, des grues pour soulever les blocs de béton, des tractopelles pour secourir les personnes sous les décombres.

L’apel à la fin de l’embargo

Les appels à lever les sanctions sont de plus en plus nombreux. La Chine a solennellement appelé les Etats-Unis à les lever pour permettre « à la communauté internationale de fournir une aide d’urgence aux victimes. » le 11 février, Washington a fini par faire un geste en accordant une exemption de six mois pour l’aide humanitaire. La diaspora de transférer toujours pas de fonds. Des avions peuvent simplement atterrir sans risquer le courroux de l’oncle Sam. 

Et en attendant, la population meurt de froid, de faim ou sous les décombres. A cette heure, le séisme a fait plus de 3500 morts et on compte plus de 3,5 millions de sans-abris.

 

                                        La mobilisation de la communauté Sant’Egidio

Le terrible tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie a fait des milliers de victimes et détruit une région vaste et peuplée. Depuis, les images de cette tragédie défilent sous nos yeux, nous montrant la souffrance des populations déjà touchées par 12 ans de guerre. Nous ne pouvons pas rester indifférents.
Nous sommes en contact avec l’Église latine de Syrie et avec de nombreuses familles syriennes sur place, à travers les réfugiés arrivés par les couloirs humanitaires en Italie et en France. Malheureusement, certains ont appris qu’ils avaient perdu des proches. C’est une situation très grave et angoissante qui affecte le peuple syrien, là où la guerre a déjà apporté d’énormes destructions. Une épidémie de choléra est également en cours et les établissements de santé du pays sont détruits.
La Communauté de Sant’Egidio, à travers des communautés chrétiennes de Syrie qu’elle connaît, prépare l’envoi d’une aide humanitaire urgente, notamment à Alep et Idlib. Nous demandons à chacun de soutenir cet engagement par un geste de solidarité. 

FAIRE UN DON MAINTENANT

  • par chèque à l’ordre de Sant’Egidio / 14-18, rue de Bièvre 75005 Paris
  • par don en ligne : lien sécurisé (préciser « Urgence Syrie »)
La Communauté a également lancé un appel à la suspension des sanctions internationales contre la Syrie pour faciliter l’accès de l’aide humanitaire : en savoir plus 
En vous remerciant par avance pour votre générosité.
La Communauté de Sant’Egidio

 

 

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