La visite décisive à Paris du Premier ministre irakien Mohammed Shia Al-Sudani

Attendu le 26 janvier pour une première visite en France, le premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani entend bien pousser Paris à dynamiser ses investissements en Irak.

Le Premier ministre irakien, Mohammad Shia al-Sudani, a affirmé que son pays devrait reconsidérer ses relations avec la coalition internationale, expliquant que Bagdad n’a plus besoin des forces étrangères de la coalition pour combattre, mais pour assurer un rôle de conseil et de formation auprès des forces irakiennes.

C’est ce qui ressort d’une tribune d’Al-Sudani, publiée par l’agence de presse officielle irakienne et le quotidien français Le Monde, la veille de sa visite à Paris, prévue jeudi 26 janvier.

Al-Sudani a déclaré que son pays souhaitait renforcer la coopération militaire et sécuritaire avec la partie française, « en vue d’améliorer les capacités de combat de nos forces de sécurité », ajoutant que « cet objectif est en passe d’être atteint ». Par ailleurs, le contrat de TotalEnergies dans le pays, toujours dans l’impasse, sera au cœur des échanges franco-irakiens.

Mondafrique s’entretient avec Fadhel Ali OTHMAN, qui fut le conseiller de plusieurs ministres irakiens du pétrole et le Directeur général de la société nationale d’hydrocarbures (SOMO) jusqu’en 1994. Il participa, à ce titre,  à des négociations encore peu connues avec les majors français de l’époque, ELF Aquitaine et Total

Fadhel Ali OTHMAN fut jusqu’en 1994 le patron de la société nationale irakienne des hydrocarbures avant d’être ensuite un conseiller spécial de grands compathies occidentales dont Total.

Mondafrique: Le Premier ministre irakien, Mohammed Shia Al-Sudani, est à Paris depuis mercredi matin.  Ce voyage a une signification et une portée inhabituelles. Vous êtes l’une des personnalités les plus respectées de l’industrie pétrolière irakienne et l’un de ses pionniers. Vous avez vécu la grande époque de Saddam Hussein et vous avez assisté à la fin de son Régime. Il y a 32 ans, jour pour jour, vous avez vécu sur place la Guerre du Golfe et ses bouleversements ; vous vous êtes retrouvé alors à la tête du puissant organisme d’exportation du Pétrole irakien, la « SOMO » (State Oil Marketing Organization) que courtisaient alors les Majors du monde entier. Quelle impression en gardez-vous à la lumière des circonstances actuelles ?  

Fadhel Ali OTHMAN Une profonde amertume. Et dans les circonstances actuelles, une effrayante impression de déjà-vu. Des facteurs exceptionnels d’ordre à la fois politique, économique, social et sécuritaire affectant le monde entier ont transformé le Moyen-Orient, jusqu’à le détruire presque entièrement, en quarante ans de folie. À cause du Pérole.

L’Irak a eu sa part de responsabilité. Notre conflit avec l’Iran voisin entre 1980 et 1988 ne se justifiait pas ; notre invasion inconsidérée du Koweït non plus. Mais la responsabilité de l’occident dans ce désastre est encore plus lourde que la nôtre. Les historiens feront un travail de mémoire à la lumière des circonstances actuelles ! Et des comparaisons. Il est dommage que cela n’ait pas été encore fait, car J’ai l’impression de revivre aujourd’hui une même catastrophe multipliée par dix, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies avait imposé à l’Irak, entre 1990 à 2003, un jeu de sanctions inégalées à ce jour. Les exportations de Pétrole Brut à partir d’Irak furent réduites à quelques livraisons par camion à la raffinerie jordanienne de Zarqa. Personne n’a osé s’insurger contre la brutalité de cet embargo qui traduisait la façon dont les grandes puissances comme les États-Unis et la Grande-Bretagne entendaient régler les affaires du monde.

Je me suis retrouvé à la tête de la SOMO, lorsqu’en 1990, en pleine tourmente, quand son directeur général d’alors a été désigné pour le poste de secrétaire général adjoint de l’OPEC et après qu’un expert financier très compétent ait été nommé pour le remplacer. Ce dernier n’occupa cette fonction que pour deux mois, ne connaissant rien au Pétrole. J’étais son adjoint, quoique n’étant pas membre du parti Baas et je savais ce que c’était que le Pétrole. J’ai démissionné de cette fonction en 1996, au moment de la mise en œuvre de l’opération Pétrole contre nourriture.

À ce titre de Directeur général de la SOMO, vous avez activement participé à des négociations encore peu connues avec les majors français de l’époque, ELF Aquitaine et Total. Ils s’étaient vu offrir, dès l’arrêt des hostilités en 1991, le développement et l’exploitation de deux gisements géants avec l’assentiment des deux présidents Mitterrand et Saddam Hussein. Pourquoi ce contrat du siècle ? Et pourquoi les négociations n’ont-elles finalement pas abouti. Quels souvenirs en avez-vous gardé ?

La SOMO était la principale source de revenus du pays.  Elle alimentait le budget national et était chargée de régler les dettes internationales de l’État, notamment les sommes que nous devions à l’Union Soviétique après la guerre contre l’Iran. Son conseil d’administration était présidé par le ministre du Pétrole. Y siégeaient, en plus des dirigeants de la SOMO, le gouverneur de la Banque Centrale d’Irak et le premier conseiller à la présidence de la République ; ce comité, mis en place par le fondateur de la SOMO, le Dr Ramzi Salman, supervisait de manière aussi discrète qu’efficace nos relations avec les principales compagnies pétrolières internationales.

Lorsque l’État décida -immédiatement après l’armistice – de se rapprocher de la France et que la décision fut prise par les deux présidences de choisir ELF et Total comme vecteurs, la SOMO a été naturellement désignée pour créer le lien avec ces sociétés et pour entamer avec elles des négociations dans ses bureaux, qui étaient mieux équipés et plus discrets que ceux du ministère pour engager des pourparlers.

J’ai participé personnellement à ces négociations entre 1991 et 1996, d’autant plus que, ayant été auparavant le directeur général de l’ingénierie de la South Oil Company jusqu’à la création de la Iraq National Oil Company, j’étais familier des deux gisements de Pétrole choisis pour être confiés aux Français. Le cadre contractuel du « partage de production ». leur avait été exceptionnellement accordé. Il s’agissait respectivement des champs de Majnoon et de Nahr Umr, autrefois étudiés par la compagnie brésilienne « Braspetro ».

J’ai été encouragé à poursuivre ce projet par la présence d’un Français, doublement expert en politique et en Pétrole, qui comprenait bien l’Irak au sein des équipes d’ELF et de Total, et j’étais allé jusqu’à inciter les négociateurs de ces deux groupes à signer d’avance leur page blanche en laissant le ministère irakien la remplir ensuite à leur place. Le comportement des Américains et les Anglais dans cette affaire du Koweït avait été tel que n’avions plus devant nous raisonnablement que la France pour nous aider à développer ces deux gisements d’un potentiel respectif de 20 milliards de barils de réserve et d’une capacité de production chacun d’un million de barils par jour.

Les négociations s’échelonnèrent sur plusieurs années. Les juristes des deux côtés rivalisèrent de talent pour peaufiner un contrat satisfaisant, jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne contrecarrer le premier élan des deux côtés : un changement d’humeur politique dans une France de plus en plus frileuse devant les sanctions – (NDLR un gouvernement de cohabitation dirigé par Edouard Balladur) – et le constat fait par l’Irak qu’un pays voisin rivalisait avec lui en négociant de mêmes contrats de partage de production et la demande faite alors aux Français de s’aligner sur des conditions contractuelles moins favorables que prévu.

Les exportations de Brut avaient repris dans le cadre  de l’opération Oil for food et les candidats acheteurs se bousculaient aux portes.

Si n’avait été ce monumental raté, l’Irak et la France seraient aujourd’hui devenus beaucoup plus proches encore. ELF Aquitaine et Total seraient devenues les deux plus grosses compagnies pétrolières du monde. Et c’est très dommage que cela ne soit pas arrivé.

Le fait est que l’Irak n’a pas eu depuis de politique pétrolière très claire. Nos dirigeants confondent la politique pétrolière avec les activités industrielles spécifiques au Pétrole et au Gaz. L’industrie pétrolière irakienne est une partie de l’industrie pétrolière mondiale, à laquelle elle est connectée. De 2003 à 2009, le ministère du Pétrole n’a pas été capable en Irak d’augmenter significativement la production. C’est dû à l’absence d’investissement et à l’écroulement des prix du Brut en 2008. Le ministère organisa ensuite des séries (1, 2, 3 & 4)  d’appels d’offres, et la production augmenta un peu.

Mais, à partir de 2014, les exploits de Daech furent tels que le territoire national fut amputé d’un tiers. Le gouvernement ne payait plus les contractuels étranger que partiellement. Beaucoup de compagnies étrangères quittèrent alors le pays qu’elles abandonnèrent à la Chine et aux compagnies chinoises prêtes à venir travailler en Irak. Voilà où nous en sommes.

L’annonce faites par TotalEnergies de la signature de mirobolants contrats ; d’ailleurs pour l’instant en carafe – vous dites « dans l’impasse » – ne change pas grand-chose à la donne, car il s’agit de presque tout sauf de Pétrole.

Vous appartenez à une ancienne famille de Bassorah, et vous êtes de confession Chiite. En raison de vos compétences, vous comptiez parmi les plus influents cadres de la haute Administration Irakienne à l’époque de Saddam Hussein. Vous n’étiez pourtant pas membre du parti Baas. Et vous étiez et vous êtes resté unanimement admiré et respecté dans le Pays. Vous avez refusé même à plusieurs reprises le poste de ministre du Pétrole. Pouvez-vous nous parler, avec le recul que vous avez maintenant, de Saddam Hussein, des « années Saddam » et de la période qui a suivi. Qui est responsable de quoi ?

Pendant 35 ans de bons et loyaux services je n’ai jamais cherché à occuper des postes de responsabilité politique au sein du ministère du Pétrole. Je conçois humblement que ceci soit difficile à comprendre. Je suis originaire du gouvernorat de Bassorah, où les gens se caractérisent par leur gentillesse et leur politesse et font partie d’une société Chiite qui n’a jamais joué de rôle politique et qui déteste – historiquement – toutes les affiliations de nature politique ou d’ordre tribal et ethnique, considérées comme sectaires. Les raisons pour lesquelles j’ai fini par occuper des postes importants dans l’industrie pétrolière du pays doivent se trouver dans mon expérience de gestionnaire et mes qualifications d’ingénieur. Après mon diplôme à l’Université de Londres, j’ai effectué un stage de forage et production de 13 mois à l’Institut français du Pétrole suivi d’un autre plus court aux États-Unis.

Je dois reconnaître, en tant qu’Irakien loyal et juste, que les années d’or de la période de gouvernement de Saddam Hussein ont été bénéfique pour l’Irak, c’est-à-dire de 1972 jusqu’à la guerre tragique de 1980. Le Commandement Révolutionnaire donnait carte blanche au ministère du Pétrole pour agir et développer l’industrie nationale du Pétrole sans la moindre interférence. L’ordre du jour était de développer au mieux l’industrie et l’infrastructure pétrolière du pays. Et c’est ce qui a été fait.

Certains spécialistes estiment que l’Irak recouvre les plus importantes réserves de Pétrole de la planète. L’Irak devrait avoir aujourd’hui l’économie la plus florissante du monde. En 2009, le ministre Thamer Ghadban tablait sur une production de 12 Mb/j en 2025. Avant la guerre du Golfe, la production de Pétrole atteignait 3,5 Mb/j jour.  Elle a atteint 4,4 Mb/j (millions de barils par jour) en moyenne en 2016, au quatrième rang mondial derrière les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite, avec des exportations records de 4,1 Mb/j en novembre 2016 et, depuis lors, elle stagne. Que s’est-il passé ?

S’agissant des réserves de Pétrole Brut, depuis 1927, l’Irak a identifié plus de 520 anomalies géologiques dans son sous-sol. 120 gisements ont été découverts et prouvés comme productifs, mais seulement 50 d’entre eux sont actuellement en production dans tout l’Irak.

Entre 1927 et 1960, l’Irak n’a jamais été satisfait par les compagnies étrangères sur son sol. En 1960, le gouvernement a dû passer une loi par laquelle il reprenait 99,5 % des concessions qui avaient été allouées aux compagnies étrangères. Celles-ci évaluaient alors les réserves du pays à 35 milliards de milliards (BB)de barils.

Lorsque la National Oil Company fut constituée en 1964, un consultant américain aidé d’un équipe locale dont je faisais partie au sein de cette nouvelle entité, a repris les calculs de la Basrah Petroluem Company pour arriver à la conclusion que les réserves nationales potentielles atteignaient 102 milliards de milliards (BB) de barils.

Pour des raisons sécuritaires, et de même que d’autres membres de l’OPEC, l’Irak ne publiait pas de chiffres trop avantageux et ce n’est qu’à partir des années quatre-vingt que le niveau de 143 BB de barils fut officialisé. Mais certains instituts et différents experts internationaux de renom portent aujourd’hui ce chiffre à 205 BB.

En réalité, le sous-sol irakien est loin d’avoir été complètement exploré. Le taux de réussite des forages pratiqués atteint le chiffre hallucinant de 75 %. Et c’est pourquoi les experts les plus sérieux estiment que les réserves du pays sont encore plus considérables, sachant que lorsque l’on fore plus profond, il se trouve encore des réservoirs inattendus

Lors des séries d’appels d’offres de la fin du siècle dernier pour l’octroi de permis d’exploration et de production portant sur différents gisements connus, les critères retenus étaient d’une part l’objectif et l’engagement de production dans le temps et d’autre part la rémunération du candidat. Ce mode de compétition était tel que les compagnies les plus capables et les plus sérieuses se désistèrent. L’ambition des autorités avait été d’atteindre le niveau de production de 6 millions de barils par jour sous 5 ans.

Ce niveau n’a pas été atteint, loin de là. Aujourd’hui, le ministère du Pétrole se donne comme objectif une production de 7 à 8 millions de barils par jour en 2030. Pour ma part, j’estime que le niveau de 10 millions de barils par jour serait même possible, mais à condition de recourir à des technologies appropriées. L’Irak s’est embarque en 2016 dans un mega-projet d’injection d’eau, dont le retard d’exécution, conjugué avec la création soudaine de « l’OPEC plus », a donné un coup d’arrêt à l’expansion des moyens de production du pays.

À chaque réunion de « l’OPEC plus » l’allocation du quota irakien de production a été limitée à un plafond de 4,5 à 4,1 mbpj. De telles restrictions de production expliquent pourquoi le gouvernement n’a pas jugé bon de payer des compagnies étrangères pour augmenter leur production au-delà des quotas imposés. L’investissement en Irak s’en est ressenti tous azimuts.

Certaines sociétés ont jeté l’éponge et sont parties. Il aurait été possible d’organiser l’augmentation de la capacité sans aller jusqu’à produire et de compenser alors les investisseurs pour ça, mais cela n’a pas été fait, alors que c’était le cas en Arabie saoudite, aux Émirats Arabes Unis (EAU) et au Koweït. La pandémie du Covid 19 en Chine et dans le monde a achevé de décourager l’investissement. Depuis 2016, on peut dire que l’industrie pétrolière en Irak est sinistrée, son essor ayant été paralysé.

L’idée est venue aux EAU de ruer dans les brancards en menaçant de quitter l’OPEC Plus parce que leur quota de production était limité à 3 millions de barils par jour. alors que leur capacité de production dépassait les 4 millions et allait atteindre les 5 millions.  Cette attitude payante contraste avec celle de l’Irak qui pense confortablement que sa capacité de production actuelle lui suffit pour couvrir ses besoins budgétaires et qu’il n’a pas besoin de produire plus.

La conséquence de de goulot d’étranglement artificiel – de cette cartellisation – est que l’on se réveille aujourd’hui avec un déficit structurel de moyens de production à l’échelle du monde. Les sanctions aggravent ce phénomène et les prix du Pétrole et du Gaz qui devraient baisser, vont continuer d’augmenter sous la pression de l’Offre et de la Demande, sans possibilité d’ajustement. Ces prix ne sont pas élastiques. Il existe un temps de latence entre la décision d’investir dans la production et le résultat de telles décisions.

 La création de l’OPEP + qui réunit dans le même tour de table décisionnel les anciens membres de l’OPEP dont l’Irak avait été l’un des membres fondateurs représente-t-elle un plus pour votre pays ? Certains pensent que l’Organisation est devenue un organisme politique à la botte de l’Arabie saoudite et de la Russie et qu’elle a été déviée de sa mission initiale. Qu’en pensez-vous ?

Malheureusement, l’OPEP Plus ne se préoccupe pas de surveiller attentivement qui produit quoi et quelles sont les capacités de production de chacun et comment elles évoluent. Il se contente de faire en sorte que le niveau de prix du baril ne tombe pas durablement en dessous de 80$ par baril.

J’estime et je l’ai écrit que l’OPEC est morte en 2016 mais qu’elle s’est ressuscitée quand l’OPEC Plus a été formée. J’ai classifié ses membres par catégories, celle de colombes et celle des faucons. La Russie, les EAU et l’Arabie saoudite sont des faucons. Les autres membres ne peuvent que suivre, n’ayant pas la force politique ou le poids économique pour objecter aux décision de ce triumvirat.

Il serait temps, pourtant, que les colombes réalisent que le baril d’huile n’a plus de caractère stratégique et qu’il est devenu un baril commercial assujetti aux fluctuations du marché financier mondial.

Les évènements d’Ukraine ont précipité l’économie mondiale dans une spirale inflationniste et semblent conduire au rétablissement d’un rideau de fer et d’une nouvelle ligne de Yalta. Qu’en pensez-vous ? Qui sera le gagnant de la fin de la mondialisation ?

L’économie mondiale était déjà dans une spirale inflationniste avant les évènements d’Ukraine. L’opération spéciale militaire russe – la guerre – a plongé l’Europe dans une crise énergétique sans précédent. Ce sont les sanctions que le monde occidental a prises à l’encontre de la Russie qui ont achevé de déstabiliser le marché global de l’énergie, en ajoutant un problème de plus au marasme économique ambiant.

L’OPEC Plus a considérablement aidé la Russie, beaucoup plus que ses autres membres, dont la plupart ont adopté des positions de neutralité par rapport au conflit et ne suivent pas les États-Unis et l’Europe dans leur mesures punitives.

Une guerre moderne  de ce type ne produit ni de vainqueur ni de vaincu. Celle-ci pousse la Chine à se rapprocher de la Russie et la Russie de l’Iran. Le gagnant sera définitivement la Chine, qui est l’usine du monde. 

Vous qui avez dirigé l’un des plus gros exportateurs de Brut, comment voyez-vous la « fixation des prix » en différentes monnaies selon les destinations et les acheteurs ?

J’ai personnellement toujours pensé que l’OPEC devrait tendre vers le respect d’un prix plancher et d’un prix plafond. Non pas pour des raisons politiques mais simplement pour aider les pays importateurs consommateurs à équilibrer leurs budgets annuels en conséquence. L’utilisation de monnaies différentes en raison de pressions politiques va à l’encontre de la stabilité et de la prévisibilité utiles à la fluidification des échanges.

Que pensez-vous de l’évolution des relations bilatérales entre l’Irak et la France et sur les relations internationales dans le monde d’aujourd’hui. La fragmentation de la mondialisation ne va-t-elle pas aller jusqu’à la séparation entre plusieurs mondes ?

Pendant  longtemps, en raison d’échanges inter-méditerranéens constants depuis les pèlerinages de la Chrétienté à Jérusalem antérieurs et postérieurs aux croisades, la France a développé une réelle proximité avec le Liban et la Syrie. S’agissant de l’Irak, nous pouvons remonter à Charlemagne, empereur des Francs, et à Haroun al-Rachid, qui s’échangeaient des cadeaux somptuaires. Puis il y a eu … Saddam Hussein, qui avait deux amis, les Russes et les Français. Aujourd’hui, il y a l’actuel gouvernement irakien.

La « formation « dite Bagdad 1 suivie de Bagdad 2 amorce un retour de l’Histoire sur elle-même. Le sujet est sensible. Notre Premier ministre vient en France. Quoi de plus encourageant ! Réservez-lui le meilleur des accueils.

Nous sommes du même monde.

Fadhel Ali OTHMAN