« La Turquie est-elle encore une démocratie ? », s’interroge, samedi 22 mars, le New York Times quelques jours après l’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, quatre jours avant que le principal opposant du président Recep Tayyip Erdogan devienne le candidat désigné de son parti pour les prochaines élections présidentielles. L’édile d’Istanbul est notamment accusé de corruption et de collusion avec les Kurdes de l’organisation interdite du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
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« Ce qui est en jeu aujourd’hui n’est pas seulement de savoir qui sera le prochain président de la Turquie mais jusqu’à quel point la Turquie, l’une des vingt plus grandes économies de la planète et un allié des Etats-Unis au sein de l’OTAN reste encore une démocratie », écrit le grand quotidien new yorkais.
Affaibli dans les sondages et de plus en plus impopulaire en raison de l’inflation, le président Erdogan aurait ainsi choisi la manière forte pour se débarrasser de son concurrent le plus sérieux, provoquant une indignation populaire de grande envergure, comme le montre l’ampleur des manifestations de soutien à Ekrem Imamoglu qui ont envoyé des centaines de milliers de manifestants protester dans plusieurs villes du pays.
« La Turquie n’a certes jamais été une démocratie parfaite mais oser arrêter un candidat aux présidentielles revient à élever le niveau d’imperfection à un autre niveau », ironise, dans le même article, la doctorante spécialiste de la politique turque Arife Kose, étudiante à l’université d’East Anglia, en Grande Bretagne. En fait, ajoute-t-elle, « cela signifie que la Turquie se rapproche d’un système pleinement autoritaire ».
La Turquie pourrait ainsi entrer dans la triste ligue du monde des « illibéraux », celui qui inclut des pays où sont organisées des élections n’ayant aucune incidence sur le paysage politique, comme « la Russie, la Biélorussie ou l’Azerbaïdjan » remarque de son côté, toujours dans le même article, le professeur de droit de l’université d’Istanbul Hasan Sinar : « Dans ces pays des élections ont lieu mais ces scrutins ne sont que d’apparence car leurs présidents désignent celui qui sera le candidat de l’opposition contre lui lors du scrutin ». Laissant ainsi entendre que la Turquie pourrait donc bien être le prochain pays de cette sombre liste…