La Turquie commémore la résistance face au putsch de 2016

Pour la neuvième année consécutive la Turquie a commémoré l’échec du coup d’Etat du 15 juillet 2016. Instaurée depuis 2017, la journée de la Démocratie et de l’Unité est devenue une fête nationale rythmée par des cérémonies officielles à Ankara et dans tout le pays.

Dans les villes de tout le pays des rassemblements ont eu lieu devant des monuments et des lieux symboliques particulièrement à Istanbul.  Sur l’actuel Pont des Martyrs du 15 juillet, théâtre des affrontements en 2016, des familles de victimes ont allumé des bougies, déposé des fleurs et récité des prières.

A Ankara, le président Recep Tayyip Erdogan a présidé les cérémonies en présence de responsables politiques. Des minutes de silence ont eu lieu en hommage aux 251 personnes tuées et aux milliers de blessés lors de ce coup d’Etat manqué. Le chef de l’Etat turc a réitéré sa vision stratégique pour le centenaire de la République le « Siècle de la Turquie.  Il  n’a pas manqué non plus de réaffirmer sa volonté de lutter contre le mouvement FETO et de son mentor Fethullah Gülen accusé d’être l’auteur du putsch raté.

L’Afrique au rendez-vous

Ces commémorations ont évidemment été abondamment relayées par la presse nationale, mais également par la presse internationale. Pas moins de 120 médias étrangers participaient à cet anniversaire. A lui seul, ce rassemblement était caractéristique à la fois des bouleversements de l’ordre mondial et des nouvelles alliances de l’Etat turc. La presse occidentale était assez peu représentée alors que l’Afrique comptait de nombreux journalistes, avec notamment des représentants de l’Afrique du Sud, du Nigéria, du Ghana de l’Angola, du Sénégal.

Au-delà des discours officiels, cette commémoration montre aussi comment la Turquie tisse aujourd’hui de nouveaux partenariats et affirme son influence, notamment en direction de l’Afrique. La présence forte des médias africains souligne l’importance croissante de ces liens, symboles d’une Turquie qui, tout en se souvenant de son passé, se projette comme un acteur incontournable sur la scène internationale. Le souvenir du 15 juillet 2016 devient ainsi un moment de rassemblement national, mais aussi un levier pour affirmer une diplomatie ambitieuse.

Article précédentLe sacre d’Erdogan (volet 1), l’Empire ottoman rescussité
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)