Cinéma engagé, littérature poignante, artisanat innovant, mode éblouissante, musiques métissées… la culture africaine n’en finit pas de rayonner. Nous vous invitons à découvrir toute la richesse et la créativité du continent et de sa diaspora à travers notre sélection de la semaine.
- African Film Festival à Kisumu, le tremplin des nouveaux talents
Les 6 et 7 décembre, tous les regards cinéphiles se tournent vers Kisumu. La cité kényane accueille le African Film Festival (AFF), une célébration du 7e art africain avec un focus sur les réalisateurs émergents. Courts-métrages, documentaires, fictions… Près de 50 films, tournés au moins partiellement sur le continent, sont en lice. Répartis en quatre catégories – Afrique de l’Est, Espaces panafricains, Diasporas et Regards extérieurs – ils dévoilent la richesse et la diversité des cinémas d’Afrique.
Une sélection pointue, reflet des enjeux contemporains, établie par un jury de programmateurs chevronnés. Mais au-delà des prix, l’AFF se veut un espace de rencontres et d’échanges pour bâtir le cinéma africain de demain. Masterclasses, tables rondes, projections spéciales… Un rendez-vous incontournable pour prendre le pouls d’une création bouillonnante.
- L’Afrique à Paris : le Salon Made in Africa ou l’Artisanat 2.0
Le savoir-faire artisanal africain s’invite dans la capitale française les 6 et 7 décembre. Niché à l’Espace Mas, le Salon Made in Africa célèbre la création manuelle du continent sous toutes ses coutures. Objets déco, sculptures, bijoux, textiles… Près d’une centaine d’exposants venus des quatre coins de l’Afrique présentent des pièces uniques, alliant techniques ancestrales et touches contemporaines.
Des podiums mettent en scène des défilés hauts en couleur, tandis que des ateliers initient petits et grands aux secrets des artisans. L’innovation est aussi au rendez-vous, avec des démonstrations de technologies appliquées à l’artisanat. Du wax imprimé en 3D aux bijoux connectés, la tradition fait bon ménage avec la modernité. Le tout dans une ambiance festive rythmée par des concerts et des performances. Un voyage au cœur du génie créatif africain, à deux pas de la Seine!
- Le Festival Africolor met le feu à Montreuil
Le Festival Africolor, grand moment des musiques africaines en Île-de-France, fait escale à Montreuil le 6 décembre. Au programme de cette soirée magique à la Maison Populaire : « L’Afrique en-chante Kassav », un spectacle explosif qui revisite les tubes du groupe antillais. Aux côtés du trompettiste burkinabé Fabrizio Rat et de la volcanique chanteuse ivoirienne Ophélia Hié, une dizaine d’artistes rendent hommage au célèbre zouk-love.
Mais Africolor, c’est bien plus qu’une soirée. Du 15 novembre au 24 décembre, le festival investit plusieurs villes de la région pour faire entendre toute la diversité des musiques africaines. Des stars de la rumba congolaise aux pionniers de l’afrobeat, des griots mandingues aux nouvelles voix du rock subsaharien… Un foisonnement de talents, pour réchauffer les longues soirées d’hiver.
- Dakar, capitale de la mode : la Dakar Fashion Week fait son show
La mode africaine a rendez-vous avec l’histoire du 5 au 8 décembre à Dakar. Pour sa 21e édition, la Dakar Fashion Week investit le majestueux Parc Zoologique de Hann. Un écrin de verdure inédit pour les défilés éblouissants orchestrés par Adama Paris, grande prêtresse de l’événement. Près de 30 créateurs, venus du Sénégal mais aussi de Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Congo ou encore du Gabon, présentent leurs collections au fil de soirées glamour.
Pantalons fluides, robes asymétriques, imprimés graphiques, drapés sensuels… Les silhouettes célèbrent l’inventivité et l’audace de la jeune création africaine, qui ne cesse de séduire les fashionistas des quatre coins du globe. Des podiums à la vie de la cité, l’effervescence est palpable. Pop-up stores, expositions, fêtes… La Dakar Fashion Week s’impose comme le rendez-vous pour prendre le pouls de la mode de demain.
- Véronique Tadjo, ivoirienne, sublime la nuit
Dans son recueil Je remercie la nuit, paru aux éditions Don Quichotte, l’écrivaine ivoirienne Véronique Tadjo explore les mystères et les promesses de l’obscurité à travers une poésie ciselée et lumineuse. La nuit se dessine sous sa plume comme un espace de possibles, un écrin pour les rêves et les révélations intimes.
Au fil des pages, l’auteure convoque les éléments – lune, étoiles, vent, arbres – comme autant de présences complices. Elle y sonde aussi les méandres de l’identité, le poids des héritages, les blessures de l’Histoire. Mais toujours avec ce regard empreint d’émerveillement, pour finir par remercier la nuit « d’être là, si pleine de vie et de promesses ». Un recueil puissant et poétique.
- Un essai décapant : Le Petit guide de la Françafrique
Autre ouvrage marquant de cette fin d’année : la nouvelle édition du Petit guide de la Françafrique, bible de la pensée anticoloniale publiée par l’association Survie. Cette version actualisée jette une lumière crue sur les relations troubles entre la France et le continent africain depuis les indépendances. Couverture orange vif et ton incisif, le guide passe au crible tous les rouages de la « Françafrique », ce système d’influence hérité de la colonisation.
Réseaux occultes, interventions militaires, soutien à des régimes autoritaires, pillage des ressources… Rien n’échappe à la sagacité des auteurs, qui décryptent aussi les mutations en cours. Le réveil des sociétés civiles, l’appétit croissant de la Chine et de la Russie pour l’Afrique, les soubresauts au Sahel… Autant d’enjeux qui bousculent les anciennes certitudes. Un ouvrage limpide et sans concession, indispensable pour comprendre le passé et le présent des relations franco-africaines.
- Maroc, les années de plomb
La sortie en salles du documentaire choc La mère de tous les mensonges est un autre temps fort à ne pas manquer cette semaine.
Réalisé par la marocaine Asmae El Moudir, tout juste récompensée au Festival Ciné Regards Africains, le film lève le voile sur les parts d’ombre de l’histoire récente du Maroc. À partir d’une photo retrouvée de sa mère, la cinéaste part sur les traces d’un passé occulté, celui des « années de plomb » sous le règne d’Hassan II.
Disparitions, tortures, répressions sanglantes… Au fil d’une enquête intime et bouleversante, Asmae El Moudir met en lumière les mensonges qui ont longtemps recouvert ces pages sombres. Un récit personnel et politique, qui interroge la façon dont les nations et les familles se construisent dans le silence et le déni.
À découvrir absolument sur les écrans parisiens, aux côtés de pépites comme Harka du Tunisien Lofty Nathan ou Mambar Pierrette de la Camerounaise Rosine Mbakam.