La plus grande confusion rêgne au Sahel

Devant la recrudescence de l’insurrection islamiste et le surcroît de son audace, les ministres de la Défense du Mali, du Burkina Faso et du Niger se réunissent, le 7 novembre, à Niamey en vue de hâter le dispositif de mutualisation militaire de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes), une initiative de 6000 hommes, mainte fois promise.

Aucune date de déploiement ne fit l’objet d’une communication officielle, au terme du huis-clos. Le Général Abdourahamane Tiani, chef de la « transition » présida la rencontre. Les trois réaffirment leur résolution d’accorder l’effort conjoint, en matière de commandement, de partage du renseignement et d’engagement tactique. Quoique prévu de longue date, le rendez-vous et sa temporalité revêtent le caractère de l’urgence, compte tenu de l’incapacité des armées conventionnelles, à endiguer la dynamique d’encerclement et d’asphyxie économique des villes. L’attention étant davantage concentrée sur le Mali, les deux autres partenaires n’en subissent pas moins une identique volonté d’étouffement.

Le départ des étrangers

En France, le porte-parole du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères exhorte, ses ressortissants au Mali -environ 4000 dont une majorité de binationaux – à quitter le territoire, « temporairement », dans les plus brefs délais. Il les incite à profiter des vols commerciaux disponibles, et ce à la lumière de la dégradation de la situation. Cependant, Paris déconseille le départ par voie terrestre. D’ailleurs, se rendre au Mali reste « formellement déconseillé » en raison de l’extension des zones de risque. Le Quai d’Orsay n’a pas manqué de souligner l’échec de la Russie à protéger la sécurité des Maliens.

La note précédente en date du 4 novembre recommandait, « de faire preuve d’une vigilance accrue dans leurs déplacements et leurs activités quotidiennes » mais ne mentionnait l’injonction du sauve-qui-peut. Pourtant, le contexte de restrictions d’électricité, de carburant et le rythme des attaques semblait se stabiliser depuis une semaine. Aussi, le ton alarmiste du moment s’expliquerait seulement par la gravité d’informations non divulguées. Il importe de le relever, la France est sans doute la dernière puissance occidentale à émettre un tel avis de mise en garde, peu de temps après les Etats Unis, l’Allemagne, L’Italie, le Royaume Uni, l’Italie ou l’Australie.

L’avertissement français vient corroborer la réticence de deux grandes multinationales du transport, Mediterranean Shipping Company (Msc) et la Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime (Cma Cgm), à poursuivre le trafic de marchandises vers le Mali. Si la première, dès le 6 novembre, assume sa décision, avec « effet immédiat », la seconde acceptait, le même jour, un accord transitoire avec les autorités de Bamako, à la suite d’une négociation couronnée de quelques assurances. Cma-Cgm renonce, ainsi, à l’annonce, le 4 novembre, du gel provisoire de ses services à destination du pays.

Batailles fratricides

Des témoins, du cru, dont aucun observateur indépendant n’a encore pu vérifier la parole, rapportent des assauts, durant la journée du 7 novembre, de l’État islamique au Sahel (Eis) visant, séparément, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) mais aussi les forces armées du Mali (Fama) et du Burkina Faso (Fab).

Au Burkina Faso, l’opération se déroulait à Tsmakkat, près de Gorom-Gorom, province de l’Oudalan, région du Liptako (Nord-Est).   Aucune des deux coalitions rivales n’a revendiqué le combat.

Au Mali, une autre bataille fratricide se serait produite dans la région de Gao, sans plus de précision. Des sources proches du gouvernement relatent plutôt un raid jihadiste, tôt le matin, contre une position des Fama, à Labzanga, cercle de Ouattagouna, à proximité de la frontière du Niger, l’un des fiefs de l’Eis. La tentative a été la repoussée. Une embuscade d’une conclusion similaire aurait ciblé une emprise du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) une milice du pouvoir central que ce dernier venait de dissoudre, le 30 octobre 2025, aux motifs de ralliements récurrents de ses membres, au Front de libération de l’Azawad (Fla).

Fortement concurrencé par le Gsim, l’Eis peine à dépasser Menaka en direction de l’Ouest et du Sud. Son ancrage au Burkina Faso demeure résiduel, en comparaison. Toutefois, il s’enracine au Niger, notamment en profondeur de la région de Tillabéri.

Le 6 novembre, les Fama effectuaient, le matin, des frappes aériennes sur des « positions terroristes » -entendez du Gsim – autour des localités de Donièna, Kouen et Bessina, cercle de Kolondiéba, région de Bougouni, en appui à l’escorte d’un convoi de citernes de carburant. Selon l’Etat-major, l’armée poursuivra ses efforts afin « d’assurer la continuité de l’approvisionnement du pays en hydrocarbures ».

Au Burkina Faso, le Gsim publie, le 6 novembre, des images du butin amassé lors d’une série d’offensives, menées en 48 heures, à l’intérieur de la ruralité du Nord.  Les assaillants prétendent avoir tués des soldats et leurs supplétifs Volontaires pour la défense de la patrie (Vdp). La prise comprend des armes légères et moyennes, lance-roquettes, chargeurs, munitions, motos, appareils de communication et un véhicule de type Pick-up.

 

Références

Carte Sahel : https://t.me/veillesah/552

1 Avis Quai d’Orsay : https://t.me/veillesah/553

1 Communiqué Msc : https://t.me/veillesah/555

1 Article recul Cma Cgm : https://t.me/veillesah/556

1 Tract Fama : https://t.me/veillesah/557

5 photos Gsim Burkina Faso : https://t.me/veillesah/561