Les drones iraniens sont fabriqués aux trois quarts avec des éléments importés d’Europe, des Etats Unis et d’Asie
Malgré un embargo des plus drastiques sur ses importations et ses exportations, l’Iran a bâti une industrie militaire du drone à partir de matériaux importés aux trois quarts des États-Unis, d’Europe et d’autres pays alliés comme le Japon et Israël.
Cette révélation du Wall Street Journal provient d’une fuite de l’administration ukrainienne. L’examen des drones iraniens abattus en Ukraine a donné lieu à une étude de la Commission indépendante de lutte contre la corruption (NAKO), une organisation à but non lucratif basée à Kyiv. Ce rapport que le WSJ a pu consulter révèle que sur plus de 200 composants techniques qui composent les entrailles d’un drone iranien Mohajer-6, la moitié ont été fabriqués par des entreprises basées aux États-Unis et près d’un tiers par des entreprises au Japon.
Un détour par le Japon
Les servomoteurs du Mohajer-6, qui rendent l’engin pilotable à distance ont été fabriqués par la société japonaise Tonegawa-Seiko Co. Nombre de composants électroniques ont été fabriqués par des filiales de la société allemande Infineon Technologies AG et de Microchip Technology Inc., basée en Arizona, deux des plus grands fabricants de puces au monde, selon le rapport de renseignement et NAKO.
La lentille infrarouge télescopique haute résolution utilisée dans le Mohajer-6 pour la surveillance et le ciblage ressemble étrangement à un modèle fabriqué par une société israélienne, Ophir Optronics Solutions Ltd.
Le rapport NAKO précise que des entreprises chinoises pourraient avoir été utilisées comme sociétés écran pour importer des pièces clés lesquelles auraient été réexportées ensuite vers l’Iran. En 2021, le ministère japonais du Commerce a accusé Tonegawa d’avoir exporté des servomoteurs vers la Chine sans autorisation. La société s’est défendu en affirmant qu’elle ne savait pas que ses produits allaient équiper des drones militaires iraniens. D’autres sociétés chinoises ont été employées à fournir à l’Iran des copies de composants occidentaux.
Les sanctions anti iraniennes contournées
Le premier constat est que le régime des sanctions imposées à l’économie iranienne peut être aisément contourné. Le second est qu’il est possible à un Etat voyou comme l’Iran de bâtir une authentique industrie de l’armement à partir de contrebande.
Ce double constat est d’autant plus préoccupant que la flotte iranienne d’avions sans pilote, ainsi que les missiles à guidage de précision qu’ils peuvent transporter, sont désormais considérés par les responsables militaires occidentaux comme une menace immédiate plus importante que le programme nucléaire iranien.