La Guinée Conakry sur le banc des accusés

Rien ne va plus en Guinée: disparitions de personnalités de la société civile, répressions brutales des manifestations, fermetures des médias, journalistes menacés, les mesures liberticides et les exactions perpétrées par la junte au pouvoir donne le vertige…

Mamadi Doumbouya, l’homme fort du pays

Le 15 août, à Sonfonia, un quartier de Conakry, lors d’une manifestation pour dénoncer les problèmes de délestages, les forces de l’ordre ont tiré sur la foule à balles réelles, Ibrahima Sadio Diallo, neuf ans a été tué. L’enfant rejoint la liste des 52 victimes de la répression exercée lors des rassemblements par la junte guinéenne depuis l’arrivée de Mamadi Doumbouya au pouvoir en septembre 2021. A cela, il faut ajouter les règlements de compte au sein de l’armée dont le bilan macabre reste confidentiel. 

Pas de nouvelle, mauvaises nouvelles 

Sans oublier bien entendu les disparitions forcées à l’instar des deux activistes du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) portés disparus depuis le 10 juillet dernier. Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla ont tous deux été arrêtés par des hommes en treillis et cagoulés. Les derniers témoins à les avoir vus racontent qu’ils ont été frappés, trainés au sol avant d’être contraints de monter dans un véhicule militaire. Depuis, malgré le tapage médiatique de leur famille respective, de leur organisation, de leurs avocats, plus aucun signe de vie. A Conakry de nombreuses rumeurs circulent, selon certaines ils auraient été torturés à mort, d’autres affirment qu’ils sont toujours vivants… Reste que le silence de la junte à leur égard est aussi assourdissant qu’ inquiétant.

La valise ou la prison

Le sort des journalistes est tout aussi alarmant. En juin dernier, Reporters sans frontières avait condamné la fermeture en toute illégalité de  quatre radios et deux télévisions privées. RSF avait appelé la CEDEAO à réagir « pour que les autorités guinéennes mettent un terme à la censure » Mais l’organisation ouest-africaine a fait la sourde oreille et les menaces contre les journalistes se poursuivent. Après avoir vu son site Dépêche Guinée suspendu pour neuf mois, Latif Diallo un investigateur qui n’a pas la plume dans sa poche vient de faire l’objet d’une convocation chez le procureur.

À quelles fins ? S’il s’y rend que lui arrivera-t-il ? Subira-t-il le sort de Bah et Sylla ? Cruel dilemme… La seule solution reste la poudre d’escampette, fuir le pays, en évitant soigneusement les multiples check point des militaires qui quadrillent Conakry. Pendant ce temps que font les ambassades européennes qui se targuent de défendre partout dans le monde les droits humains, la liberté de la presse ? Rien.

Le bilan critique des juntes au pouvoir au Sahel