Figure de la contestation anti-occidentale Nathalie Yamb vient d’être sanctionnée par l’Union européenne. Loin de l’affaiblir, ces mesures renforcent son image de victime de l’Occident et de passionaria de la jeunesse panafricaniste.
Le 26 juin 2025, l’Union européenne a décidé de frapper fort en interdisant à Nathalie Yamb l’entrée et le transit sur tout le territoire européen, tout en gelant ses avoirs financiers dans l’UE. Officiellement, il lui est reproché de soutenir des actions et des politiques du gouvernement russe qui menacent la démocratie, la stabilité et la sécurité des États membres, notamment via la manipulation de l’information et des campagnes d’influence sur le continent africain. Pour justifier ces mesures Bruxelles pointe également ses liens présumés avec des organisations proches de sociétés militaires privées russes, ainsi que son rôle actif dans la diffusion de messages favorables au Kremlin depuis le sommet Russie-Afrique de Sotchi en 2019.
Pour rappel, depuis octobre 2022, l’activiste est interdite de territoire français, ce qui ne l’a pas empêchée de poursuivre ses activités. Possédant la double nationalité suisse et camerounaise, elle a tout loisir de placer son argent sur les bords du lac Léman et de voyager dans le reste du monde hors UE comme bon lui semble…
Stratégie victimaire
Sur un plan pratique ces mesures n’auront donc que peu d’effets. Quant au plan politique, si l’UE entend ainsi limiter l’influence de Nathalie Yamb et lutter contre la désinformation pro-russe en Afrique, ces sanctions risquent fort d’être inutiles et contreproductives. En la déclarant persona non grata et en gelant ses avoirs, les autorités européennes offrent à cette ancienne conseillère en communication de nouveaux arguments sur un plateau d’argent. Elle pourra ainsi dénoncer avec plus de vigueur et de légitimité l’acharnement occidental contre les voix africaines dissidentes. Cette posture de victime de la répression française et européenne alimente sa stratégie et renforce son aura auprès d’une jeunesse africaine avide de souveraineté et critique envers les ingérences étrangères. Les restrictions imposées par Bruxelles sont ainsi interprétées comme une confirmation de la justesse de son combat, consolidant sa stature de « meilleure » panafricaniste et de résistante face à l’Occident.
Dans le climat actuel de contestation des partenariats traditionnels, l’Union européenne qui s’apprête à publier sa nouvelle stratégie pour revenir en grâce dans le Sahel vient de se tirer une nouvelle balle dans le pied. Cela commence à devenir une habitude…