Créée au milieu des années 60, la Garde républicaine du Gabon est passée de protectrice à détentrice du pouvoir. Mondafrique revient sur cette armée à part entière, qui a fini par porter à la tête du Gabon son commandant en chef : le général Brice Oligui Nguema.
À Libreville, capitale du Gabon, dans la nuit du 17 au 18 février 1964, une centaine de militaires gabonais dirigés par les lieutenants Valère Essone et Jacques Mombo s’emparent de l’ancien palais du Gouverneur, désormais occupé par le chef de l’État gabonais, Léon Mba, président depuis l’indépendance. Ce coup d’État, contrairement à d’autres en Afrique, n’était pas une tentative d’incursion communiste ou de renversement d’un président progressiste, mais une tentative de prévenir l’instauration d’un régime de parti unique par Léon Mba, alors que le Gabon avait jusque-là allié démocratie et unité nationale.
Le rôle du SDECE
Le coup d’État réussit sans effusion de sang et un civil, Jean Hilaire Aubame, ancien député français et ministre des Affaires étrangères du Gabon, est porté à la tête d’un gouvernement de transition. Cependant, à Paris, Jacques Foccart, le tout-puissant « Monsieur Afrique » du Général de Gaulle, soupçonne une ingérence des États-Unis. Foccart décide de remettre Léon Mba au pouvoir et envoie Maurice Robert, chef Afrique du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), à Libreville avec l’ordre clair de rétablir Léon Mba s’il est encore vivant.
Léon Mba est rétabli par une intervention militaire française, qui fait officiellement 20 morts, dont 19 soldats gabonais et un militaire français, Serge Arnaud.
La Garde Républicaine de Sécurité
Jacques Foccart comprend que la protection du président gabonais ne peut être confiée à la Gendarmerie comme en France. Il crée donc une armée dédiée à la protection du président : la Garde Républicaine de Sécurité. Elle est créée par décret le 24 juillet 1964. La création de cette unité est confiée à Robert Maloubier, une légende de l’armée française et des services de renseignement, connu pour ses faits d’armes et pour avoir créé les nageurs de combat du SDECE. Robert Maloubier est remplacé deux ans plus tard par Yves Le Braz un officier de la coloniale comme on disait.
Alors qu’une vague de répression s’abat sur les opposants de Léon Mba, la Garde Républicaine devient l’entité protectrice du pouvoir, contre les coups d’État éventuels et toute opposition démocratique. En 1967, Léon Mba meurt et est remplacé par Albert Bongo, qui jette les bases de la Garde Républicaine telle qu’on la connaît aujourd’hui. Il change le statut de Robert Maloubier, qui est embauché directement par le Gabon, et recrute prioritairement au sein de la Garde Républicaine sur des critères familiaux, claniques, tribaux, ethniques, puis régionaux.
« Loulou » Martin, nouveau commandant en chef
En 1970, Louis Pierre Martin, dit « Loulou », ancien des Forces Françaises de l’Intérieur et légionnaire, remplace Yves Le Braz à la tête de la Garde Républicaine. Sous sa direction, la Garde Républicaine devient le fer de lance et le cerbère du pouvoir dictatorial de celui qui deviendra, après sa conversion à l’islam en 1973, Omar Bongo.
La Garde Républicaine change alors de nom et devient la Garde Présidentielle.
La Garde Républicaine du Gabon (2/3) : du sang et des armes
La Garde Républicaine du Gabon (3/3) : la prise de pouvoir