La diplomatie française soutient les autorités en place dans la crise sénégalaise

Alors que la Cédéao et les Etats-Unis ont vivement critiqué le vote du Parlement pour prolonger le mandat de Macky Sall et reporter l’élection de février à décembre, la France a réagi a minima par la voix du Quai d’Orsay, même si le Premier ministre et candidat du pouvoir, Amadou Ba, est discrètement appuyée par l’Élysée et le Quai d’Orsay. Un choix de non‑ingérence qui attise le sentiment anti-français. 

En pleine controverse sur la tenue de la présidentielle sénégalaise, Paris avait choisi de dérouler le tapis rouge à la fin de l’année 2023 à Amadou Ba dans le cadre d’un séminaire gouvernemental franco-sénégalais. Le symbole d’un Premier ministre sénégalais-candidat posant tout sourire aux côtés de son homologue français Elisabeth Borne n’est pas inaperçu. Ce voyage, qui serait passé inaperçu hors contexte pré-électoral, a été perçu comme un adoubement d’Amadou Ba voire une ingérence française.

Amadou Ba reçu en grande pompe

Amadou Ba reçu en grande pompe. Les thèses de l’adoubement et de l’ingérence sont d’autant plus convaincantes que le président français Emmanuel Macron avait nommé en novembre 2023 son homologue sénégalais Macky, alors qu’il n’a pas encore quitté ses fonctions, envoyé spécial pour le Pacte de Paris sur les Peuples et la Planète (4P). L’opposant sénégalais Habib Sy du parti « Espoir et modernité » n’est pas allé du dos de la cuillère pour « fustiger une France qui n’a toujours rien compris » aux subtilités de la vie politique de ses anciennes colonies africaines. Même si on peut considérer que Paris n’a pas mesuré la confusion entre les agendas d’Amadou Ba Premier ministre et Amadou Ba candidat à la présidentielle, la réception en grandes pompes de celui-ci à Paris dans le contexte actuel au Sénégal a été une démarche à tout le moins imprudente.  

Cette posture est, en tout cas,  la preuve que Paris n’a pas tiré les leçons des violences politiques qui ont secoué le Sénégal en mars 2021 et juin 2023. Dix des quatorze magasins du groupe français Auchan avaient, à cette époque, été pillés à Dakar par des émeutiers qui s’en étaient également pris aux stations-service Total et aux boutiques Orange.

La France d’Emmanuel Macron en recevant si chaleureusement le dauphin désigné mais peu charismatique, Amadou Ba, aura  commis une imprudence supplémentaire en Afrique. Pourquoi lui fallait-il chosir?