La crise de représentation des partis politiques marocains

La faible performance des partis au Maroc est elle une crise de la représentation comme dans tant d’autres pays où rêgne un pluralisme politique ou traduit-elle un défaut de compétence et de charisme? Une certitude, le multipartisme marocain ne fonctionne plus de façon satisfaisante face aux exigences de l’opinion publique, sur le plan social et économique notamment

Mohammed Al-Takanti, du site Cap Info, dont le lien apparait ci dessous

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Le Maroc connaît depuis l’indépendance un pluralisme partisan généralisé, qui a même porté à la tète du gouvernement, un mouvement islamiste contraint de se plier à la loi du pluralisme et du suffrage universel. Le nombre de partis dépase aujourd’hui la trentaine, ce qui est sans doute trop pour initier des mécanismes d’alternace identifiés..
Cependant, cette multiplicité n’a pas eu d’impact positif sur la performance politique ou la qualité de la vie publique. Au lieu d’être des moteurs de développement, les partis politiques sont souvent devenus de simples outils électoraux dont l’activité n’apparaît qu’à l’approche des élections. Cela aggrave la crise de confiance entre les citoyens et les politiciens et ouvre la porte à une apathie politique croissante. Le problème de la faible performance des partis. 

Les partis sont absents de la scène publique, sauf pendant les périodes de campagne électorale, créant un fossé entre eux et le citoyen. Les partis ne proposent pas de programmes pratiques qui répondent aux besoins de la société et se contentent de discours généraux et de promesses irréalistes.
 
La domination des intérêts personnels 
Les partis sont contrôlés par des élites restreintes et les décisions sont souvent centralisées, ce qui empêche le renouvellement des dirigeants et l’émergence de nouvelles élites capables d’innovation et de changement. Certains partis sont devenus des outils au service des intérêts personnels et économiques de leurs dirigeants, plutôt que des institutions qui défendent les causes du peuple.
 
Le déclin de l’idéologie cède la place à la compétition pour les positions plutôt que pour les idées. La plupart des partis ont perdu leurs fondements idéologiques et leurs programmes politiques sont devenus si similaires que les citoyens sont incapables de les distinguer. Se concentrer sur les élections comme objectif principal, plutôt que de travailler à la formulation de politiques publiques efficaces à long terme.
 
Les politiques publiques sans contrôle
Bien que les partis politiques participent au gouvernement et au parlement, leur influence sur les politiques publiques reste limitée, car les décisions majeures restent entre les mains d’institutions non partisanes. L’absence d’une culture d’opposition véritable, les partis d’opposition devenant des outils d’attente plutôt que des forces de proposition et de pression. Propositions de réforme de l’espace politique marocain. Pour restaurer le prestige du travail des partis au Maroc, une série de mesures et de réformes profondes doivent être mises en œuvre :
 
Imposer des mécanismes qui garantissent la transparence dans la prise de décision au sein des partis et renforcent la compétitivité dans la sélection des candidats et des dirigeants. Encourager les jeunes à participer activement au sein des partis politiques et leur donner l’opportunité d’occuper des postes de direction.
 
Reconstruire la relation avec le citoyen
Les solutions, les voici:
-Fixer des critères stricts pour le financement des partis à partir de fonds publics, en le conditionnant aux résultats obtenus en termes d’encadrement politique et d’influence législative. Évaluer périodiquement les performances du parti et publier des rapports sur ses activités afin d’améliorer la transparence et la responsabilité.
 
-Parvenir à l’indépendance des décisions des partis
Réduire l’ingérence extérieure dans les décisions des partis et garantir leur indépendance dans la détermination de leurs programmes et le choix de leurs dirigeants. Favoriser une culture d’opposition forte et constructive et proposer de véritables alternatives aux politiques existantes, plutôt que de simplement critiquer sans proposer de solutions.
 
-Encourager l’émergence de nouvelles élites politiques
-Ouvrir la voie aux jeunes talents et aux femmes pour jouer des rôles de leadership et briser la domination des mêmes visages sur la scène politique. Encourager les partis à présenter de nouveaux visages lors des élections au lieu de recycler les mêmes candidats à chaque élection.
L’arène politique marocaine est confrontée à des défis importants, notamment la crise de confiance entre les partis politiques et les citoyens. Cette crise ne peut être surmontée que par de véritables réformes qui rétablissent la crédibilité et la force de l’action des partis. Sans partis forts et indépendants, dotés d’un programme sociétal clair, la politique au Maroc restera un jeu électoral saisonnier, loin des préoccupations et des attentes des citoyens.