Lomé, premier pas vers la reconnaissance de la junte nigérienne

Dimanche soir, à Lomé, s’est achevé un week-end consacré au « Peace and Security Forum 2023 » que les autorités togolaises avaient organisé sous l’autorité du président Faure Essozimna Gnassingbe. L’occasion donnée au général Mohamed Boubacar Toumba, membre du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger et ministre d’État chargé de l’Intérieur, invité à ce colloque, de signifier l’attitude la plus ferme vis-à-vis de l’ex Président Mohamed Bazoum incarcéré au Niger dans un contexte régional tendu. Ce que ce haut gradé a répété au micro de RFI

Un article d’Olivier Vallée

Le général Mohamed Boubacar Toumba, membre du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger, était l’invité surprise du colloque organisé au Togo

Deux choix avaient présidé à cette conférence : parler vrai et inviter les États déviants du Sahel et la ministre des affaires étrangères de RCA, le pays hôte de Wagner, cible de critiques répétées de la France, de sa presse, et souvent de l’Union européenne, en particulier de Josep Borel. Pas de représentants du gouvernement français ou de l’UE dans les panels où on a parlé de fragilités et de solutions africaines.

Abdi Saïd Muse Ali, ancien ministre des affaires étrangères de Somalie a présidé la première séance tandis que le professeur Robert Dussey, actuel ministre togolais des affaires étrangères, qui aime communiquer par twitter, présentait les objectifs du forum avant que le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbe, procède au discours d’ouverture.

Parmi les intervenants on relève des personnalités et des institutions compétentes, mais qui ont rarement la première place dans les enceintes sécuritaires. Habileté de Robert Dussey que d’avoir invité dans la salle, ce dimanche, le ministre nigérien de l’Intérieur. Le secret avait été bien gardé. Officiellement, la présence du Niger, objet de l’ostracisme français et d’une partie de la CEDEAO, à commencer par le Bénin, n’était pas mentionnée.

Une belle brochette d’invités

On notait parmi les personnalités présentes des sommités univesitaires: docteur Lori-Anne Theroux-Benoni, directeur régional (Dakar)  de l’Institute for Security Studies (ISS), un centre de recherches africaines de la République Sud-africaine (RSA), souvent auditionné au siège de l’OUA; le professeur Richard Filakota, actuellement Directeur de l’École Nationale de Magistrature à Bangui, en RCA, au palmarès académique impressionnant : Ancien Recteur de la prestigieuse Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC), Ancien Directeur de l’Institut Supérieur d’Agronomie d’Afrique Centrale, Président du Conseil d’Administration du Centre d’Intelligence Stratégique (CIS-SA), etc.

 Il a écrit sur l’influence contemporaine et modernisatrice de l’Islam en Afrique, et en particulier en RCA. Le professeur Filakota montre dans son ouvrage comment l’effondrement des États africains, sous le poids de la dette, de la mauvaise gouvernance et des réformes prescrites par les Institutions de Bretton Woods, a laissé vacants de nombreux secteurs sociaux (santé, éducation, humanitaire) entrainant leur prise en charge par les organisations religieuses, dont les musulmanes.  Les organisations civiles islamiques sont à présent animées par de nouveaux oulémas, formés dans les universités ou instituts islamiques, et également par de jeunes intellectuels, des cadres et des femmes instruites. Engagées à promouvoir le renouveau islamique au cœur de la société, dite moderne, ces organisations islamiques entretiennent de fréquents rapports avec les États laïcs et les États arabo-musulmans. Par conséquent, elles n’échappent pas à la récupération politique et à l’instrumentalisation idéologique. La Centrafrique, pays laïc, à majorité chrétienne et géographiquement enclavé, serait selon Richard Filakota au cœur de cette dynamique religieuse.

Autre personne de renom appartenant à l’estimée Brookings Institution,   Vanda Felbab Brown, dirigeant « l’Initiative on Nonstate Armed Actors.» Du côté allemand était présent le docteur Stephan Klingebiel, directeur,  au German Institute of Development and Sustainability. Il est un des penseurs les plus brillants du Global South. Les chercheur du German Institute of Development and Sustainability ont produit des analyses sans concession sur le coût du G 5 Sahel (auquel le Nigéria a contribué pour 100 millions d’euro). Benedikt Erforth (IDOS) et Denis Tull (SWP), dans leur rapport Megatrends Afrika Spotlight, qualifient d’échec la politique militaire de la France au Sahel et relèvent les faiblesse de la politique de l’UE vis-à-vis de cette région du monde.  

Chez les politiques dont on parle beaucoup, il y avait Abdoulaye Diop, ministre des Affaires Étrangères du Mali et son homologue du Burkina, Olivia Ragnaghnéwendé Rouamba. Cette dernière a été maltraitée par la diplomatie et la presse françaises. Une institution non étatique qui offre ses bons offices helvétiques dans la discrétion, Interpeace, était représentée par le docteur Graeme Simpson.

Pour une première rencontre, la diplomatie togolaise a réussi à mettre ensemble les damnés de l’Afrique qui se transforme et des analystes de renom, développant une vision globale des situations conflictuelles. Le président togolais n’hésite pas à associer à ses stratégies les conseils de Tony Blair et de Dominique Strauss Khan, mais aussi de spin-doctors moins connus. 

 

2 Commentaires

  1. Olivia ROAMBA est ministre des affaires étrangères du Burkina et non de RCA. Faites attention à ce que vous produisez comme article

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