Mali, le blocus se resserre autour de Bamako
La chaîne d’information Sahel Alerte diffuse, le 12 octobre 2025, une interview exclusive de Hamadou Barry, réputé proche d’Amadou Kouffa, second chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda). Assis sur une chaise, de jour, en plein air, au milieu d’un décor bucolique, il affirme, face à un journaliste de circonstance que « l’union autour de l’islam est la seule voie de salut ». A l’occasion, il conclut à l’inefficience des associations communautaires. Il désigne, nommément, L’Ong culturelle Tabital Pulaagu.
La Front de Libération de l’Azawad (Fla) publiait, le 11 octobre, une photo de plusieurs soldats maliens qu’il détient. Le cliché, du début du mois, comporte, de facto, une preuve de vie, après les récents affrontements au nord du pays.
Le 9 octobre, Nabi Diarra, alias Abou Houzeifa al-Bambari, l’un des porte-parole du Gsim : « Toutes les routes menant à Bamako sont désormais considérées comme des zones de combat ».
Le message invite, les civils, à éviter la proximité des emprises et processions militaires et les invite à se soumettre, plutôt, aux ordres émanant des postes de contrôle jihadistes, sous peine de se retrouver en posture de cibles légitimes. Une mise en garde plus appuyée vise la milice des chasseurs traditionnels Donzos, qui coopère avec les Forces armées maliennes (Fama) et leurs supplétifs russes d’Africa Corps (Ac).
Les Donzos dans le collimateur
Les Donzos, convient-il de le souligner, bénéficient, depuis septembre, de la part du pouvoir central, de livraisons d’armes lourdes, afin de leur permettre de mieux contenir l’insurrection islamiste, à distance des villes. Les Russes, quant à eux évitent, maintenant, de participer à la guerre au sol mais continuent de remplir des missions d’appui, de renseignements, sans omettre la protection des sites aurifères et de la base de Kidal, symbole de la reconquête et de l’unité du Mali.
Au lieu du canal de propagande habituel Zellagha, la dernière oraison de al-Bambari apparaît, d’abord, le 9 octobre, sur une chaîne Telegram dénomée « Al-Fath », en Arabe « la conquête ». Ce tournant de diversification dans l’architecture communicationnelle du Gsim requiert davantage de recherche. Le même médium était l’unique source à afficher, le 4 octobre, les premières images de l’enlèvement non revendiqué, de 2 Emirati et d’un Iranien, à 40 km au sud de Bamako.
Les Forces armées de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) conduisaient, le 8 octobre, une opération conjointe à Inarabane, région de Ménaka. Coordonnée entre les services de renseignement et l’aviation, elle aurait permis de neutraliser plusieurs cadres de l’État islamique au Sahel, dont Boubacar Demougui, adjoint de l’émir Issa Barrey, Ismael Ould Habib Ould Choghib et Ahmed Ould Alwane Ould Choghib
Burkina Faso, une centaine de tués au sud de Djibo
Selon l’ambassade de Russie au Burkina Faso, les prestations administratives aux citoyens russes et burkinabè seront assurées, à titre temporaire, par la représentation diplomatique en Côte d’Ivoire. Les autorités de la Révolution se gardent de commenter une décision aussi sensible, venant d’un allié. L’annonce, soulignée de rouge et précédée d’un « attention » restait en ligne, le 12 octobre.
L’ambassade des États-Unis à Ouagadougou, suspend ses services consulaires, à compter du 9 octobre 2025, en raison de la situation sécuritaire. L’instruction de dossiers de voyage est ainsi transférée, à Lomé. Le gouvernement dénonce un acte inamical dû, selon lui, au refus, par le Burkina Faso, d’accueillir des migrants, expulsés d’outre-Atlantique.
Le 9 octobre, la Katiba du Sahel, affiliée au Gsim, menait une attaque particulièrement meurtrière contre un convoi des Forces armées burkinabés (Fab) près de Gaskindé, province du Soum, au sud de Djibo. Le bilan provisoire dépasse la centaine de tués. A la faveur d’un film d’explication, les insurgés exposent la prise d’un arsenal de fusils d’assauts, de munition, de moyens de transmission et de véhicules 4X4. La plupart des vecteurs de transport terrestre ont été détruits durant l’engagement. Il s’agit, en 2025, de la défaite la plus cuisante de l’Aes, à l’échelle temporelle d’une journée. Le cortège, de retour de Djibo, est une unité d’élite, en l’occurrence le Bataillon d’intervention rapide de Koungoussi, constitué, surtout, d’éléments des forces spéciales. L’on ignore, encore, le nombre de blessés et de prisonniers. A Ouagadougou, consternation et silence se conjuguent au présent de l’incertitude.
L’Aes, un appel à l’international
En marge du Forum de Lomé relatif à la sécurité du Continent, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Sangaré, annonce que l’AES a élaboré une force mutualisée de 5000 combattants, pour vaincre le jihadisme. Cependant, à rebours des discours souverainistes, il lançait un appel au concours des puissances parce que « la lutte contre le terrorisme est une responsabilité collective ».
Réunis, à Abuja, capitale du Nigeria, le 27 août 2025, les Chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – dont les membres de l’Aes se sont retirés – concevaient, de concert, le plan de création d’une brigade de 260 000 hommes voués à éradiquer l’ennemi, grâce un financement annuel de 2,5 milliards de dollars américains, par an.
Un peu partout, parmi les observateurs sérieux, de telles effets de manche verbaux suscitent un sourire mêlé de scepticisme.
Références
Vidéo interview Hamadou Barry Katiba Macina (Gsim) : https://t.me/veillesah/342
Vidéo prisonniers Fla : https://t.me/veillesah/343
Vidéo Abou Houzeifa al-Bambari Gsim : https://t.me/veillesah/344
Communiqué Fama : https://t.me/veillesah/345
Photo avis Ambassade Russie Ouagadougou : https://t.me/veillesah/346
Article Bbc, Ambassade Etats Unis Ouagadougou : https://www.bbc.com/afrique/articles/cm2zjpd06y6o
Carte Gaskindé Burkina Faso: https://t.me/veillesah/347
Vidéo Gsim Gaskindé : https://t.me/veillesah/348
Forum de Lomé, ministre des Affaires étrangères Niger : https://x.com/sergedanielinfo/status/1977347722295337116
Cédéao, force antiterroriste : https://www.dw.com/fr/cedeao-froce-anti-terrorisme/a-73786337