À l’heure actuelle, rien ne permet d’affirmer que l’attaque israélienne du 13 juin 2025 (si elle a bien eu lieu et selon les informations disponibles) annonce un risque immédiat de guerre nucléaire. Cependant, il est important de situer l’événement dans son contexte géopolitique pour comprendre les potentielles escalades.
Le risque d’escalade existe dans certains scénarios, mais jusqu’à un certaint poiunt. Israël possède bien l’arme nucléaire mais ne menace pas de l’utiliser de manière offensive. Une escalade hors de contrôle reste improbable dans le cadre actuel où toutes la communauté internationale n’a aucun intérêt à aggraver la situation. Or une guerre nucléaire nécessiterait l’implication directe de puissances nucléaires telles que les États-Unis, dont le président désapprouve l’attaque israélienne, la Russie, qui a d’autres soucis et qui n’a pas utilisé l’arme nucléaire en Ukraine, ou encore la Chine, qui ne prendra pas le risque de remettre en cause ses efforts diplomatiques, couronnés de succès, en direction du Moyen Orient. Le régime totalitaire iranien est plus isolé que jamais.
Selon l’Association américaine pour le contrôle des armements, Israël disposerait de 90 ogives nucléaires, une information peu reprise par la presse internationale. Quant à l‘Iran, il ne posséderait pas d’armes nucléaires , mais il dispose d’un programme nucléaire avancé et exploite plusieurs installations nucléaires qui sont visées par l’aviation israélienne. Ce qui et à juste titre inquiète le monde occidental. Autant de données qui relativisent le risque nucléaire qui reste présent au Moyen Orient avec l’embrasement du conflit.
La politique d’ambiguïté stratégique d’Israël concernant son arsenal d’armes nucléaires rend « difficile de savoir » à quel point la crise provoquée par les attaques israéliennes au Moyen-Orient pourrait provoquer une escalade vers une guerre nucléaire, met en garde un important groupe de lutte contre les armes nucléaires, la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). Ce groupe basé à Genève et lauréat du prix Nobel de la paix en 2017, a déclaré que la stratégie d’Israël consistant à ni confirmer ni infirmer sa possession d’armes nucléaires rendait difficile de prédire si une riposte musclée de l’Iran pourrait déclencher une telle riposte .
« Comme le pays refuse de confirmer ou d’infirmer la possession de telles armes, on sait peu de choses sur l’arsenal [d’Israël], mais les experts pensent que le pays peut déployer des armes nucléaires à l’aide de missiles, de sous-marins et d’avions », explique Susi Snyder, coordinatrice du programme de l’ICAN, à Euractiv.« Israël est également très opaque sur les circonstances dans lesquelles il utiliserait des armes nucléaires, il est donc difficile de savoir à quel point nous pourrions être proches de l’utilisation d’armes nucléaires », a-t-elle ajouté.
La montée des tensions
Quand l’Iran a ciblé pour la seconde fois en quelques mois, le 1er octobre 2024 le territoire israélien, Israël a promis de répliquer. A la tribune des Nations Unies à New York, le Premier ministre israélien avait menacé : « Si vous nous frappez, nous vous frapperons ! Il n’y a aucun endroit en Iran qu’Israël ne peut pas atteindre grâce à nos armes de longue portée et il en va de même du reste du Moyen-Orient. » Benjamin Netanyahou avait appelé à un renforcement des sanctions internationales contre l’Iran « qui ne doit jamais se doter de l’arme nucléaire ». Mais le Premier ministre israélien est resté plus discret sur la possibilité pour son pays d’utiliser l’arme nucléaire, un sujet tabou en Israel qui a valu à un ministre d’extrème droite évoquant l’envoi d’ogives nucléaires sur Gaza une mise à l’écart immédiate.
Parfaitement informé sur ces terribles risques, le président américain Joe Biden avait immédiatement expliqué que des discussions sont en cours avec Israël sur la réponse à apporter aux frappes de missiles iraniens. Interrogé en marge du G7, Joe Biden s’est déclaré opposé à des frappes contre les installations nucléaires iraniennes. « La réponse est non », a-t-il dit à des journalistes. « Les Israéliens ont le droit de riposter, mais ils doivent répondre de manière proportionnée », a-t-il ajouté, sans allusion directe au programme nucléaire israélien.
L’obsession nucléaire de l’Iran
L’Iran est considéré comme un Etat du seuil, c’est-à-dire qu’il dispose de tous les éléments pour fabriquer dans un délai réduit une arme nucléaire. Téhéran dispose de suffisamment d’uranium enrichi pour se doter à court terme trois bombes atomiques.
La République islamique développe de longue date un programme nucléaire, justifié par la volonté du pays de maîtriser cette technologie à des fins civiles. Mais au début des années 2000, l’existence de sites nucléaires cachés est révélée, dont une installation d’enrichissement de l’uranium à Natanz. L’enrichissement de l’uranium naturel est une opération nécessaire pour pouvoir l’utiliser comme combustible dans un réacteur. L’opération réclame l’utilisation de centrifugeuses. Au fil du temps, l’Iran a multiplié l’installation de centrifugeuses pour réaliser cette opération, entre autres à Natanz.
« Le plafond d’enrichissement de l’uranium autorisé pour la production d’électricité est fixé à 3,67%, notent les journalistes de la RTBF. Pour élaborer une bombe atomique, le niveau d’enrichissement doit se rapprocher de 90%. Or d’après nos confrères de la RTBF (1), l’Iran n’en est plus très éloigné désormais. Selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, Téhéran disposait au mois d’août de 164,7 kg de matière enrichie à 60%, proche des 90% nécessaires pour l’arme atomique. Cela représente une quantité suffisante pour produire trois bombes.
Des responsables israéliens et américains cités par le site Axios craignent que les dirigeants iraniens ne profitent de la période de transition post-électorale aux États-Unis, à la charnière entre 2024 et 2025, pour accomplir une percée en vue de se doter d’une arme nucléaire. « Certains experts, poursuivent nos collègues belges, estiment que l’Iran pourrait réaliser prochainement un essai nucléaire souterrain ».
(1) »Israël-Iran : la menace nucléaire en toile de fond de l’affrontement », RTBF Actu (O2/10/2024)
L’attaque israélienne contre l’Iran, un désaveu pour Trump
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