Le rétablissement des relations diplomatique Arabie saoudite-Iran, signé le 10 mars 2023, a été présenté au public iranien comme « comme une victoire importante » de la faction au pouvoir.
- – Les « durs » remportent la victoire sur les « réformistes » : les « durs » incarnés par le président de la République, Ebrahim Raisi, sont présentés comme ayant remporté une victoire significative. L’accord est censé être béni par le Guide Suprême, l’ayatollah Khamenei lui-même. Les médias iraniens qui étaient le plus hostiles à l’Arabie Saoudite, y compris les médias pro-Gardiens de la révolution, affirment qu’il s’agit d’une leçon pour les « réformistes » dans l’art de la négociation – un domaine dans lequel les « conservateurs » ne passaient pas pour spécialement compétents.
- – Un succès en politique étrangère pour le gouvernement Raisi : Le ministère iranien des Affaires étrangères note dans son communiquéle 11 mars 2023, que l’accord est « un pas de plus vers la mise en œuvre d’une politique étrangère équilibrée, dynamique et efficace… dans le cadre de la politique de voisinage ». La « politique de voisinage » se heurtait aux sanctions imposées par les États-Unis et surtout suscitait la méfiance es voisins sunnites.
- – Un moyen de résoudre la crise économique : La chute de la monnaie iranienne a été enrayée. Sur les marchés libres, le dollar américain a baissé à environ 2 200 face au toman par rapport à la veille. L’Iran aspire à la coopération économique comme l’as souligné Mohammad Bagher Ghalibaf, président du Parlement. « L’accord est une étape importante vers la stabilité de la région et du Golfe et le développement politique et économique dans le cadre de la coopération régionale », a déclaré Ghalibaf sur Twitter le vendredi 10 mars. Un tweet similaire a été publié par le chef de cabinet adjoint aux affaires politiques. au président iranien Mohammad Jamshidi. « Les politiques de bon voisinage et fraternelles avec l’intégration eurasienne créent des avantages économiques et de sécurité sans intervention étrangère. » Les responsables iraniens considèrent l’accord comme un point de départ pour des ententes plus larges avec le reste des pays de la région.
- – Un revers pour l’influence et la stature des États-Unis dans le monde et au Moyen-Orient : le pouvoir iranien estime aujourd’hui que le rétablissement des relations entre l’Iran et l’Arabie Saoudite empêchera les pays du Golfe de se précipiter vers les accords d’Abraham. Le général de division Yahya Rahim Safavi a décrit l’accord, le 12 mars, comme « la fin de l’hégémonie américaine dans la région ». L’accord a également été présenté par les responsables iraniens comme une indication du déclin de l’influence régionale et mondiale de Washington.
Les « durs » iraniens ne se réjouissent-ils pas trop tôt ?
- L’accord est toujours à l’étude: l’accord est toujours à l’étude et nécessite d’importantes concessions, notamment de la part de l’Iran, notamment en ce qui concerne ses politiques régionales.
- L’apaisement limité des tensions internes : Le système politique iranien peut continuer de brader son pétrole à la Chine pour financer ses dépenses militaires, mais il fait face à une population jeune qui aspire au changement et dont les valeurs contredisent celles de la « République islamique ». Les ressources de l’Iran ont été mal gérées par le régime depuis 1979 et le pouvoir politique s’est isolé de sa population. Le peuple iranien risque d’être frustré une nouvelle fois lorsqu’il constatera que la cherté de la vie et l’absence de débouchés professionnels pour les jeunes demeurent des éléments structurels de la société iranienne. Ces crises ont des dimensions politiques trop profondes pour être résolues par l’accord.
- Limitation chinoise de l’Iran : La Chine empêchera l’Iran d’endommager ses intérêts et les Chinois ont des intérêts à préserver en Arabie Saoudite aussi. La Chine est aujourd’hui le principal financier de l’Iran et dispose d’un moyen de pression considérable sur Téhéran.
Pour conclure, il n’est pas sur que le nouvel environnement favorise la stratégie iranienne de domination sur le Moyen Orient. La Chine n’a pas non plus intérêt à ce que son champion iranien devienne trop puissant.