Depuis l’arrivée d’Ibrahim Traoré au pouvoir en septembre 2022, l’Etat de droit s’est désintégré à petit feu au Burkina. Après avoir cherché à faire taire toutes les voix discordantes en envoyant sur le front des médecins, des hommes politiques ou des responsables d’ONG, après avoir muselé les magistrats, le Président s’en prend désormais aux familles de ses opposants.
Djibrill Bassolé, ministre des Affaires étrangères sous l’ère de Blaise Compaoré, n’a plus de nouvelle de ses quatre enfants depuis une semaine. Le 13 septembre, après une perquisition musclée aux domiciles respectifs de ses trois fils et de sa fille, l’aîné des garçons a été arrêté et transféré vers un lieu de détention inconnu. Après avoir été hospitalisée suite à la violence des hommes en armes venus fouiller sa maison, la jeune femme a, elle aussi, été arrêtée et est gardée dans un endroit tenu secret. Quant aux deux autres, leur sort reste mystérieux.
Ces malheureux ont-ils été enlevés? Ont-ils réussi à prendre la poudre d’escampette ? Interrogé sur RFI, l’ancien patron de la diplomatie burkinabè a déclaré : « C’est contre ma personne. C’est pour m’atteindre, me déstabiliser, pour me faire mal. » et de rappeler « la liste de nos enfants, ne fait que rejoindre la longue liste des centaines de Burkinabè qui sont victimes d’exactions, de répressions et qui vivent un enfer, aujourd’hui. »
La séquestration des proches des opposants est une pratique nouvelle. Les enfants Bassolé ne sont pas les seuls à être victimes de ces agissements. La femme de l’ex député maire de Dori, Aziz Diallo, est portée disparue depuis le 9 septembre dernier. Enlevée, par les services de sécurité alors qu’elle quittait son travail, elle n’a plus donné signe de vie.
Maïga, l’âme damnée d’Ibrahim Traoré
Cette nouvelle manière d’agir est sans précédent. En Afrique une règle tacite veut que le pouvoir en place ne s’en prenne pas aux parents et aux enfants des opposants si ceux-ci n’interviennent pas dans le champ politique. Le franchissement de cette ligne rouge ne vient pas de nulle part.
Quelques jours avant ces séquestrations, Ibrahim Maïga un activiste burkinabè soutien inconditionnel d’Ibrahim Traoré appelait la junte à s’en prendre aux proches des opposants, dans une vidéo postée sur sa chaine Telegram. « Il faut forcer leurs familles à les pousser à entrer dans le rang. La chose que nous traversons est beaucoup plus importante que leurs misérables vies et que les misérables vies de toutes leurs familles réunies » a-t- déclamé. Quelques heures plus tard Ada Diallo était enlevée.
Beaucoup de Burkinabè considèrent Ibrahim Maiga, un activiste virulent basé aux Etats-Unis, comme le gourou d’Ibrahim Traoré, son véritable directeur de conscience. Il est pour le moins étrange que cet homme puisse à partir de son exil doré américain poster sur les réseaux sociaux de tels appels à la violence et à la haine sans réaction des autorités américaines. L’Etat de droit, les droits de l’homme, la justice autant de valeurs bafouées en toute impunité.
En plus de son échec face aux groupes djihadistes qui controlent la moitié du territoire, le Burkina Faso est devenu un Far West où Ibrahim Traoré et ses soutiens agissent sans plus aucune retenue.
Burkina Faso, des groupes islamistes terrorisent les civils