Guinée, Beny Steinmetz définitivement condamné pour corruption en Suisse 

  Le Tribunal fédéral, la plus haute instance judiciaire du pays, a condamné le « roi du diamant » à 3 ans de prison dont 18 mois ferme. Dans un communiqué, Beny Steinmetz, 69 ans, s’en prend à la « politisation du système judiciaire suisse », et surtout à la « campagne mondiale de diffamation » organisée contre lui par le lobbyiste milliardaire américain Georges Soros. 

Par Ian Hamel, à Genève

L’homme d’affaires est accusé d’avoir corrompu des dirigeants guinéens afin de s’accaparer des droits miniers dans la région de Simandou, en Guinée.

La Guinée, son fer, la corruption, les ex présidents Alpha Condé et Nicolas Sarkozy et surtout les deux milliardaires Beny Steinmetz et Georges Soros en guerre ouverte…Un tribunal helvète (1) aura été à partir de l’été 2022 le théâtre d’un formidable feuilleton sur l’industrie minière en Afrique et en l’espèce en Guinée. 

La question qui était posée, la voici: la Suisse va-t-elle, pour la première fois de son histoire, réussir à faire condamner en appel un milliardaire considéré en première instance  comme le patron d’un réseau de corruption internationale ? Daniel Kinzer, l’avocat du milliardaire franco-israélien, a déclaré dans le quotidien suisse « Le Temp »: que le premier jugement « rattache les faits à la Suisse de façon artificielle et dresse un portrait caricatural et faux de Beny Steinmetz, comme nous le montrerons en deuxième instance »

À priori, l’affaire paraît simple. En 2008, la société Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) obtient le droit d’exploiter les blocs 1 et 2 du gisement de fer de Simandou, en Guinée. Pour faciliter l’opération et d’après les accusations portées contre lui, Beny Steinmetz aurait distribué des pots-de-vin à Mamadie Touré, la quatrième épouse du président guinéen, le général Lansana Conté. L’argent aurait transité par des sociétés et des comptes en Suisse. Il s’agit, certes, d’une méthode classique pour faire du business en Afrique. Ce qui est moins courant, c’est qu’une guerre des bakchichs sans précédent empêche la mine de fer, encore aujourd’hui, d’être exploitée. Ce qui prive la population guinéenne de centaines d’emplois et de ressources fiscales considérables.

Trois ans de prison

Condamné en première instance à 5 ans de prison ferme et à 50 millions de francs (53 millions d’euros) d’amendes par la justice genevoise pour corruption d’agents publics étrangers, Beny Steinmetz, n’avait pas hésité à se déplacer en personne en 2023 à la cour d’appel sur les bords du lac Léman et à affronter les juges. Ces derniers s’étaient montrés plus cléments, en ne lui infligeant que 3 ans, dont 18 mois ferme. Le Tribunal fédéral, qui siège à Lausanne, vient de confirmer la sanction.  

Beny Steinmetz a toujours nié les faits. Pour continuer à défendre sa cause, il ne lui reste plus qu’à saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). De son côté, la justice suisse envisage-t-elle de lancer un mandat d’arrêt international contre le magnat des mines qui vit en Israël, après avoir été résident pendant de nombreuses années dans le canton de Genève ? Le milliardaire franco-israélien publie un communiqué en français et en anglais particulièrement virulent contre la justice helvétique parlant de « partialité procédurale » et de « motivation idéologique ». Il souligne que le Tribunal fédéral « a fermé les yeux et entériné des accusations erronées et motivées par l’idéologie ».

Le milliardaire Georges Soros en cause

L’homme d’affaires s’en prend tout particulièrement au lobbyiste Georges Soros, l’accusant d’avoir lancé contre lui « une campagne mondiale de diffamation, amplifiée par des ONG et des entités étatiques portées par un agenda politique ». La plupart de ces ONG seraient « financées et contrôlées par Georges Soros ». Ce dernier et son réseau international « ont tout entrepris, sans succès dans la plupart des cas, pour que Beny Steinmetz soit poursuivi pénalement et condamné pour des délits qu’il n’a pas commis », a-t-il affirmé dans un communiqué. Il assure que des « paiements corrupteurs [auraient été] versés à un témoin clé par l’intermédiaire d’un conseiller du réseau Soros ».

Pourquoi tant de haine ? En 2010 en Guinée, le nouveau président Alpha Condé, élu démocratiquement, est présenté en Occident comme un démocrate. Il est l’ami de Bernard Kouchner, de Tony Blair et de George Soros. Alpha Condé annonce un nouveau code minier et retire à Beny Steinmetz ses concessions sur les mines de fer de Simandou. En 2013, la Guinée adresse une commission rogatoire internationale à la Suisse visant Beny Steinmetz, alors résident à Genève avec sa famille. L’homme d’affaires franco-israélien soupçonne Georges Soros d’être à l’origine de ses malheurs. Quant à Alpha Condé, renversé par l’armée en 2021, il n’a pas laissé dans son pays le souvenir d’un parfait démocrate.