À Abidjan, un arrêté pris le 22 août 2024 par le ministère de l’économie et des finances gèle les avoirs de 29 personnes dont un homme d’affaires malien du nom de Guindo Adou, résidant en Côte d’Ivoire, pour financement présumé de cellules terroristes. Mais des inconnus comme des sous-officiers de l’armée ivoirienne font également partie de la liste.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
La Côte d’Ivoire, qui n’a pas subi d’attaques djihadistes depuis 2021, cherche à contenir à sa frontière nord la contagion de la menace des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique au Sahel. Le pays accueille un afflux constant de réfugiés burkinabés fuyant les attaques dans leur pays. Ils seraient aujourd’hui plus de 59 000, principalement des femmes et des enfants, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies.
Le 22 août dernier, un arrêté du ministre de l’économie et des finances a dressé une liste de 29 personnes soupçonnées de financer le terrorisme en Côte d’Ivoire. Parmi elles, un certain Pegnanchière Yeo, ivoirien, sergent-chef des eaux et forêts à Dabakala, dans la région de la Vallée du Bandama (centre nord). Il a été inculpé pour « actes terroristes », recrutement, organisation, financement et préparation d’actes de terrorisme et « détention illégale d’armes et de munitions de guerre de première catégorie ».
L’autre, Timon Pale, garde pénitentiaire à la prison civile de Daloa, est également poursuivi pour les mêmes motifs, ainsi que le Gambien, Faal Mouctarr Sidat, alias « Daddy Fall », ancien militaire et président de la fondation Africa Rise Again. Tous tombent sous le coup d’un décret qui « interdit à toute personne morale ou physique se trouvant sur le territoire ivoirien de mettre à disposition des intéressés des biens, fonds et autres ressources financières ».
Cet arrêté du ministre de l’économie et des finances a pris effet le même jour pour une période de six mois renouvelables, selon un document fourni au journal Le Monde par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Les 29 personnes accusées sont tous des hommes, âgés de 24 à 61 ans, et ils résident pour la plupart en Côte d’Ivoire.
Des éleveurs et des Imams
Au total, cette liste comprend sept Ivoiriens, quinze Burkinabés, cinq Maliens, un Gambien et un Mauritanien. Le plus connu est le riche homme d’affaires Adou Guindo, influent commerçant malien résidant dans le quartier de la Riviera Palmeraie. Mais à part lui, les autres sont commerçants, convoyeurs de car, parfois conducteurs de tricycle, éleveurs, vendeurs de bétail, ou même imams et des marabouts…
Avant cette annonce, une dizaine de jihadistes présumés avaient été interpellés par des militaires ivoiriens dans la zone frontalière du Burkina Faso, à Doropo et à Téhini, dans la zone de Kafolo, avant d’être transférés Abidjan.
Même si elle n’a plus subi d’attaques djihadistes depuis 2021, la Côte d’Ivoire cherche en revanche à contenir à sa frontière nord la menace des groupes terroristes qui écument le Sahel. Ces dernières années, les activités desdits groupes terroristes ont provoqué un afflux de 59.000 réfugiés burkinabè, essentiellement des femmes et des enfants, assure le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies.