L’année 2023 a été le théâtre de violents séismes en Turquie, au Maroc et en Afghanistan, de même que d’inondations catastrophiques. Ces cataclysmes, qui ont fait, à chaque fois, plus de deux mille morts – comme si ce chiffre devait servir de monnaie de compte à la souffrance – sont le fait de Dieu, et c’est la raison pour laquelle on n’en parle déjà plus.
Un billet de notre chroniqueur XENO
On se souviendra beaucoup plus longtemps, en revanche, de drames survenus coup sur coup dans l’enclave du Donbass, dans l’enclave du Haut-Karabakh et dans l’enclave de Gaza, parce qu’ils sont dus à la main de l’homme. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République Islamique d’Iran, Nasser Kanani, a eu beau jeu de souligner que le déclenchement coordonné des violences en Palestine a ouvert « une nouvelle page dans l’histoire de la résistance ».
Les racines de ces mouvements de « résistance » sont historiques, complexes, voire ambivalentes. L’Histoire est tragique.
Plaques tectoniques
L’Arménie est chrétienne depuis le IIIème siècle et les Turcs détestent les Arméniens, qui, à leur tour n’aiment pas les Juifs et réciproquement. Les relations entre les Juifs et les Musulmans ont commencé au VIIème siècle dès la naissance et l’expansion de l’Islam dans la péninsule arabique.
Les catholiques et les orthodoxes se disputent l’Ukraine depuis que la Russie est russe.
La Palestine est restée œcuménique mais arabe pendant deux mille ans, c’est-à-dire à partir de la chute de Massada – la première guerre juive, le 2 mai 73 – jusqu’au 14 mai 1948, date de la création d’un État.
Et, pour comprendre l’Iran, rappelons que l’Azerbaïdjan faisait partie de l’empire perse avant d’être dé-soviétisé et que le papa de son président-régnant (de père en fils) était, en son temps, général du K.G.B.
Pourtant, le président Volodymyr Zelenski et le Premier ministre Benjamin Netanyahou – petit-fils d’un rabbin émigré de Lithuanie en Palestine mandataire – n’ignorent rien de tout ça, ni même que la prochaine réunion biennale de la Conférence des rabbins européens doit avoir lieu à Bakou, du 12 au 15 novembre 2023, à l’invitation du président Ilham Aliyev – lui-même kurde et réputé préférer les Juifs aux Arabes. Et pourtant ! Pourtant, ils s’acharnent tous les trois de plus belle, sous des dehors de victimes !
Ni eau, ni électricité
C’est parce que les trois se sentent menacés et parce que tous les trois ont été effectivement attaqués. Mais ce que l’on omet soigneusement de dire est que tous les trois n’ont jamais cessé de provoquer leur adversaire. Comme c’est bizarre, curieux, étrange, quelle coïncidence ! dirait Mr. Martin (dans « La Cantatrice Chauve » de Eugène Ionesco) Eh bien, alors, Madame, nous habitons dans la même chambre et si nous dormons dans le même lit, chère Madame. C’est peut-être là que nous nous sommes rencontrés.
J’ose ce rapprochement par lequel j’adresse en réalité une supplique aux dirigeants israéliens : « Voyez ce qui se passe au Donbass ! Lisez sur le visage des 100.000 personnes arméniennes conduites à l’exode, demain condamnées à l’errance ». Je viens d’entendre le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, annoncer l’imposition à la bande de Gaza d’un siège complet : pas d’eau, pas d’électricité, pas de gaz. C’est de la torture ! Un acte de vengeance monté du fond des âges. Souviens-toi de Massada ! Pis ! J’ai entendu : « Nous combattons des animaux… ».
Terroriste et résistant
Pour en avoir le cœur net, avec une mesure étale des grandeurs et des servitudes humaines, je demande aux lecteurs de Mondafrique de faire deux démarches indépendantes, mais aussi salutaires l’une que l’autre, celle d’aller voir le film « Le Procès Goldman » de Cédric Kahn, afin de tempérer leur jugement (par anticipation : Israël n’étant pas coupable de tout) et celle de se déplacer à Champigny-sur-Marne, pour y visiter le Musée National de la Résistance, qui œuvre à la transmission de la mémoire et des valeurs de la Résistance française pendant la deuxième guerre mondiale (l’occupant allemand n’y voyait alors que du terrorisme).
Et pour que l’on distingue le héros du salaud : il y en a toujours des deux côtés
Le président français Emmanuel Macron a estimé lors du sommet de la Communauté politique européenne de Grenade que « le temps n’était pas aux sanctions » contre l’Azerbaïdjan. Mais pourquoi « le temps n’y est-il pas » ? Et Madame Colonna, sa ministre des affaires étranges (en Afrique et ailleurs), a fait plus fort encore en proposant des armes à l’Arménie (pour hier ?). Comprends pas !!
Dans le conflit israélo-palestinien, la France se tient du côté du Droit International – au milieu du magma – au lieu d’appeler un chat un chat.
Je récuse le droit de madame Hidalgo d’accrocher une étoile sur la Tour Eiffel : ce monument est sans conscience – et pourquoi pas la Croix et le Croissant !
Il manque la voix de Malraux sous la coupole du Panthéon. Il manque à notre président la voix de De Gaulle.