Brice Clotaire Oligui Nguema ne cache plus sa volonté de rester à la tête du Gabon au-delà de la période de transition. Mondafrique s’intéresse à la stratégie du tombeur d’Ali Bongo.
« On sait quand un pouvoir commence, on ne sait pas quand il finit », a déclaré Brice Oligui Nguema lors d’une rencontre avec ses compatriotes en région parisienne, le samedi 1er juin 2024, en annonçant en termes à peine voilés sa volonté de rester à la tête du Gabon pendant « 7 ou 14 ans » si ce n’est plus. Depuis, l’ambition de rester au pouvoir du général, qui est toujours patron de la Garde Républicaine du Gabon – ce corps d’élite fort de 3 000 hommes qui fait et défait les présidents au Gabon – se concrétise.
Clientélisme toujours
Pour garder le pouvoir, Brice Oligui Nguema utilise la méthode qu’il a sans doute apprise d’Omar Bongo, cet homme qu’il a bien connu et servi : le clientélisme. Partout où il va, Brice Oligui Nguema tente de donner l’image d’un homme généreux en distribuant de l’argent (souvent mal redistribué) aux populations venues l’écouter. En France, par exemple, il était prévu que chaque Gabonais qui s’était rendu à son meeting du 1er juin 2024 perçoive 200 euros (130 000 francs CFA), mais cette somme a dû être revue à la baisse et un billet de 200 euros a été remis à des binômes de Gabonais qui, pour certains, ne se connaissaient même pas !
Outre ses dons de 7 milliards de francs CFA (soit un peu plus de 10,7 millions d’euros) par province visitée, Brice Oligui Nguema a chargé les natifs desdites provinces membres de son régime de relayer sa politique clientéliste, ce qu’ils font avec une inefficacité qui a pourtant déjà été décriée par un certain Omar Bongo à la fin de sa vie.
Élections anticipées
Selon nos confrères d’Africa Intelligence et nos sources au sein du pouvoir gabonais, Brice Oligui Nguema souhaite avancer la date de l’élection présidentielle au Gabon, jusque-là prévue pour fin août 2025. Cette idée d’organiser les élections en avril 2025 répond à une volonté de prendre de court l’opposition politique, qui est en train de se reconstituer. S’il avait annoncé dès sa prise de pouvoir qu’il rendrait le pouvoir aux civils – sans toutefois préciser qu’il deviendrait un civil lui-même – Brice Oligui Nguema avait veillé (avec maladresse, il faut bien le dire) à ce que la Charte de la transition, qui remplaçait la constitution dissoute, écarte tous les membres de son gouvernement de transition sauf le Président de la transition, c’est à dire Brice Oligui Nguema lui-même.
Ayant la main sur l’organisation des élections via son ministre de l’Intérieur, Brice Oligui Nguema est certain qu’il sera proclamé vainqueur, même s’il ne l’est pas dans les urnes, car aucun observateur averti de la politique gabonaise ne pense sérieusement que Brice Oligui Nguema puisse remporter à la régulière une élection présidentielle au Gabon.
Sa volonté de faire revivre les méthodes de gouvernance d’Omar Bongo (et de réhabiliter des personnalités de l’ancien régime telles que l’ancienne présidente de la Cour Constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo) passe mal auprès de nombreux Gabonais. D’autant plus qu’ Omar Bongo n’a jamais remporté dans les urnes le moindre scrutin présidentiel au Gabon.
Soutien indéfectible de l’armée
L’armée gabonaise est sans conteste le plus fervent soutien de Brice Oligui Nguema et le plus précieux aussi. Grâce à Brice Oligui Nguema, les militaires gabonais ont découvert les « ors de la République », comme on dit en France, notamment les portefeuilles ministériels avec leur cortège d’avantages et d’honneurs. Les moins gradés bénéficient également de plusieurs avantages tels qu’une prime spéciale et diverses mesures sociales pour améliorer leurs conditions de vie et de travail.
Brice Oligui Nguema sait qu’il peut compter sur son armée, notamment sur la Garde Républicaine dont il est toujours le commandant en chef et dont le commandant par intérim le général Antoine Bélikidra, a « renouvelé l’attachement indéfectible » début janvier 2024 de la Garde Républicaine du Gabon qui « meurt mais ne se rend pas » et dont l’un des chants composés par Brice Oligui Nguema lui même est un chant d’allégeance au « patron » (donc à Brice Oligui Nguema ) dans lequel les « Gardes républicains » jurent de le défendre « jusqu’au bout du sacrifice suprême »…
Au Gabon, la démocratie – la vraie – n’est vraiment pas pour demain.
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