La Turquie a fini par retirer son véto tard dans la nuit du 10 juillet. Désormais, plus aucun obstacle n’empêche la Suède de devenir officiellement membre à part entière de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). La cérémonie officielle d’adhésion doit avoir lieu à Vilnius, le mardi 11 juillet, en Lituanie.
Grâce à la Suède, l’OTAN gagnera plus de mille kilomètres de territoire à cheval sur la mer Baltique, modifiant l’équilibre des forces en Europe du Nord et créant un point d’étranglement potentiel pour les navires de guerre et les avions russes dans la région.
L’adhésion européenne en jeu
Recep Tayyip Erdogan avait failli pourtant gâcher la fête. Le 10 juillet au matin, Le président turc a déclaré qu’il ne donnerait pas son feu vert à l’adhésion de la Suède à l’Otan. Comme tous les membres de l’Otan, la Turquie a droit de véto sur les nouveaux adhérents. Le président turc a ajouté qu’il ne reviendrait sur sa décision que si l’Union européenne relançait le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Un processus gelé depuis la tentative de coup d’Etat ratée de 2016.
Cette exigence de M. Erdogan a été formulée à la veille d’un sommet annuel de deux jours où les dirigeants de l’OTAN, dont le président Biden, avaient espéré obtenir l’approbation unanime des États membres pour permettre à la Suède de devenir le 32e membre de l’OTAN. « Ouvrez la voie à la Turquie dans l’Union européenne, puis nous ouvrirons la voie à la Suède dans l’OTAN, comme nous l’avons fait pour la Finlande », a déclaré M. Erdogan aux journalistes avant de se rendre au sommet de l’OTAN.
Les dirigeants de l’Union européenne n’ont pas répondu. La Turquie aviat demandé à rejoindre l’Union européenne en 1987, mais aucun progrès du processus d’adhésion n’a été enregistré depuis 2016, lorsque le Parlement européen a voté la suspension des pourparlers d’adhésion tout en critiquant une vaste répression du gouvernement turc contre les opposants politiques après le coup d’État manqué d’une confrérie islamiste très influente qui avait infiltré les rouages de l’État et de l’armée en Turquie
. Succès diplomatiques pour Erdogan.
Néanmoins, Erdogan à obtenu la promesse que les Etats Unis vendraient prochainement à la Turquie pour 20 milliards de dollars d’avions de combat F-16.
Par des menaces d’obstruction, Erdogan a étendu son influence et celle de la Turquie au sein de l’OTAN. Le président turc a obligé les Etats Unis à lui vendre des avions et il a obligé la Suède a modifier sa constitution, réviser ses lois antiterroristes, supprimer les restrictions sur les ventes d’armes à la Turquie et extrader des suspects du PKK, le parti kurde terroriste, vers la Turquie. Le tout conformément à un accord signé avec Erdogan lors du sommet de l’OTAN de l’année dernière à Madrid.